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Pour la santé mentale des agriculteurs

Pour la santé mentale des agriculteurs
Alexe-Sandra Daigneault / AGENCE QMI


Pendant longtemps, les agriculteurs étaient considérés comme des travailleurs infatigables et invulnérables aux problèmes de santé mentale. Josée Lajeunesse, propriétaire de la ferme Le Domaine du Paysan, à Saint-Stanislas-de-Kostka, signale toutefois que les temps ont changé. 

«On pense que les agriculteurs sont bâtis pour être des piliers, mais c’est une vieille mentalité. Aujourd’hui, on compte deux fois plus de suicides en milieu agricole qu’en milieu urbain, parce que les agriculteurs n’arrêtent jamais de travailler et ils en ont beaucoup sur les épaules», se désole Mme Lajeunesse.

Le romarin, nouveau symbole d’espoir

Après avoir été témoin de la détresse psychologique de certains proches, Mme Lajeunesse a décidé de faire bouger les choses. Pour y arriver, elle a lancé l’initiative Récoltons l’espoir, qui redonne les profits issus de la vente de romarin et de produits à base de romarin à la fondation Au cœur des familles agricoles (ACFA).

«L’ACFA réunit actuellement neuf travailleurs de rang diplômés en travail social, qui se déplacent directement chez les agriculteurs pour leur offrir du soutien et des services, explique l’agricultrice de 56 ans. Avec l’initiative Récoltons l’espoir, créée en collaboration avec l’Union des producteurs agricoles (UPA), on aide la fondation avec des dons et de la sensibilisation.»

Avec cette initiative, Mme Lajeunesse ne cherche pas seulement à éliminer les tabous qui entourent la détresse psychologique des agriculteurs: elle espère transformer le romarin - une plante résistante et facile à cultiver - en véritable symbole national de santé mentale.

Agent de terrain

L’implication de Josée Lajeunesse ne se limite pas à l’initiative Récoltons l’espoir. Elle est aussi sentinelle agricole de l’organisme Le Tournant, un centre de crise et de prévention du suicide de l’ouest de la Montérégie, où elle a été formée pour repérer et guider les agriculteurs en difficulté.

«En tant que sentinelle, je suis un pont entre la personne et les services en santé. Je dois être capable de bien la diriger ou de demander l’aide pour que la personne soit prise en charge tout de suite, parce que si elle a une mauvaise expérience, on risque de la perdre», souligne la propriétaire du Domaine du Paysan.

La formation du Tournant lui a notamment appris à poser des questions franches et directes, contribuant à briser le silence qui tue les agriculteurs à petit feu. «Si tu veux des vraies réponses, il faut poser les vraies questions, insiste Mme Lajeunesse. Tu ne peux pas te permettre de pédaler.»

La fin du silence

Si Josée Lajeunesse ne pouvait enseigner qu’une seule leçon à ses contemporains, ce serait de refuser de souffrir en secret.

«Parlez-en, dit-elle. C’est correct si ça ne va pas, il faut arrêter d’avoir peur de parler, arrêter de penser que c’est tabou. Ce n’est pas vrai que les psychologues et les psychiatres sont pour les fous. En tout cas, si ce l’est, je suis bien contente d’avoir été folle!»

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