Décès d’Antoine Gros-Louis: Wendake perd un pionnier
Le «roi de la raquette» est décédé subitement à l’âge de 85 ans
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La nation huronne-wendate perd un pionnier de son développement économique avec le décès d’Antoine Gros-Louis, cofondateur de l’un des plus importants fabricants de raquettes en Amérique du Nord.
M. Gros-Louis, dont le nom traditionnel, Tomayuwane, signifie le raquetteur, est décédé subitement à 85 ans, le 23 janvier, dernier au CHUL, à Québec, de complications liées à un examen.
En 1959, il a fondé Raquettes Gros-Louis avant de s’associer à Maurice Vincent, en 1982, dans ce qui allait devenir Raquettes GV, un joueur majeur dans l’industrie. M. Vincent est devenu l’unique propriétaire l’année suivante.
Pour fournir à la demande, M. Gros-Louis, qui a souvent été présenté comme «le roi de la raquette», a déjà eu jusqu’à une centaine d’employés sous son aile.
«Il a été ambassadeur de notre fierté de fabricants de raquettes. Il a parcouru l’Europe dans les années 1970, aux côtés du grand chef Max Gros-Louis, pour représenter les industries de chez nous», souligne son fils, Steeve Gros-Louis, qui est propriétaire des restaurants Sagamité.
Le roi de la raquette
À une certaine époque, on comptait cinq grands fabricants de raquettes au cœur de Wendake, dont M. Gros-Louis.
«Ils ont fermé les uns après les autres. Le seul qui a résisté à toutes les tempêtes, c’est mon père», ajoute Steeve.
«Il a fait travailler beaucoup beaucoup de monde», se souviennent ses filles, Mireille et Line-Marie.
Pour soutenir la croissance, M. Gros-Louis a dû déménager à plusieurs reprises son usine de fabrication. Les enfants ont même été élevés au-dessus d’un atelier. Leur terrain de jeu était la cour à bois.
«Tout était tressé à la main. Un excellent tresseur pouvait lacer 35 paires de raquettes en une seule journée. On appelait ça des machines!» se remémore son autre fils, Daniel.
Au cours de sa vie, M. Gros-Louis a même fait la une du magazine Reader’s Digest avec son père qui lui a appris les rudiments du métier. C’était un homme profondément attaché aux traditions huronnes-wendates, affirment ses proches.
«Son église, c’était la forêt et les arbres, sa bible», ajoute Steeve, la gorge nouée par l’émotion.
Trois emplois en même temps
Travailleur infatigable, il a occupé jusqu’à trois emplois en même temps. Il a notamment été le premier policier de Wendake. «Pour lui, travailler 70 heures par semaine, c’était naturel», dit Steeve.
«Il avait très hâte que je rouvre le Sagamité. Encore mercredi passé, il est venu au chantier voir l’évolution, ainsi qu’à la boutique de raquettes où nous effectuons aussi quelques travaux», a ajouté ce dernier.
Avant l’incendie du 2 décembre 2018, M. Gros-Louis était souvent au restaurant Sagamité, où il accueillait les clients.
La famille est en train de finaliser les détails de la cérémonie qui sera célébrée pour lui rendre hommage.
Il partageait sa vie depuis 62 ans avec son épouse, Denise Bérard-Gros-Louis.