Quand les fraudeurs s’attaquent à une personne autiste pour la PCU
Un cauchemar pour une mère et trois de ses enfants, victimes de vol d’identité
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Une famille de Boucherville, dont l’un des enfants est atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, dit vivre un « cauchemar éveillé » depuis neuf mois, alors qu’un ou des fraudeurs ont dérobé leur identité et multiplié les demandes de Prestation canadienne d’urgence (PCU).
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Catherine Kozminski-Martin et ses enfants, Maëlle (18 ans), Maude (17 ans) et Mathieu (15 ans), tentent de mettre fin à ce calvaire depuis le printemps.
La mère de famille a eu des échanges, ces derniers mois, avec des institutions financières, des organismes gouvernementaux, des avocats, des policiers, les agences de surveillance du crédit Equifax et TransUnion et même, possiblement, avec l’un des fraudeurs à l’origine de ses problèmes.
Mme Kozminski affirme avoir notamment passé « huit heures par jour » au mois de juillet à tenter de régler cette situation. Lundi matin, elle avait encore des discussions avec des enquêteurs chez Service Canada.
« Cela a commencé lorsque ma deuxième fille a reçu une lettre par la poste avec un NIP pour accéder à son compte en ligne chez Service Canada pour recevoir la PCU. Par la suite, elle a reçu des chèques », relate-t-elle.
Après des recherches, quatre des cinq membres de la famille avaient subi un vol d’identité. Mme Kozminski chiffre à 12 000 $ les montants de PCU réclamés à son nom et de 1000 $ à 2000 $ au nom de chacun de ses enfants.
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Les fraudeurs ont également activé des cartes de crédit notamment chez Capital One et Canadian Tire, activé un compte cellulaire, réalisé plusieurs demandes de crédit et ouvert une douzaine de comptes bancaires.
« C’est comme une course contre la montre pour être capable de fermer rapidement les comptes », lance Mme Kozminski.
Des renseignements dans leurs dossiers ont aussi été modifiés, comme le courriel, le numéro de téléphone, l’adresse au domicile ainsi que leur profession. Pour chaque modification ou fermeture de comptes, les membres de la famille ont dû prouver qu’ils n’étaient pas les fraudeurs.
« Lorsqu’on dit les 12 travaux d’Astérix, je suis passée huit à dix fois par ces 12 travaux, illustre la professeure au collégial. Nous avons eu des fraudes chez Service Canada et à l’Agence du revenu du Canada. Ces deux services ne se parlent pas », déplore celle qui surveille sa cote de crédit chaque jour.
Complications additionnelles
Parmi les victimes, on retrouve Maëlle, qui est autiste. Un compte bancaire a été ouvert à son nom et l’adresse de son domicile et sa profession – elle était maintenant employée chez Apple – ont été modifiées dans ses dossiers.
Pour compliquer encore plus les choses, Maëlle a eu 18 ans le 24 juillet. Mme Kozminski indique que selon Ottawa, elle devenait alors responsable de ses dossiers.
« Du jour au lendemain, je ne pouvais plus gérer ses affaires. Elle devait le faire, déplore la mère. C’est aberrant, les gens vulnérables ne sont pas capables de se défendre », souligne-t-elle.
« À bout de nerfs », Mme Kozminski a communiqué, durant ses démarches, avec le nouveau numéro de téléphone inscrit dans ses renseignements chez Equifax. C’est avec un homme francophone que le bref échange s’est déroulé.
« J’ai demandé à parler à Catherine Kozminski, dit-elle. On m’a souligné qu’elle n’était pas présente. La personne a voulu prendre le message. [...] Cela m’a donné froid dans le dos. Elle était très calme », poursuit-elle.
Cette dernière refuse de jeter la pierre aux institutions financières pour ces vols d’identité, elle note que plusieurs fuites de données sensibles sont survenues dans différentes organisations ces dernières années.
Elle s’inquiète toutefois des sommes qui seront perdues par Ottawa vu la multiplication des fraudes, notamment concernant la PCU.
–Avec la collaboration de Pierre-Olivier Zappa