Vague de réjouissances pour le tramway de Québec: «une percée historique dans le transport en commun»
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L'annonce d'une entente entre le premier ministre et le maire de Québec sur le projet de tramway a suscité une foule de réactions positives dans la région. Le maire de Lévis l'a même qualifiée de «percée historique dans le transport en commun».
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«C'est un bon dénouement aujourd'hui, c'est une belle annonce. Enfin, on va passer d'un âge de pierre à un âge de transport en commun qui est digne d'une capitale, mais aussi avec toutes les interconnexions», s'est réjoui le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, qui a applaudi l'entente survenue en matinée mercredi entre le premier ministre François Legault et le maire Régis Labeaume.
- Écoutez l'analyse de Caroline St-Hilaire et d'Antoine Robitaille avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
On connaît encore peu de détails sur les tenants et aboutissants de l'entente, mais pour l'élu lévisien, l'important est que le dossier aille de l'avant.
«C'est une excellente nouvelle pour la région de la Capitale-Nationale, mais aussi pour Québec et Lévis», a exprimé le premier magistrat de Lévis. Celui-ci verra enfin la concrétisation du pôle d'interconnexion qui permettra aux autobus de sa ville de venir déposer leurs usagers au pôle Sainte-Foy.
La Société de transport de Lévis disposera de sept quais d'embarquement-débarquement. Les bus pourront se redéployer ensuite sur le territoire lévisien, assurant une desserte supplémentaire de 58 000 heures.
M. Lehouillier dit n'avoir raté aucune occasion au cours des derniers mois pour exprimer au gouvernement sa volonté que le projet de réseau structurant de Québec aille de l'avant.
Pour lui, on pourra maintenant passer à l'étape suivante, qui est l'avancement du projet de tunnel Québec-Lévis. Il rencontrera d'ailleurs le premier ministre Legault au début avril à ce sujet.
À Québec, le chef de Démocratie Québec (DQ), Jean Rousseau, affirme que le projet sur la table s'inspire de celui que sa formation politique a proposé en 2017. «Le maire a perdu sur toute la ligne et c'est l'idée de Démocratie Québec qui triomphe.» Selon lui, 65% du tracé préconisé aujourd'hui correspond à celui mis de l'avant par DQ et la desserte des banlieues par le ministère était aussi une proposition de son parti. «De cette façon, on va avoir une bien meilleure desserte que ce qui était proposé. [...] Pour les usagers, c'est une excellente nouvelle et ça vient conforter le projet que Démocratie Québec avait défendu.»
Le chef de l'opposition et du parti Québec 21, Jean-François Gosselin, a quant à lui choisi de faire part de sa réaction par l'entremise de Twitter. «Régis Labeaume a maintenant l'obligation d'obtenir démocratiquement l'approbation des citoyens de Québec, lors de la prochaine élection. Tenons-nous debout!» a-t-il gazouillé.
- Écoutez la chronique du journaliste Marc-André Gagnon au micro de Pierre Nantel sur QUB radio:
Le fédéral ravi
Le gouvernement fédéral, qui contribue à la hauteur de 1,2 milliard $ au projet de 3,3 milliards $, a exprimé sa satisfaction de voir le maire et le premier ministre Legault s'entendre. Le président du Conseil du Trésor et député de Québec, Jean-Yves Duclos, a publié une déclaration mercredi. «Le gouvernement fédéral a toujours appuyé le projet de réseau de transport en commun structurant de la Ville de Québec. Rappelons que les 1,2G$ que nous injectons dans ce projet constituent l'investissement fédéral le plus important de l'histoire dans la région. Nous saluons l'entente intervenue aujourd'hui entre la Ville de Québec et le gouvernement du Québec et nous réitérons notre soutien à ce projet qui doit aller de l'avant le plus rapidement possible.»
Tracé «logique»
Chez Accès transports viables, le directeur général Étienne Grandmont parle d'une «journée à marquer d'une pierre blanche». «C'est un grand jour pour la mobilité durable à Québec. C'est un projet qui est attendu et qui peut changer la face de Québec.»
Pour lui, le tracé entre Le Gendre et D'Estimauville «se tient» et est «logique». «C'est une très bonne première phase pour le tramway.»
M. Grandmont note que le premier ministre du Québec a maintenant apposé son sceau sur l'entente et il se dit sûr qu'elle pourra maintenant franchir sans difficulté l'étape de l'approbation par le Conseil des ministres.
«Il faut aller chercher rapidement le décret ministériel pour pouvoir lancer officiellement l'appel de propositions. Le plus tôt sera le mieux. On espère que le gouvernement va être dans l'action.»
«Dans la poche»
Pour Yvon Charest, porte-parole du mouvement J'ai ma passe, c'est une formalité. «Le premier ministre du Québec, avec toutes les priorités qu'il peut avoir, quand il sort d'une réunion et que les gens peuvent dire “c'est réglé”, c'est sûr que c'est dans la poche, dans mon livre à moi.»
J'ai ma passe tiendra d'ailleurs une activité de mobilisation, jeudi, dans la foulée de l'entente. «On va en profiter pour dire merci», exprime M. Charest. Il rappelle que le tramway est attendu depuis longtemps par de nombreuses personnes à Québec. Il souligne que les appuis sont solides au sein de la population et que J'ai ma passe avait justement l'objectif de faire entendre «la majorité silencieuse qui est en faveur du tramway».
À la Corporation des parcs industriels du Québec, Pierre Dolbec s'est dit convaincu que le tracé révisé permettra de bien desservir la population. La portion D'Estimauville permettra en particulier d'aller chercher une clientèle nouvelle et de revitaliser le quartier, dit-il. «Je pense que pour la relance économique, c'est un des plus importants projets qu'on va avoir pour repartir l'économie sur le sens du monde. Pour Québec, c'est une très, très bonne nouvelle.»
Même son de cloche à la Chambre de commerce et d'industrie de Québec. Le PDG Steeve Lavoie se réjouit que l'appel de propositions soit lancé rapidement. «C'est quand même rassurant de voir qu'on ne perdra pas six mois ou un an. C'est pas inquiétant. On peut se rassurer ici à Québec qu'on va avoir un beau projet structurant dans les prochaines années, qui va vraiment aider l'économie locale.»
Ingérence?
Du côté de Québec solidaire, on pousse un soupir de soulagement devant ce «coup d'envoi».
«Ce que je trouve très inquiétant par contre, c’est que le gouvernement va gérer lui-même la desserte des banlieues, ça fait craindre une intervention politique de la CAQ et c’est de l’ingérence», a souligné le député Sol Zanetti. «Un autre point qui me préoccupe beaucoup est le fait que l’enveloppe budgétaire est scellée et ne bougera pas, je crains que cela se fasse au détriment des banlieues. En tant que député, j’espère sincèrement que le bureau de projet va être à l’écoute des commerçants de la 3e Avenue et qu’il les consultera à chaque étape.»
– Avec la collaboration de Marc-André Gagnon