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Prendre les consommateurs pour des imbéciles

Prendre les consommateurs pour des imbéciles
Photo fotolia

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Si vous n’utilisez pas du lait ou de la crème pour préparer un produit laitier, y apposer le mot « fromage » se fera à vos risques et péril au Canada, surtout au Québec. En effet, la « mafia laitière » est encore après une petite entreprise artisanale qui tente d’offrir quelque chose d’unique et de différent à ses clients.  

La Ville de Montréal poursuit Rawesome Raw Vegan, qui fabrique un produit à base de noix de cajou à Montréal, pour avoir utilisé le mot « fromage » dans la description de son produit végétalien à la crème de cajou, qu’on appelle « fromage à la crème ». C’est qu’une loi d’affichage datant de l’année 1979 lui interdit d’utiliser le mot « fromage ». La petite entreprise de quelques employés tentera de démontrer que cette loi est anticonstitutionnelle. 

En 1979, le marché de la « protéine » était fort différent. Le véganisme était perçu quasiment comme une maladie. Aujourd’hui, nous sommes rendus ailleurs. Ce régime est maintenant socialement normalisé, mais le secteur laitier peine à suivre et à s’adapter. À l’époque, les consommateurs qui recherchaient activement un produit sans protéines animales étaient toujours déçus, et ils ont appris à concocter leurs propres produits maison, pendant des années. 

Ce que la Ville de Montréal semble ignorer, c’est que cette loi a déjà été défiée au Canada. La lutte contre l’étiquetage du fromage végétalien a déjà été menée. Une entreprise de la Colombie-Britannique, Blue Heron, a eu des démêlés avec l’Agence canadienne d’inspection des aliments et a finalement obtenu le droit d’utiliser le mot « fromage » sur l’étiquette de ses produits. Blue Heron a gagné, pourvu que les documents de marketing mentionnent clairement que les produits ne contiennent aucun produit laitier. 

Mais le cas de Rawesome Raw Vegan est particulier puisque c’est la première fois qu’une affaire comme celle-là se retrouve devant les tribunaux. 

Le fait d’empêcher les entreprises d’utiliser le mot « fromage » pour des produits végétaliens tient du ridicule. Surtout, c’est de prendre les consommateurs pour des imbéciles. Les gens savent très bien ce que « végétalien » ou « végane » veulent dire. Les ventes de produits végétaliens dans le secteur laitier ont augmenté de plus de 30 % depuis un an, alors la popularité de ces produits ne diminuera pas de sitôt. 

Le cas de Rawsome Raw Vegan remet une autre fois en cause la logique de bien informer le consommateur sans l’infantiliser. Le débat sur la couleur de la margarine est probablement le cas le plus célèbre au Québec concernant ce genre de truc. 

Les producteurs de lait n’en ont rien à foutre de ce que les consommateurs pensent, de ce que nous voulons pour nous et notre famille. Tout ce qui compte, c’est l’image, les ventes, la piastre. Ne vous laissez pas tromper par la campagne de la petite vache bleue ou par les messages publicitaires convaincants qui mettent en vedette Laurent Duvernay-Tardif. 

Si l’on rajoute les déboires de l’industrie avec le fameux Buttergate et l’utilisation de l’huile de palme dans la production laitière, l’agent du fameux footballeur-médecin doit se mordre les doigts. 

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