Les services portuaires: un service essentiel, point
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Ce week-end, les débardeurs du Port de Montréal ont refusé massivement l’offre patronale qualifiée de finale. Plus de 99 % du groupe l’ont rejetée. Il y a tout de même une bonne nouvelle. Leur syndicat demande la reprise des négociations le plus rapidement possible et n’entend pas pour le moment envoyer un préavis de grève, une étape inévitable pour déclencher un arrêt de travail légal. Bien que la catastrophe ait été évitée pour le moment, la situation préoccupe le milieu des affaires, et avec raison. Pour notre sécurité alimentaire, toutefois, il n’y a pas de quoi paniquer.
Le Port de Montréal est le plus important port dans l’Est canadien, et son importance ne fait qu’augmenter depuis quelques années. Chaque année, nous achetons pour 38 milliards d’euros de marchandises de l’Europe, dont environ 3,7 milliards de produits alimentaires et agricoles. L’Europe nous vend principalement des fruits et légumes, du poisson, des produits laitiers, du vin et des spiritueux ainsi que des produits fins. L’Accord économique et commercial global entre l’Union européenne et le Canada (AECG), qui est entré en vigueur en 2018, permet aux entrepreneurs et aux entreprises de toutes tailles de profiter de meilleures occasions d’accès au marché de l’UÉ. Depuis, les ventes entre les deux continents atteignent de nouveaux sommets.
Certains produits alimentaires proviennent aussi de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud. Le hic, si une grève frappe le Port de Montréal, c’est que le port d’Halifax et les autres ports sur le fleuve Saint-Laurent n’ont pas la capacité d’absorber les surplus générés par ce conflit. Si les navires doivent accoster à Halifax, leurs cargaisons devront faire leur chemin par camion, vers l’ouest ou les États-Unis. Un conflit pourrait bien ralentir la chaîne d’approvisionnement en plus d’augmenter les coûts logistiques. Il n’y a rien de moins dispendieux que d’utiliser l’eau pour le transport. Rien.
Le conflit au Port de Montréal dure depuis des années. La convention collective qui permet aux salariés d’obtenir un salaire moyen de 126 000 dollars par année est échue depuis le 31 décembre 2018. Ce ne sont pas des pauvres, loin de là, mais l’attente d’une nouvelle convention a assez duré. Il y a déjà eu une grève au mois d’août dernier, pour quelques semaines. Mais le conflit s’est terminé avec des promesses de retourner à la table de négociation.
Entre-temps, Montréal a vraiment l’air folle comme ville intermodale, et le gouvernement fédéral, qui a le pouvoir de décréter que les services portuaires sont un service essentiel, se tourne toujours les pouces. Le manque de leadership est vraiment embarrassant.
Il est grand temps qu’Ottawa agisse pour empêcher les débardeurs déjà bien payés de prendre en otage les consommateurs et l’économie de l’est du pays.