Des couteaux livrés par drone: les agents correctionnels s'inquiètent à Donnacona
La sophistication des intrusions inquiète les agents correctionnels
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Le niveau de sophistication des livraisons par drone prend de l’ampleur à la prison à sécurité maximale de Donnacona alors que les détenus se sont fait livrer des couteaux et un poing américain, mais également du matériel pour camoufler leur crime.
« Ça donne froid dans le dos », lance Frédéric Lebeau, représentant des agents correctionnels fédéraux qui avouent être inquiets par la quantité d’armes saisies.
Si la livraison de drogues et de cigarettes par drone aux fenêtres du pénitencier de Donnacona est un problème que les autorités doivent gérer toutes les semaines, les récentes livraisons d’armes ont de quoi rendre nerveux.
- Écoutez l'entrevue de Frédérick Lebeau, président de la région du Québec pour le Syndicat des agents correctionnels du Canada-CSN, à QUB radio:
En quelques jours à peine, les autorités carcérales ont saisi deux couteaux ainsi qu’un poing américain dans des colis livrés par des drones.
C’est sans compter la saisie d’un iPad et d’un cellulaire dernier cri, mais la livraison d’arme blanche à l’intérieur des murs inquiète sérieusement les agents correctionnels.
Bien caché
Bien que les autorités saisissent des colis, l’absence d’un système de détection des drones qui était pourtant prévu d’ici quelques semaines fait en sorte que plusieurs livraisons sont couronnées de succès.
Pire encore, les pilotes de drones livrent également du matériel qui sert à camoufler l’équipement obtenu.
« C’est du crime organisé (dans le) pénitencier, déplore M. Lebeau. Le stock se renouvelle constamment. »
Récemment, un couteau à décaper servant à enlever le scellant autour des fenêtres de la prison afin de recevoir des livraisons directement aux cellules a été trouvé.
Du scellant en silicone pour permettre aux détenus de refermer la fenêtre une fois le colis livré a même été saisi. Des outils, des vis et de la colle ont notamment été retrouvés pour permettre de fabriquer des cachettes plus sophistiquées dans les cellules.
Silence des politiciens
En plus du système permettant de détecter les drones, les agents correctionnels attendent impatiemment les équipements de détection corporelle semblable à ce qu’on trouve dans les aéroports pour intercepter le matériel une fois qu’il est entré dans le pénitencier.
Malgré le projet de loi C-83 mis en place en novembre 2019, Donnacona attend toujours que la technologie soit en place.
Pourtant en pleine campagne électorale, les pénitenciers fédéraux semblent être oubliés. « On ne veut pas en parler, on est l’enfant mal aimé de la famille », remarque M. Lebeau.
Le Service correctionnel canadien a rappelé qu’il allait consacrer 6 M$ dans les prochaines années pour son programme de détection de drones qui est à l’étape de demande de proposition.
Quant aux détecteurs à balayage corporel, un projet pilote est à venir.