Tests de dépistage rapide: déploiement prudent au Québec
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Québec n'a pas l'intention d'utiliser les deux millions de tests rapides Panbio que le fédéral lui fournira et les refilera principalement aux entreprises qui en feront la demande. Les tests ID Now, jugés plus efficaces, seront quant à eux déployés pour dépister des jeunes symptomatiques.
Contrairement à l’Ontario, qui a récemment commandé neuf millions de tests antigéniques rapides Panbio de la compagnie Abbott Canada, le Québec hésite à utiliser ceux envoyés par le gouvernement Trudeau.
En fait, le réseau de la santé répond désormais amplement à la demande pour le dépistage traditionnel, a fait valoir la sous-ministre adjointe Marie-Ève Bédard, lors d’un breffage technique lundi. Désormais, 83% des personnes testées reçoivent un résultat en moins de 24 heures.
«Si on se compare, par exemple, à nos voisins de l’Ontario, dans les grands centres, ils sont en mesures seulement 40% du temps de donner un résultat en moins de 24 heures», fait-elle valoir. La province voisine a donc choisi de venir «compenser un manque de détection», ajoute Mme Bédard.
De plus, les tests rapides sont jugés peu efficaces: une personne infectée sur trois ne sera pas détectée, a expliqué la médecin spécialiste en santé publique et en médecine préventive du ministère de la Santé, la Dre Isabelle Goupil-Sormany. Pire, ils nécessitent beaucoup de ressources et offrent un faux sentiment de sécurité, jugent les experts du gouvernement.
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Des entreprises intéressées
Malgré les réticences de Québec, de grandes entreprises se sont montrées intéressées par l'utilisation de ces outils pour tenter de contenir la propagation de la COVID-19 chez leurs employés.
Air Canada procédera ainsi à un dépistage récurrent deux fois par semaine. Le fédéral chapeautera le protocole, mais c’est le Québec qui fournira le matériel. De son côté, Rio Tinto Alcan y aura recours en cas d’éclosions dans ses murs.
Québec pourrait également fournir le matériel à d’autres entreprises où quelques employés démontrent les premiers symptômes de la COVID-19, afin de déterminer si une éclosion est en cours.
Malgré tout, la Dre Goupil-Sormany n’a pas caché son scepticisme face à ces solutions, qui font l’objet d’un lobby, selon elle. «Il y a vraiment beaucoup d’argent à faire avec les tests», souligne la scientifique.
Tester les jeunes
La situation est tout autre avec les quelque 200 000 tests ID Now reçus d’Ottawa. «C’est une très bonne machine qui ne donne pas de faux positif et très peu de faux négatifs», fait valoir la Dre Goupil-Sormany.
À compter de la fin mars, ces appareils serviront donc à tester 8000 personnes symptomatiques par jour dans les centres de dépistage, surtout pour détecter le virus chez les écoliers. Pour le moment, Québec attend toujours de recevoir les «réactifs» nécessaires pour faire fonctionner ces appareils. «Ça nous permettra d’intervenir avec beaucoup plus d’agilité, rapidement au sein de la classe», explique Marie-Ève Bédard.