Des lacs envahis par les algues bleues
Leur prolifération est particulièrement importante cette année en raison de la chaude température
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Le temps chaud et sec des dernières semaines nuit considérablement à la qualité de l’eau de plusieurs lacs, aux prises avec un important problème de prolifération d’algues bleues.
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« C’est la pire année qu’on n’ait jamais vue, et la température en août ne nous a vraiment pas aidés », s’attriste Alain Duhamel, un homme de 60 ans qui habite autour du lac Roxton, en Montérégie, depuis son enfance.
Les berges de ce plan d’eau, où résident une centaine de riverains, sont couvertes d’algues depuis juillet, soit un mois plus tôt qu’à l’habitude.
Pas facile pour les bateaux
Même si on les désigne parfois comme « algues bleues », ces cyanobactéries donnent le plus souvent une apparence verdâtre aux cours d’eau qu’elles envahissent.
Dans le cas du lac Roxton, on peut d’ailleurs très bien les voir avec leur texture visqueuse.
« Il y a des endroits où les bateaux ont maintenant de la difficulté à circuler », note avec désarroi Alain Duhamel, également coprésident du comité d’environnement du secteur.
« Ça sent la putréfaction »
À cela s’ajoute la présence de plantes envahissantes, qui poussent à travers les algues bleu-vert. Les deux phénomènes ne seraient pas reliés, mais reste qu’il se dégage une odeur nauséabonde de ce mélange.
« À un moment donné, ça chauffe au soleil et ça se met à pourrir. Ça sent la putréfaction et c’est très désagréable pour les gens autour », témoigne M. Duhamel, à court de solutions.
Même sur le mont Royal
Le lac Roxton est loin d’être le seul dans le sud du Québec à être touché actuellement par une poussée d’algues bleu-vert. Même le lac aux Castors, sur le mont Royal, n’y échappe pas.
Les amis de la montagne ont d’ailleurs publié un avis cette semaine pour rapporter la présence d’algues bleu-vert dans ce bassin d’eau artificiel, l’un des seuls lacs à Montréal.
Le problème y est tel que les activités nautiques ont toutes été suspendues et qu’il a été demandé à la population de ne pas toucher à l’eau.
« Ça peut causer des infections sur la peau. Si on se baigne, les algues bleues peuvent donner la gastro. Les animaux aussi peuvent avoir la gastro », prévient le biologiste Richard Beauchemin.
Réchauffement climatique
M. Beauchemin explique que ces indésirables sont nourries par le phosphate qui s’écoule dans les lacs, notamment en raison de l’agriculture, mais aussi à cause d’installations sanitaires inadéquates.
Une large bande végétale entre l’eau et les terrains peut permettre de capter le phosphate avant qu’il ne se fraie un chemin jusqu’au lac.
Malgré tout, les scientifiques s’attendent malheureusement à ce que ce fléau continue de se répandre dans les lacs québécois au cours des prochaines années, alors que l’on appréhende une augmentation du nombre de journées caniculaires en été.
« Quand c’est particulièrement sec et que le niveau d’eau est bas, toutes les conditions sont réunies pour que ça sorte », fait remarquer Hugo Thibaudeau-Robitaille, lui aussi biologiste.