Des coûts en santé «insoutenables», dit le ministre Dubé
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Québec met de la pression pour une augmentation des transferts fédéraux. Les ministres de la Santé et des Finances sont catégoriques, Ottawa doit augmenter le transfert canadien en matière de santé (TSC) afin d’éviter un sous-financement des autres missions de l’État dans les prochaines années.
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«L’enjeu, c’est que nos ressources sont limitées et, comme la santé représente 43% de notre budget. Si l’on augmente le budget de la santé de plus de 5% par année, on va avoir moins de ressources pour les autres missions de l’État. On a besoin de l’aide du gouvernement fédéral, et une contribution du fédéral supplémentaire en santé libérait des ressources pour nos autres missions de l’État, comme l’éducation», affirme le ministre des Finances Éric Girard.
«Il faut régler le problème maintenant, parce que c’est les autres ministères qui ont payé pour l’augmentation des coûts en santé et ce n’est pas de cette année que le problème existe», ajoute son collègue à la Santé, Christian Dubé, en entrevue à TVA Nouvelles.
Santé: 43% des dépenses du Québec
Selon des données provenant du ministère des Finances, les coûts de santé au Québec augmentent depuis 17 ans. Ils sont passés de 22 milliards en 2004 à 45 milliards en 2020, sur un budget des dépenses de plus de 107 milliards.
Depuis les années 90, tous les gouvernements successifs ont réclamé plus d’argent à Ottawa pour la santé.
«Historiquement, la contribution du fédéral approchait 50%, aujourd’hui elle est à 22%», souligne le ministre des Finances.
Toujours selon Éric Girard, les fonctionnaires fédéraux sont très conscients de la situation lorsqu’ils se présentent aux séances de travail avec leurs homologues provinciaux.
«Ils ont déposé des chiffres qui montraient exactement ça. La part du fédéral a diminué, lorsqu’on regarde prospectivement les finances publiques du fédéral, qui sont pourtant en meilleure santé que celles des provinces. C’est indéniable que le gouvernement fédéral ne contribue pas suffisamment à la santé au Canada», conclut Éric Girard.
Baisse du pourcentage du transfert canadien en santé dès 2020
De 2004 à 2020, le transfert canadien en matière de santé est passé de 17% à 21%, de quatre à neuf milliards.
Durant la même période, les dépenses du Québec ont doublé pour atteindre 45 milliards en 2020. Ce qui inquiète les ministres, c’est la suite, parce même si Ottawa verse plus d’argents, sa part de financement va diminuer à moins de 20% en 2025, alors que les dépenses atteindront plus de 58 milliards en santé.
«Si ça ne change pas, je ne pense pas que ce soit soutenable, parce que non seulement les “fameux boomers” vont être le vieillissement de la population, mais on a déjà des catégories de 40-45 ans qui eux iront à la retraite dans une vingtaine d’années», clame le ministre Dubé, qui presse Ottawa de délier les cordons de la bourse.
Le ministre des Finances est catégorique. Ottawa est dans une meilleure position financière à long terme que les provinces. «On se projette dans 20 ans, les finances du gouvernement fédéral sont saines et les provinces sont en difficultés en raison de la santé», explique-t-il.
Le premier ministre Legault dressera sa liste de demandes aux chefs fédéraux cette semaine. Il insistera sur le transfert en santé, nous dit-on. Québec, comme les autres provinces, réclame une augmentation de 35% du TCS, ce qui représente six milliards de plus.