«Nous nous sommes tant aimés» : des retrouvailles émotives
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Histoire d'amourettes, d'amitié, d'exploration sexuelle et d'intimidation : la pièce de théâtre d'été «Nous nous sommes tant aimés» nous replonge dans nos souvenirs d'adolescence, en un récit à la fois nostalgique et ludique, évoquant des enjeux toujours aussi actuels.
Présentée jusqu'au 14 août dans l'ancienne église Notre-Dame-de-Fatima de Boisbriand, cette création du Petit Théâtre du Nord met en scène un texte de Simon Boulerice, interprété par Marie-Hélène Thibault, Louise Cardinal, Luc Bourgeois, Sébastien Gauthier et Mélanie St-Laurent. La mise en scène est signée Charles Dauphinais.
Trente ans après avoir gradué du secondaire, quatre amis se réunissent pour parler du bon vieux temps. Ponctuée d'extraits de films, de vidéos et de chansons cultes des années 80-90, la pièce entraîne le spectateur entre nostalgie joyeuse et fous rires. De Madonna à Milli Vanilli, du film «Kenny» à Walt Disney, on revisite les grands classiques de cette époque criarde, entre le punk et le pop bonbon.
Espoir et lumière
Aussi légère que profonde, la pièce plonge parfois le spectateur dans d'intenses moments de malaise.
Entre leurs rêves de jeunesse et ce qu'ils sont réellement devenus, les quatre amis sont-ils toujours les mêmes? «Nous nous sommes tant aimés» questionne l'amitié, celle qui perdure et celle qui casse.
L’histoire aborde les enjeux liés à la découverte de la sexualité. S'il pouvait être difficile de faire accepter son homosexualité en 1990, cela ne va pas de soi de s'affirmer comme transgenre en 2021.
Le thème de l'intimidation est également au coeur du récit, apportant un regard grave sur la cruauté tribale que peuvent exercer les jeunes entre eux. Trois décennies plus tard, ceux qui faisaient la loi à l'école sont-ils ceux s'en tirent le mieux dans la vie? Ceux qui ont été rejetés peuvent-ils parfois devenir les plus «cool»? Malgré la lourdeur des enjeux évoqués, la pièce est lumineuse, remplie d'espoir et de rédemption.
L'auteur Simon Boulerice, inspiré de réflexions autobiographiques, en a voulu ainsi. L'invitation à collaborer avec le Petit Théâtre du Nord coïncidait avec son conventum d’école secondaire, vingt ans plus tard.
«Ces retrouvailles ont été si festives et génératrices de rires qu’un constat s’est imposé à moi : d’où me vient ce malaise mêlé d’amertume que j’ai traîné toutes ces années? Étaient-ce vraiment eux, ces ex-collègues de classe, mes bourreaux? Ont-ils tous changé, se sont-ils bonifiés? L’homophobie qui a entaché mes années au secondaire était-elle réelle?», se questionne le créateur, en guise de prémisse à «Nous nous sommes tant aimés».
Guidé par une attachante narratrice incarnée par Marie-Hélène Thibault, le spectateur découvre les travers des quatre comparses réunis. Il est toujours excitant d'entendre révéler ce qu'autrui veut cacher, ou de se sentir complice de médisances... Surtout quand on est exempté de tout sentiment de culpabilité. Après tout, il s'agit d’une fiction!
Cette 21e création du Petit Théâtre du Nord, en activité dans les Laurentides depuis plus de 20 ans, est également l'occasion de découvrir l'église Notre-Dame-de-Fatima de Boisbriand, reconvertie en salle de spectacle et lieu de création pour la troupe.
Pour plus d'information et réservation de billets: www.petitheatredunord.com