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Notre armée, pour les autres?

Notre armée, pour les autres?
Courtoisie / Marc-André Leclerc


On s’est tous demandé, en voyant nos aînés décéder par centaines de la COVID-19 dans les CHSLD au printemps 2020, pourquoi l’armée n’y avait pas été envoyée en renfort plus tôt.  

Avec le recul, considérant la façon dont les résidents étaient traités dans plusieurs établissements, il aurait probablement fallu y déployer des soldats bien avant la pandémie.

Justin Trudeau avait trouvé le moyen d’ajouter un peu d’huile sur le feu. Il avait répondu présent aux appels à l’aide du Québec et de l’Ontario, mais n’avait pu s’empêcher de déclarer que ce n’était pas le rôle des militaires de prendre soin des aînés.

Fin mai, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, avait même clairement fait savoir qu’il n’était pas question que les soldats restent pendant tout l’été, en réponse à une demande du premier ministre, François Legault.

Tout le monde s’entend pour dire qu’on n’aurait jamais dû en arriver là dans nos milieux de soins, et que les militaires finalement déployés ont fait un travail plus qu’admirable.

Mais tout de même, un an après ces tristes événements, la question se pose : que fait notre armée ? Qu’est-ce qui occupe tant nos militaires à l’étranger pour que le gouvernement fédéral accepte si difficilement de les déployer chez nous lorsqu’une crise survient ?

Ouganda et Égypte

Mes collègues, Jules Richer et Sarah Daoust-Braun, de notre Bureau d’enquête, apportent des réponses éclairantes à ces questions dans un grand dossier abondamment illustré, publié aujourd’hui.

On y découvre par exemple que durant la dernière année « normale » avant la pandémie, en 2019-2020, les Forces armées ont dépensé 82 fois plus en missions à l’étranger qu’en missions humanitaires au Canada.

Confession du samedi : je passe des dizaines d’heures par semaine à suivre l’actualité et pourtant, avant de lire le reportage de mes collègues, j’aurais eu bien du mal à nommer cinq des 15 endroits du globe où nos soldats sont présentement déployés. Je n’aurais certainement pas pensé à l’Ouganda, à Chypre et à l’Égypte.

Il ne s’agit pas d’abandonner nos responsabilités internationales de maintien de la paix ou d’aide humanitaire. L’ancien colonel Michel Drapeau souligne aussi que les missions canadiennes à l’étranger nous aident à nous asseoir à la « table des grands » lors des discussions économiques. 

Mais le sujet mérite certainement qu’on s’y intéresse, d’autant plus qu’il risque de ne pas être très à la mode lors du scrutin fédéral que tous annoncent pour l’automne, et qui risque de porter exclusivement sur la gestion de la pandémie et la relance économique.

Un sondage Nanos révélait d’ailleurs en septembre que 81 % des Canadiens croient que l’armée devrait aider les autorités civiles avec les crises au Canada, contre 67 % qui croient qu’elle devrait contribuer à la sécurité internationale.

Le débat est lancé.

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Jean-Louis Fortin
Directeur du Bureau d’enquête







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