Les délais d’attente pour un taxi explosent partout
De très nombreux chauffeurs n’ont pas repris du service malgré le déconfinement
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Les temps d’attente pour commander un taxi ou un transport Uber n’ont jamais été aussi longs au Québec, comme plusieurs chauffeurs ont choisi de quitter définitivement l’industrie durant la pandémie.
À Montréal comme en régions, toutes les stations de taxis disent être confrontées à la même réalité : plusieurs de leurs chauffeurs n’ont pas repris la route, alors qu’à plusieurs endroits la demande est presque revenue à la normale dès le début de l’été.
« Comme il manque de chauffeurs, ça peut facilement monter à une heure ou deux heures d’attente. Il y a même un client l’autre fois à Québec qui attendait depuis 2 heures 45 quand on est allé le chercher », se désole Edgar El-Kalaani, directeur de Taxi Hypra.
Cette entreprise qui dessert l’ensemble de la province estime que 80 % de ses chauffeurs n’ont pas repris leurs activités.
L’application Uber reconnaît également avoir du mal à fournir depuis le déconfinement.
« On anticipe que la croissance de la demande va se poursuivre à l’automne à Montréal, comme plusieurs festivals sont prévus en septembre et que les restaurants devraient rester ouverts avec le passeport sanitaire », ajoute Jonathan Hamel, gestionnaire des affaires publiques d’Uber au Québec.
Prime de 1000 $ d’Uber
La multinationale américaine offre donc une prime de 1000 $ en commençant pour les nouveaux chauffeurs. Pas question cependant de changer le modèle d’affaires afin de garantir un certain revenu de base.
Et c’est là tout le problème, selon Christian Harvey, un chauffeur de Québec qui a délaissé ce service au début de la crise sanitaire. Car pour ce septuagénaire, la pandémie ne saurait à elle seule expliquer les difficultés de recrutement de la compagnie.
« Uber nous traite comme des numéros. C’était intéressant au départ, mais on s’aperçoit que ce n’est pas payant parce qu’il y a toutes sortes de frais cachés. Et c’est aussi beaucoup plus difficile maintenant d’avoir de l’assistance technique », glisse celui qui travaille maintenant pour une coopérative de taxi.
Surtout du temps partiel
Du côté du taxi traditionnel aussi, les causes derrière l’actuelle pénurie de chauffeurs seraient multiples. Plusieurs citent la loi 17, qui est venue en octobre dernier déréglementer l’industrie.
« Ça ne vaut plus la peine de travailler à temps plein. Il n’y a donc plus de professionnels du taxi, seulement des gens qui font du taxi à temps partiel pour arrondir leurs fins de mois », avance Max-Louis Rosalbert, président du Regroupement de propriétaires de taxi de Montréal.
D’autres rapportent que plusieurs chauffeurs ont migré dans les derniers mois vers les services de livraison de nourriture et qu’ils entendent y rester, comme les clients ont l’habitude d’être plus généreux en pourboire.