Michel Venne reconnu coupable: il est temps que la honte change de camp, lance Léa Clermont-Dion
Coup d'oeil sur cet article
La honte doit changer de camp. Voilà le message et surtout l’espoir que l’animatrice et auteure Léa Clermont-Dion souhaite insuffler aux jeunes femmes victimes d’abus sexuel, elle qui a vu, mercredi matin, son agresseur être déclaré coupable.
• À lire aussi: Procès de Michel Venne: un témoignage rempli d'«invraisemblances»
Après avoir demandé que l’ordonnance de non-publication visant à protéger son identité soit levée, la jeune femme a assisté, en compagnie du poursuivant, Me Michel Bérubé, au jugement de l’ancien éditorialiste du Devoir Michel Venne, qui faisait face à des accusations d’agression et de contact sexuel.
Dans le cadre de son analyse, le juge Stéphane Poulin a conclu que l’ancien journaliste avait offert au tribunal une version «calculée» qui manquait «de franchise et de transparence».
A contrario, la plaignante a été trouvée «franche, sincère et transparente».
- Écoutez la chronique juridique avec Nada Boumeftah, avocate en droit criminel et protection de la jeunesse, sur QUB radio:
«Son témoignage [a été] structuré, précis et cohérent, et, malgré un contre-interrogatoire serré, sa version des faits est demeurée constante», a noté le magistrat.
Au sortir de la salle d’audience, la jeune femme de 30 ans a tenu à rappeler que personne ne devrait avoir à subir une volonté de contrôle, de domination ou d’abus et que personne ne devrait se faire humilier, attaquer ou agresser.
«Il est temps que la honte change de camp», a laissé tomber la jeune femme au parcours atypique qui s’est intéressée dès son jeune âge aux enjeux politiques et à la cause féministe.
Rencontre
À l’âge de 17 ans, elle avait obtenu un stage à l’Institut du Nouveau Monde (INM), une organisation fondée par Venne, qui en était à l’époque le directeur.
En 2008, l’été des gestes reprochés, les employés de l’INM s'étaient rendus dans la Vieille Capitale pour y tenir l'«École d’été», un événement citoyen lors duquel la jeunesse était invitée à discuter d’enjeux sociaux et économiques.
En tant que stagiaire, Mme Clermont-Dion devait assister Venne, ce qu’elle considérait «comme un honneur».
Gestes sexuels
Elle a toutefois vite déchanté lorsque, une première fois, dans un taxi, Venne a posé une main sur sa cuisse, près de son vagin, et lorsque, en une seconde occasion, près de l’hôtel où elle logeait, il a mis une main sur sa hanche et sur ses parties intimes.
- Écoutez la chronique crime et société du journaliste Félix Séguin à QUB radio
Figée et dégoûtée, la jeune femme a essayé pendant de nombreuses années de reléguer ces mauvais souvenirs aux oubliettes. Toutefois, la vague de dénonciations qui a déferlé sur le Québec en 2014, avec le mouvement «AgressionNonDénoncée», a amené la victime à parler plus ouvertement.
Lise Payette
Lorsqu’elle a commencé à s’ouvrir un peu plus, Lise Payette, alors chroniqueuse au Devoir, a invité la jeune fille à la prudence et lui a suggéré d’écrire une lettre à la famille de Michel Venne pour «s’excuser» de lui avoir fait du tort.
En 2017, Léa Clermont-Dion a recontacté la dame, alors âgée de 86 ans, pour tenter de comprendre pourquoi elle lui avait «conseillé» de ne pas porter l’affaire devant les tribunaux, enregistrant la conversation à l’insu de Lise Payette. Par la suite, elle a porté plainte à la police.
Les parties reviendront devant le tribunal le 19 juillet pour que soit fixée la date des observations sur la peine.