COVID-19: le variant Lambda échapperait partiellement à la vaccination
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Des craintes commencent à émerger, y compris au Québec, face à une nouvelle mutation du coronavirus, le variant Lambda, qui pourrait résister à la vaccination.
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«Pour l’instant, le Lambda a été déclaré variant sous surveillance rehaussée, mais pas juste sous surveillance: il est considéré comme un [variant préoccupant]», a expliqué en entrevue au Québec Matin la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue.
«Ce qu’on voit, c’est qu’il a l’air de se transmettre encore plus efficacement que le variant Alpha [britannique] et, potentiellement, que le variant Delta [indien]. Par ailleurs, avec les mutations que l’on retrouve dans ce variant- là, on a l’impression qu’il est capable de mieux échapper aux anticorps qui sont produits par la vaccination», a expliqué la Dre Quach en soulignant qu’il faudra confirmer cette hypothèse sur le terrain.
- Écoutez l'entrevue avec Nimâ Machouf, épidémiologiste à la Clinique de médecine urbaine du Quartier latin, sur QUB radio:
«D’après ce qu’on voit, d’un point de vue génétique, on a l’impression qu’il devrait être capable d’échapper au vaccin. On va en avoir de plus en plus, de ces variants-là, tant et aussi longtemps qu’il y a de la transmission au niveau planétaire, à haut niveau. Dans des régions où une certaine portion de la population est vaccinée, mais pas beaucoup, on risque de voir des variants qui deviennent plus résistants à la vaccination. C’est pour ça qu’on essaie de vacciner le plus grand nombre de gens possible le plus rapidement possible, idéalement à deux doses, et, au niveau mondial, on n’est pas rendu là», a déploré la scientifique.
Deuxième dose plus rapide
Les Québécois peuvent désormais obtenir leur deuxième dose de vaccin en quatre semaines, une stratégie visant à ce qu'une majorité de la population ait reçu ses deux doses avant l’automne.
Au Royaume-Uni, pays où l’on a vacciné rapidement la population, le nombre de cas quotidien augmente et les infections pourraient revenir au seuil de 100 000 cas par jour prochainement.
«Ils n’ont pas atteint les 70% [de population vaccinée], je pense qu’ils sont à 60% de vaccination. Il y a des groupes qui ne sont pas vaccinés, et c’est au travers d’eux que la transmission est plus soutenue. Il faut se rappeler que la Grande-Bretagne a vacciné majoritairement avec l'Astrazeneca, qui semble être un peu moins bon, même avec deux doses, pour arrêter le variant Delta. On parle d’une efficacité terrain à 60%, alors qu’avec deux doses d’un vaccin à ARN messager, on est plutôt au-dessus de 85%», a précisé la Dre Quach.
Heureusement, malgré une hausse des cas, le Royaume-Uni n’a pas noté de flambée des hospitalisations ou des décès. «Ça va être à suivre au cours des prochaines semaines», a ajouté la microbiologiste-infectiologue.
Actuellement, au Québec, les jeunes de 18 à 29 ans ne se font pas suffisamment vacciner pour que le seuil des 75% de personnes vaccinées dans ce groupe d'âge soit atteint à la rentrée.
«Il se pourrait que l’on soit obligé de revenir à des mesures qui ressembleraient à l’année passée, et ce n’est vraiment pas ce dont on a envie. C’est pour ça que la deuxième dose de vaccin à quatre semaines va nous aider, parce qu’on sera capable de vacciner avec deux doses la plupart des ados avant la rentrée scolaire. [...] On veut que les gens se fassent vacciner le plus rapidement possible», a souligné la Dre Quach.
Troisième dose nécessaire?
Le variant Lambda, détecté pour la première fois au Pérou, ainsi que le variant Epsilon, observé en Californie, seraient plus résistants aux vaccins. Selon une étude publiée dans la revue Science, il se pourrait qu'une troisième dose de vaccin soit nécessaire pour protéger la population contre ces variants.
Pour l'instant, ces deux variants ne sont présents que dans une trentaine de pays et ne sont pas encore aussi répandus que le variant Delta.
Par contre, la situation pourrait changer rapidement. En quelques mois seulement, le variant Lambda est devenu la souche dominante au Pérou, représentant maintenant 80% des infections là-bas.