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De fascinantes sculptures inuites

Le MNBAQ consacre une exposition à l’artiste Manasie Akpaliapik

Quebec
Photo Stevens Leblanc Faite notamment d’os de baleine, de tendons et de bois de caribou, l’œuvre Une conteuse évoque l’un des passe-temps favoris des Inuits pendant les longs hivers : les jeux de ficelles.

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À partir d’ossements de baleine et d’autres vestiges d’animaux récupérés dans son village du Nunavut, l’artiste inuit Manasie Akpaliapik a créé des sculptures aussi singulières que magnifiques, que le Musée national des beaux-arts du Québec expose jusqu’en février 2023.

L’histoire de cet artiste âgé de 65 ans, trop peu connu du public québécois, est aussi fascinante que ses créations. Envoyé au pensionnat quand il était enfant, cet ex-alcoolique s’est résolument mis à la sculpture au début des années 1980 après la mort de sa femme et de ses deux enfants dans un incendie.

« Je suis reconnaissant pour mon art, qui m’a vraiment permis de m’en sortir », confie dans une vidéo l’artiste, qui ne pouvait être présent, jeudi, à la visite médiatique de l’exposition qui porte son nom, parce qu’il habite près de Toronto.

En se laissant guider par la forme des restes d’animaux qui lui servent de matière de base et qu’il va chercher chaque été dans le Grand Nord, il a sculpté des bœufs musqués, des hiboux, des chamans, des personnages inuits.

« Chez lui, la matière est à l’origine du motif », explique le commissaire Daniel Drouin, qui était jusqu’à l’an dernier responsable de la collection d’art inuit du MNBAQ.

Particulièrement d’actualité, La peur de perdre sa culture trace un lien direct avec l’horreur des pensionnats autochtones.
Photo Stevens Leblanc
Particulièrement d’actualité, La peur de perdre sa culture trace un lien direct avec l’horreur des pensionnats autochtones.

Le sort des Autochtones

À travers les quarante œuvres de l’exposition, c’est donc une partie de l’histoire d’un peuple qui se raconte sous nos yeux. Dans le lot s’en trouve une particulièrement d’actualité, qui s’intitule La peur de perdre sa culture.

C’est un chaman au visage fendu en deux. De la main d’un homme qui a connu les pensionnats, voilà un rappel à la fois triste et majestueux des souffrances qui ont été infligées aux peuples autochtones.

« Cette exposition met le sort des Autochtones en lumière ultra-flash. Ce sont des œuvres qui parlent du temps, de la réalité, du souvenir, de la peur, du découragement, de l’horreur », lance Daniel Drouin.

Les animaux, ici un hibou, sont au cœur de l’œuvre de Manasie Akpaliapik.
Photo Stevens Leblanc
Les animaux, ici un hibou, sont au cœur de l’œuvre de Manasie Akpaliapik.

Offertes par Raymond Brousseau

Trente-sept des pièces exposées sont un dépôt avec promesse de don du collectionneur de Québec et marchand d’art inuit Raymond Brousseau.

« Pour lui, Manasie est un des plus grands artistes de l’histoire des Inuits », dit Daniel Drouin.

En l’absence de Raymond Brousseau, sa femme Lise est venue raconter à quel point les œuvres de Manasie Akpaliapik avaient ébahi les Européens bien avant les Québécois.

« Nous avons eu un succès fou en France, en Italie et en Suisse. Au Musée des Confluences de Lyon [où l’on peut admirer l’œuvre phare d’Akpaliapik, La création du monde], il y avait une filée sur la rue. Ils étaient tellement fascinés », se souvient celle qui avait même refusé de céder une de ses sculptures favorites à Jacques Chirac, en dépit de l’insistance de ce dernier.

Elle souhaite maintenant que l’exposition consacrée à Manasie Akpaliapik voyage partout au pays et à l’étranger.


Manasie Akpaliapik. Univers inuit. La collection Raymond Brousseau, du 18 juin 2021 au 12 février 2023, au Musée national des beaux-arts du Québec.

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