À bientôt, l’artiste!
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Très cher artiste, en ces temps de troisième vague où l’inquiétude et l’écœurement profond se disputent nos états d’âme, j’ai eu envie de t’écrire pour te rappeler combien tu es précieux à la société.
Bien sûr, tu n’es pas une brave infirmière lessivée par un an de pandémie. Bien sûr, tu n’es pas un professeur maltraité par le système et tu n’es pas de ceux que l’on dit être au front depuis tout ce temps, c’est vrai.
Cela dit, j’aimerais demander, en contrepartie: combien d’entre nous accompagnes-tu au quotidien? Combien inspires-tu et consoles-tu? À combien donnes-tu le rythme, sinon l’énergie de continuer de mettre un pied devant l’autre? À vrai dire, je crois que s’il existait un registre exhaustif de chaque personne que tu aides et que tu touches, on réaliserait que ta médecine est peut-être la plus répandue et, chez certains, la plus essentielle qui soit.
Il existe un très vieil adage datant de la Renaissance qui dit que l’art sauvera le monde. On serait évidemment tenté d’y voir une formule naïve ou romantique, or pour moi, elle porte en elle un fond de vérité qui ne saurait être plus d’actualité. À l’heure où le soleil peine à percer et que c’est chaque jour que l’on doit résister pour ne pas se laisser submerger par la peur et la bêtise ambiante, l’art est ce qui sait encore nous détourner des réalités grises.
Tu suscites l’émerveillement, le rire, la passion et le rêve. Tes créations témoignent et nous rappellent que nous ne sommes pas que les engrenages et boulons muets d’une machine de production. Que nous sommes faits pour grandir et évoluer, et que c’est par les arts que sont si souvent advenus les progrès sociaux les plus lumineux.
Tu couvres le béton de tes couleurs. Tu recouds les cœurs brisés du fil de tes poésies et tu donnes des mots à ceux qui n’en ont pas. Tu fais de la musique du bruit de nos contraintes et de nos épreuves. Par tes images et tes interprétations, tu nous offres de ressentir tout ce que nous n’avons pas le temps ou les moyens de vivre nous-mêmes et chaque fois que tu fais œuvre utile, c’est le monde qui va un peu mieux.
Alors, très cher artiste, sache bien que celui qui te croit de moindre importance est le premier aveugle à tout ce que tu fais pour lui. Veille à ne pas t’éteindre sous les vents ingrats de ceux qui ont l’inconscience ou la méchanceté de ne pas comprendre tout l’essentiel que tu portes en tes arts. Tiens bon, n’oublie pas que l’hiver passe toujours et sois assuré du fait que nous avons infiniment hâte de te retrouver.
Et en attendant ce jour aussi heureux qu’inéluctable, je t’envoie un baiser sincère et te dis: à très bientôt, l’artiste!
P.-S. Et un baiser tout aussi sincère au grand Michel Louvain. Merci pour le talent, l’indéfectible classe et tout l’amour offert. Puisse le roi des cœurs être reçu par une ovation sur la scène éternelle où on lui souhaite une tout aussi longue et belle carrière à chanter la pomme aux anges.