500 victimes mineures d’agressions sexuelles en attente de thérapie
On a beaucoup parlé au cours des dernières semaines de la violence faite aux femmes, mais cette violence touche aussi de nombreux enfants et adolescents victimes d'agressions sexuelles.
À quelques jours de la publication du rapport de la Commission Laurent sur la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), TVA Nouvelles a appris que la situation est si grave que plus de 500 jeunes sont sur une liste d'attente et doivent patienter pendant 2 ans pour avoir des services à la Fondation Marie-Vincent de Montréal.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les intervenantes de cet organisme craignent le pire.
«Ce qui nous inquiète, c'est que les enfants se retrouvent confinés avec leur agresseur», affirme la sexologue et psychothérapeute Maryse Trempe.
Depuis la naissance du mouvement #MeToo en 2017, le nombre de dénonciations d'agressions sexuelles chez les enfants et adolescents a explosé à la Fondation Marie-Vincent, qui reçoit jusqu'à 400 demandes d'aide annuellement.
«500 enfants en attente, c'est inacceptable», déclare la directrice générale de la fondation, Stéphanie Gareau.
Cela risque d'avoir des conséquences graves même si entretemps les intervenantes donnent des conseils aux parents pour aider les jeunes en détresse.
«Ça peut aggraver les symptômes de stress post-traumatique, la dépression, l'anxiété, et affecter l'estime de soi», craint la sexologue et psychothérapeute Maryse Trempe.
Témoignage poignant
Dans une salle de thérapie, une mère et sa fille adolescente se confient à nous dans l'anonymat.
«On a été dirigé ici par l'équipe de la DPJ», raconte cette maman en état de choc depuis qu'elle a appris que sa fille a été agressée sexuellement par une personne proche de la famille.
La jeune victime n'osait pas en parler. Elle s'isolait de plus en plus et avait de la difficulté dans ses études.
«J'avais mal au cœur. Ce n'était plus moi. Je n'étais pas bien», raconte-t-elle.
Elle s'est finalement confiée à une technicienne en éducation spécialisée de son école qui a contacté ses parents et la DPJ.
«Jamais je n'aurais pu penser à ce présumé agresseur-là», dit sa mère, qui est profondément blessée par les événements.
Pendant plus d'un an, elles ont toutes les deux bénéficié des thérapies des intervenantes de la Fondation Marie-Vincent.
«Elles me donnaient des trucs pour m'apaiser», raconte l'adolescente qui apprend à vivre avec une importante cicatrice psychologique.
Sa mère lui tient la main pour la rassurer et lui dit qu'elle est forte et si fière d'elle.
Malheureusement, plusieurs autres victimes doivent attendre avant d'avoir des services.
Un peu de moyens
«On se dit que pour effacer la liste d'attente, nous aurons besoin de sept intervenantes supplémentaires et 700 000 dollars. Notre campagne de financement progresse et le gouvernement va nous aider», se réjouit la directrice générale Stéphanie Gareau.
Trois nouvelles intervenantes ont été embauchées au début avril.
D'ici un an, la fondation veut ouvrir un second bureau à Châteauguay, car 30% des victimes proviennent de la Montérégie.
Le temps presse, car des enfants agressés souffrent.
Près des trois quarts ont 12 ans et moins et sont majoritairement des filles.