Couvre-feu généralisé: oui, c’est une première au Québec
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À partir de samedi soir, entre 20 h et 5 h, les Québécois seront collectivement confinés à domicile, pour la première fois de leur histoire.
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Le Journal a consulté plusieurs historiens pour faire le point sur l’épineuse question du couvre-feu.
Il en ressort qu’il s’agit d’une mesure inédite, qui n’a jamais été utilisée à l’échelle de tout le Québec, pas même lors des grandes crises et des deux guerres mondiales.
« À ma connaissance, il n’y a eu aucun couvre-feu généralisé pour l’ensemble du Québec » dans l’histoire, a soutenu Donald Fyson, professeur titulaire au département des sciences historiques de l’Université Laval.
Un avis partagé par les historiens Jean-Marie Lebel et Gilles Gallichan. Ce dernier est retraité de l’Assemblée nationale. « De façon nationale, généralisée, il semble bien que depuis 200 ans, il n’y ait pas eu de cas » de couvre-feu, indique M. Gallichan.
Jamais non plus un couvre-feu n’a été imposé pour lutter contre un virus.
« C’est une première dans l’histoire du Québec d’imposer un couvre-feu lié à une pandémie », a affirmé l’historien de la médecine et professeur associé à la faculté de médecine de l’Université de Montréal Denis Goulet. « Je suis catégorique là-dessus. »
Certes, des mesures sanitaires ont été imposées lors des épidémies de grippe espagnole, en 1918, et de grippe asiatique, en 1957. Mais pas de couvre-feu ni d’imposition d’amendes ou de surveillance policière.
Grippe espagnole
Lors de l’épisode de la grippe espagnole, très meurtrière, les autorités n’ont pas eu le temps d’imposer une telle mesure, car sa virulence a été très courte dans le temps, note M. Goulet.
Lors des deux Grandes Guerres, des couvre-feux localisés et ponctuels ont été mis en place. Comme lors de l’émeute de la basse-ville de Québec, en 1918, rappelle l’historien Réjean Lemoine.
Ou pendant les exercices sporadiques durant lesquels les citoyens des villes devaient éteindre les lumières, par crainte de la menace allemande, au début des années 1940, souligne M. Gallichan.
Lors de la crise d’Octobre, en 1970, la Loi des mesures de guerre contenait une clause générale qui permettait à Ottawa d’adopter des mesures pour la sécurité en temps de guerre ou d’insurrection, mais le couvre-feu n’a pas été décrété.
Et, même après la Conquête, en 1759, les Britanniques ont obligé les citoyens de Québec à rentrer chez eux le soir, révèle Gilles Gallichan.
Mais, dans tous ces cas, les mesures ne s’appliquaient pas à l’ensemble de la population du Québec.
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