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Tramway: le maire lève le voile sur les négos

Labeaume révèle plusieurs détails de ses échanges avec le gouvernement Legault au sujet du tramway

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Visiblement amer de la tournure de ses pourparlers avec le gouvernement du Québec sur le projet de tramway et des déclarations publiques de François Legault à son endroit, le maire Régis Labeaume a riposté en vidant son sac, lundi. Soucieux de « rétablir les faits », il a senti le besoin de briser la confidentialité de ses échanges avec l’État québécois en rendant publics moult détails. Voici d’autres faits saillants à retenir de son long point de presse, qui a duré plus d’une heure trente, ainsi que des réactions. 

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Une proposition de la CAQ entraînait « deux ans de retard »  

La plus récente proposition de la CAQ, rejetée par la Ville, aurait entraîné un retard de deux ans, affirme le maire Régis Labeaume, même si le tracé actuel du tramway aurait été amputé de 50 % au profit d’une nouvelle antenne vers D’Estimauville.

  • Écoutez la chroniqueuse Karine Gagnon avec Antoine Robitaille sur QUB Radio:

« Les gens pensent qu’on peut couper ici, rajouter là et qu’on peut dessiner ça comme ça. Ça ne marche pas comme ça [...] Ça va coûter plus cher, il va falloir recommencer les études environnementales, il va falloir que le bureau travaille très fort et recommence son travail puis visiblement, on a des grosses chances de perdre nos consortiums », a-t-il exprimé.

« Un projet qui est à 50 % de sa taille actuelle, pour moi, c’est un nouveau projet », a renchéri le directeur du bureau de projet, Daniel Genest, insistant sur la mission « impossible » de dénicher un terrain adéquat pour un centre d’entretien (équivalent à six terrains de football) si le tramway ne se rend plus à Le Gendre.

« C’est des efforts de conception importants pour s’ajuster [...] Quand vous mettez tout ça ensemble, on parle au bas mot d’un délai de 24 mois. »  

  • Écoutez la chronique politique de Marc-André Leclerc au micro de Caroline St-Hilaire sur QUB radio:  

Aucune information n’a filtré sur le 3e lien depuis huit mois  

L’arrimage du projet de tramway au projet de 3e lien, jugé essentiel par le gouvernement Legault, n’a fait l’objet d’aucune discussion sérieuse depuis le 15 juin 2020, a révélé Régis Labeaume lundi.

« Concrètement, nous n’avons eu aucune discussion sur le fond, tant au bureau de projet que nous, à la Ville, et moi personnellement, depuis huit mois », a-t-il déclaré.

À ses côtés, le directeur du bureau de projet du réseau structurant, Daniel Genest, a corroboré ses dires. Plusieurs rencontres avaient eu lieu précédemment entre la Ville et le ministère des Transports du Québec, entre mars et juin 2020, a-t-il dit. Après, plus rien.

« On ne peut pas accepter qu’on nous dise qu’on ne travaille pas pour connecter sur le 3e lien alors qu’on n’en a pas entendu [parler] depuis huit mois », a renchéri M. Labeaume.

« Nous ne savons pas où en est rendu le projet de 3e lien. Les discussions qui ont eu lieu jusqu’à date étaient toujours sur une connexion à la Haute-Ville et une connexion avec le pôle Saint-Roch. Quant aux voies routières, on parlait d’une connexion sur Laurentienne. On n’en sait pas plus. » 

Aucune mise à pied prévue au bureau de projet  

Même si le gouvernement Legault a repris le contrôle du programme et travaille en silo sur la conception de son propre projet de transport collectif, les 104 personnes qui travaillent à temps plein au bureau de projet de la Ville de Québec demeureront toutes en poste.

Aucune mise à pied n’est envisagée, à ce stade-ci, ont confirmé le maire Régis Labeaume et le directeur du bureau de projet du réseau structurant, Daniel Genest.

La Ville de Québec, rappelle M. Labeaume, a déjà reçu plus de 600 M$ du gouvernement pour les travaux préparatoires et les acquisitions de terrains qui se poursuivront, même si le futur tracé est inconnu.

« Il n’y a absolument personne, dans les 104 personnes au bureau de projet, qui est assis à ne rien faire présentement. C’est tout le contraire », a insisté M. Genest.

« Le bureau de projet continue son travail. On est présentement à terminer la rédaction technique et commerciale pour l’appel de propositions. On souhaite compléter d’ici la mi-mars. S’il y a des changements qui s’imposent par les discussions et ententes entre la Ville et le gouvernement, ça va générer du nouveau travail de conception et de rédaction », a-t-il ajouté. 

« Des bonnes nouvelles », promet Bonnardel  

Le maire de Québec, Régis Labeaume, ne semblait pas convaincu que le ministre des Transports lui arriverait bientôt avec « des bonnes nouvelles » dans le dossier du tramway. 

C’est pourtant ce que François Bonnardel a promis, lundi midi, lors d’une rencontre organisée par l’organisme Trajectoire Québec.

« On parle d’une autre proposition. Ça doit être ça la bonne nouvelle dont François parlait », a réagi le maire de Québec, au sujet d’une nouvelle option qui lui sera proposée, après l’échec des quatre premiers scénarios sur la table. 

Le ministre s’était fait rassurant, lors de son allocution prononcée avant la conférence de presse de Régis Labeaume. 

« Dans les prochaines semaines, nous soumettrons une proposition à la Ville de Québec. Le réseau structurant de transport collectif requiert des investissements importants et nous sommes au rendez-vous. Puisque l’échec n’est pas une option, on doit bien faire les choses et si tout le monde est de bonne foi, je suis confiant que nous aurons des bonnes nouvelles dans les prochaines semaines pour les gens de Québec. »

Après avoir vanté les mérites du Réseau express métropolitain de Montréal, un « levier » pour la relance dans l’est et le nord-est de Montréal, M. Bonnardel a réitéré l’intention de son gouvernement d’aller de l’avant avec le projet.

Il a aussi répété que le tramway était « le bon mode lourd » pour Québec. 

Des réactions en rafale  

Les réactions à la conférence de presse-fleuve du maire Labeaume n’ont pas tardé. Lundi, Jean-François Gosselin, chef de Québec 21, a soutenu que « Régis Labeaume nous a donné sa version. Attendons celle du gouvernement ».

De son côté, Jean Rousseau, chef de Démocratie Québec, a déploré « le manque de confiance entre la Ville de Québec et le gouvernement du Québec. Pour un projet d’une aussi grande envergure, il faut qu’il y ait un dialogue et je suis prêt à agir comme médiateur ».

Sur Twitter, Étienne Grandmont, directeur général d’Accès transports viables, a glissé « qu’il est difficile de croire aujourd’hui [lundi] en la bonne foi du gouvernement du Québec. Il y avait entente avec la Ville de Québec en décembre et celle-ci a visiblement été annulée [...]. Autrement dit, le gouvernement voulait repousser le projet aux calendes grecques ».

Pour Christian Savard, directeur général de Vivre en ville, « la Ville de Québec avait une entente avec le gouvernement sur le tramway avant Noël et le gouvernement s’est retiré de cette entente après Noël. La mauvaise foi du gouvernement commence à être assez claire à ce moment ».

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