Les Québécois encore loin de pouvoir retirer leur masque
La quatrième vague «sera celle des non-vaccinés»
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François Legault n’ose pas prédire à quel moment les Québécois doublement vaccinés pourront retirer leur masque.
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« Plus il y a de gens vaccinés, plus on se rapproche du moment où on pourra enlever le masque partout », a affirmé le premier ministre mercredi lors d’une mêlée de presse.
M. Legault n’a toutefois pas indiqué de cible exacte à atteindre pour y arriver. La première cible du gouvernement – plus 75 % de la population vaccinée avec deux doses – n’est plus adéquate pour freiner totalement la propagation du variant Delta, selon l’Institut national de santé publique du Québec.
Ce variant est plus contagieux, et demande donc un taux d’immunisation plus élevé, soit 82 % de toute la population. Il n’y aura toutefois pas de « nouvelle cible », a indiqué le M. Legault, qui mise sur la vaccination des moins de 12 ans – lorsque Santé Canada l’autorisera – pour rehausser le pourcentage de population immunisée.
Vague des non-vaccinés
La question est importante puisque la quatrième vague est la « vague des non-vaccinés » : la majorité des gens hospitalisés en raison de la maladie ne sont pas vaccinés, a-t-il rappelé. Elle force tout de même le gouvernement à remettre à plus tard les allégements sanitaires évoqués à la fin du printemps.
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« Il y a eu une hausse du nombre de cas qui va se poursuivre, avec des hospitalisations. C’est possible que les assouplissements qu’on pensait faire soient reportés à plus tard », a-t-il reconnu.
Le gouvernement Legault va donc maintenir l’urgence sanitaire au-delà du 31 août. « On pense qu’actuellement l’état d’urgence sanitaire doit être prolongé. On doit être capable comme gouvernement de se donner les pouvoirs pour garder les Québécois en sécurité », a-t-il dit.
Peut-être à l'automne
Petite lueur d’espoir : M. Legault laisse toutefois entendre que, cet automne, son gouvernement pourrait permettre aux Québécois doublement vaccinés de retirer leur masque dans les endroits qui sont contrôlés par un passeport vaccinal, comme les restaurants et les bars.
« Une fois qu’on va avoir vu son application, des décisions pourraient être prises concernant le masque », a-t-il dit.
Pas de vaccination obligatoire pour les profs
Comme les élèves, les enseignants devront aussi porter le masque d’intervention dans les aires communes des établissements. Ils pourront néanmoins le retirer en classe lorsqu’une distance de deux mètres avec les élèves sera respectée.
Le ministre de l’Éducation a fait savoir mercredi que la Santé publique ne recommandait pas de rendre la vaccination obligatoire pour les profs. « On n’est pas inquiets que les enseignants aient une bonne couverture vaccinale », a insisté Jean-François Roberge.
Le gouvernement a prévenu que la situation épidémiologique pourrait toutefois venir changer les règles sanitaires en cours de route, pour les enseignants comme pour les élèves.
Masqués dans les corridors, pas dans la classe
Finies les bulles-classes et la distanciation pour le retour en classe. Les élèves pourront côtoyer leurs amis, même s’ils ne sont pas dans le même groupe. Mais attention, le masque médical sera exigé dans les aires communes des écoles du Québec, de même que dans les autobus scolaires. Les plus jeunes comme les plus vieux pourront se démasquer une fois assis dans leur classe.
Au primaire, les enfants ne seront pas tenus de porter un couvre-visage au service de garde. Qu’arrivera-t-il lorsqu’un jeune sera déclaré positif à la COVID-19 ou en cas d’éclosion dans l’école ? « L’INSPQ est en train de réécrire ses guides, ça va être disponible avant la rentrée », a assuré le Dr Yves Jalbert, directeur médical à la Santé publique. Le gouvernement a néanmoins fait savoir que les jeunes complètement vaccinés ne seront pas « systématiquement retirés » lorsqu’ils seront exposés à un cas positif.
Legault s’oppose à un débat
François Legault n’a aucune intention de faire un débat public sur le bien-fondé du passeport vaccinal et craint les dérapages d’une joute à l’Assemblée nationale sur ce sujet.
« On peut débattre de pleins d’autres sujets, mais concernant la vaccination, le passeport vaccinal, j’espère que tous les partis politiques vont se rallier pour dire que c’est une bonne idée », a lancé M. Legault lors d’une mêlée de presse en marge d’un rare bain de foule au marché public de Sainte-Foy, à Québec. « Je ne vois pas l’intérêt d’avoir un débat entre ceux qui sont pour et contre dans une commission parlementaire », a-t-il dit.
Il croit même qu’un débat à l’Assemblée nationale pourrait « donner à des opposants une tribune qui pourrait influencer la population en utilisant des arguments non fondés ». La Coalition avenir Québec est majoritaire, et contrôle donc la liste des personnes qui peuvent venir témoigner en personne.
« Légitime »
La France, pourtant, a mené un important débat politique, et c’est une loi votée par les élus qui a permis l’imposition d’un passeport sanitaire.
Mais M. Legault se « sent légitime » de mettre en place ce passeport, car il « sent qu’on a l’appui de la population ».