Le monde fascinant des archives judiciaires
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Explorer le monde des archives judiciaires du Québec, qui figurent parmi les plus intéressantes et les plus complètes en Amérique, c’est revisiter une foule d’événements qui ont, chacun à leur façon, façonné notre histoire.
L’an dernier marquait le 100e anniversaire des Archives nationales du Québec. Dans le but de les faire connaître, les chercheurs et archivistes ont eu l’idée d’organiser des journées d’étude auxquelles participeront de nombreux experts.
La pandémie a déjoué leurs plans pour 2020, mais ce n’était que partie remise. Ces journées auront lieu du 3 au 6 mai, sous le thème des archives judiciaires québécoises, de la Nouvelle-France à aujourd’hui.
« On reprend ça cette année en mode virtuel et c’est gratuit. C’est intéressant parce que ça veut dire que les gens, peu importe où ils sont, au Québec ou à l’extérieur du Québec, peuvent s’inscrire », souligne Rénald Lessard, archiviste-coordonnateur aux Archives nationales du Québec à Québec.
Dossiers marquants
Environ 30 kilomètres linéaires d’archives judiciaires occupent le réseau des dix centres des Archives nationales du Québec, dans un environnement contrôlé afin d’optimiser leur conservation. Du lot, 2 % de ces documents ont pu être numérisés, surtout les plus anciens dont les supports sont les plus fragiles.
M. Lessard souligne tout le potentiel que recèlent ces documents, tant pour l’histoire que la recherche. « Il y en a pour tous les goûts et toutes les époques », dit-il.
À l’occasion du passage du Journal, l’archiviste-coordonnateur avait d’ailleurs pris soin de préparer des dossiers parmi les plus marquants, qui pourraient tous faire l’objet d’un livre ou d’un film passionnant.
C’est aux archives de Québec, situées dans le pavillon Casault de l’Université Laval, que le réalisateur Luc Dionne a puisé du matériel pour son film Aurore. On y retrouve les documents du procès des bourreaux d’Aurore Gagnon, dite l’enfant martyre, qui contient notamment la lettre d’une enfant de la famille écrivant à ses parents emprisonnés, accusés du meurtre d’Aurore.
Avant Montréal
On peut aussi parcourir le procès de Jean Campagna, laboureur de 45 ans qui fut accusé de sorcellerie. Ce type d’accusation existait toujours dans le Code criminel jusqu’en... 2018 !
Puis, l’archiviste exhibe non sans fierté le plus vieux document des archives, qui date de 1638, « alors que Montréal n’était même pas fondé encore », précise-t-il. Il s’agit de procédures criminelles pour vol de planches et d’équipement.
On peut y relever toutes sortes d’informations et de détails sur la manière de vivre à l’époque. Et c’est aussi ça, la beauté de ces documents, souligne M. Lessard : on y apprend beaucoup.
Notre visite se termine avec l’original d’un traité signé par Murray, qui a été retrouvé après la décision de la Cour Suprême, en 1984 : cette dernière avait statué qu’il s’agissait bel et bien d’un traité conférant aux Hurons certains droits ancestraux.
L’inscription pour les Journées d’étude est gratuite, mais obligatoire. Une trentaine de conférenciers y prendront part en partageant leur expertise sur une variété de thèmes, tels que la justice criminelle, les procès au temps de la Nouvelle-France et le numérique.
Pour en savoir plus : www.archives100ans.banq.qc.ca/