Coincée à l’étranger alors que son père est mourant
Les obstacles s’accumulent depuis des semaines pour l’empêcher de rentrer
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Le processus interminable de retour au pays et la quarantaine obligatoire de deux semaines à son arrivée pourraient bien empêcher une Québécoise qui habite en Australie d’assister aux derniers moments de son père mourant.
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En décembre dernier, un peu plus de deux ans après avoir su qu’il souffrait de trois cancers simultanés, Patrice Giguère, 50 ans, a appris que sa maladie avait trop progressé et qu’il n’y avait plus de traitement possible.
Si on lui donnait alors de trois à six mois à vivre, cette longévité a été réduite à «quelques semaines» lorsqu’on a constaté que ses tumeurs avaient doublé de volume en février. Ses cinq filles ont donc voulu l’accompagner dans ses derniers moments, à tour de rôle.
«C’est vraiment important pour mon père qu’on passe du temps ensemble le plus longtemps possible. On a séparé nos visites avec un horaire très précis pour éviter de se côtoyer [entre sœurs] à la maison [à Shawinigan]», explique Sabrina Paquette, l’une de ses filles, qui demeure à Québec.
Un processus pénible
Le hic, c’est que sa sœur Audrey, qui habite à Tuncurry, en Australie, est incapable de rentrer au Canada. L’État australien interdit strictement à tout résident de voyager à l’étranger et les exemptions sont difficiles à obtenir.
Le fait qu’elle doive absolument emmener son fils de deux mois et demi avec elle parce qu’elle l’allaite rend d’ailleurs les choses plus compliquées puisqu’il n’a que la citoyenneté australienne.
«On a commencé les démarches en décembre, en parlant avec les ambassades canadienne et australienne. Au début, elles ne voulaient rien savoir de notre demande», indique sa sœur Sabrina.
«Il a fallu qu’on sorte les papiers du médecin confirmant le diagnostic de mon père pour que les autorités australiennes [nous prennent au sérieux]», poursuit-elle.
«Le temps est compté»
Et plus les démarches s’étirent dans le temps, plus les obstacles s’accumulent. La quarantaine obligatoire à l’hôtel – et le 2000 $ – à compter du 22 février, à l’arrivée en sol canadien, en fait notamment partie.
Ces deux semaines supplémentaires, M. Giguère pourrait bien ne pas passer au travers.
«Je comprends que la pandémie prend une ampleur immense, et c’est normal, mais dans notre cas, le temps est compté. Ça joue contre nous et on a l’impression qu’on nous ajoute des restrictions à chaque fois qu’on progresse un peu...», souffle Mme Paquette, étouffant un sanglot.
♦ Une campagne de financement Go Fund Me qui a été lancée vendredi pour permettre de payer ce processus coûteux a déjà dépassé l’objectif de 10 000 $. Les surplus iront à la Société canadienne du cancer.