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Le Cirque du Soleil, une marque aussi forte que Google

Le grand patron Daniel Lamarre savait que cette notoriété allait sauver le Cirque

Cirque du Soleil
Photo courtoisie Des artistes du Cirque du Soleil sont en répétition pour le spectacle Drawn to Life créé en partenariat avec Disney. Le spectacle prendra l’affiche le 18 novembre. La production sera présentée au Walt Disney World Resort à Lake Buena Vista, près d’Orlando, en Floride.

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Pendant plusieurs mois, le Cirque du Soleil a dû arrêter ses 44 spectacles un peu partout dans le monde, la période la plus critique de son histoire. 

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« On a eu des nuits plus courtes que les autres », avoue le grand patron Daniel Lamarre, en entrevue avec Le Journal depuis son domicile en Floride. 

« On est passé de 1 milliard à zéro revenu. Je ne pouvais pas le croire. C’était triste et préoccupant. Mais j’ai gardé mon optimisme et je me suis dit que la marque était tellement forte qu’on allait trouver des gens qui allaient assurer sa relance », relate M. Lamarre. 

Durant ce temps d’arrêt imposé par la pandémie, le Cirque du Soleil a été acheté par un groupe de firmes d’investissement, notamment par Catalyst Capital, un fonds torontois controversé. 

« On avait zéro revenu et une entreprise était prête à assurer notre relance. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le Cirque possède une marque forte. Les investisseurs ont eu confiance que les gens allaient revenir voir nos spectacles », assure M. Lamarre. 

« On ne réalise pas à quel point le Cirque est connu dans le monde. La crédibilité de la marque est aussi forte que Google ou Apple. Et ma fierté, c’est que le nom du Cirque du Soleil est demeuré en français », poursuit-il. 

Au Québec pour longtemps

Mais avec l’arrivée de Catalyst, le Cirque du Soleil n’a plus d’actionnaires ni d’administrateurs du Québec. Les investisseurs se sont engagés à maintenir le siège social à Montréal pour cinq ans. Mais après ?

« La majorité de nos employés sont ici au Québec. Il y a une chose qui me fait sourire un peu à chaque fois qu’on remet en cause le siège social. La vérité, ç’a jamais été mis en cause par les investisseurs », affirme M. Lamarre. 

Selon lui, les actionnaires ne vont pas déménager le siège social pour des raisons purement économiques. 

« Le siège social qui est là, c’est une infrastructure qui vaut plusieurs millions de dollars. Vous, demain matin, si vous achetez le Cirque, vous ne voulez pas vous défaire de cette infrastructure pour aller rebâtir ailleurs. Ça coûterait plus cher ! Et aussi, le dollar canadien est encore plus faible que la devise américaine ou européenne, donc c’est un avantage d’avoir le siège ici », affirme-t-il. 

Des employés rappelés 

Plusieurs mois plus tard, le Cirque a maintenant quatre spectacles à Las Vegas (Mystère, O, Love et Michael Jackson One) et relancera K en novembre prochain. Puis, Drawn to Life, sa collaboration avec Disney, va prendre l’affiche à Orlando le 18 novembre et Kooza, à Punta Cana. 

« On a tout près de 1000 employés qui sont revenus au travail et chaque fois qu’on rouvre un spectacle, c’est 200 employés de plus qui reviennent. Donc vers la fin de l’année, on aura tout près de 2000 employés qui auront retrouvé leur travail », anticipe M. Lamarre. 

« Ce que je remarque, c’est qu’on suit le vaccin, on va dans les pays où la distribution de vaccins est très importante », conclut-il. 

L’actionnaire numéro 1 sera-t-il assez patient ?  

Le principal actionnaire du Cirque du Soleil est Catalyst Capital, un fonds vautour qui achète des entreprises en difficultés pour les revendre quelques années plus tard avec profits. Son but est donc de voir le groupe fondé par Guy Laliberté retrouver le chemin de la rentabilité le plus rapidement possible. 

« Ce type-là de fonds d’investissement, lorsqu’il entre au capital d’une entreprise, il ne faut pas se leurrer, il entre en réfléchissant déjà à sa sortie. Donc, si on a décidé d’entrer au capital, c’est qu’on voyait du potentiel », affirme Yan Cimon, professeur de stratégie et de gestion à l’Université Laval. 

« Si on regarde l’industrie du Private Equity, les horizons d’investissement peuvent être aussi courts que trois ans. Ça dépend de la patience et de la tolérance, mais c’est clair que l’horizon de Catalyst n’est pas infini », poursuit-il. 

Le patron du Cirque, Daniel Lamarre, affirme toutefois que l’actionnaire principal n’a pas mis de pression pour que le groupe relance ses spectacles. « Non, au contraire, ce sont eux qui nous ont demandé d’être patients. Ils ne voulaient pas qu’on prenne trop de risques », assure M. Lamarre. 

Des millions $ pour la relance

Lors de l’achat du Cirque, le groupe de créanciers qui s’étaient portés acquéreurs – dont Catalyst – avait réduit la dette du Cirque de 900 millions $ et avait injecté 375 millions $ dans l’entreprise. 

Pour retrouver le chemin de la profitabilité, le Cirque utilisera donc cet argent principalement pour retrouver les salles de spectacles un peu partout dans le monde. 

« Nous gérons avec beaucoup de prudence. C’est certain qu’on va s’assurer que tout l’argent qui est mis à notre disposition par les actionnaires sera réinjecté pour la relance des spectacles », assure M. Lamarre.

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