Adepte des skateparks à 73 ans
Le théâtre Omnibus promeut une pièce avec une intrigante vidéo de son fondateur amoureux des acrobaties
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À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Ce n’est pas seulement un coup de publicité : l’acteur et maître du mime Jean Asselin, 73 ans, fréquente assidûment les skateparks, avec sa blonde en planche et leurs deux enfants en trottinette.
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Il y a deux ans, l’acteur a donné une planche à roulettes à sa conjointe. Elle y a pris goût.
« Ma blonde s’étonnait des prouesses des jeunes, alors je me suis dit : si je veux garder ma femme, je dois remettre mes patins ! » raconte-t-il, en riant.
Pour son entrevue au skatepark de Verdun, Jean Asselin a revêtu la redingote du personnage du baron de Charlus qu’il interprétera sous peu dans la pièce de Sylvie Moreau, Dans la tête de Proust.
Demi-centenaire
Je ne suis pas seulement ici pour parler au doyen des galipettes en patins dans les skateparks de la ville, mais aussi parce que la compagnie de création que Jean Asselin a cofondée à l’âge de 23 ans, Omnibus, fête cette année son demi-centenaire. Et sa compagnie, comme lui, semble en grande forme, avec ses codirecteurs et successeurs désignés, Sylvie Moreau et Réal Bossé.
Devant ce septuagénaire acrobatique qui effectue des sauts et monte et descend les rampes abruptes, je ne peux pas ne pas me demander : coudonc, c’est quoi, être vieux ?
« Je ne suis plus aussi agile qu’il y a vingt-cinq ans bien sûr, mais c’est un sport très formateur, le patin à roues alignées, parce que ça apprend à ne pas craindre », m’expli-que l’acteur qui a eu le même professeur de mime que Marcel Marceau et qui était à Prague pendant le Printemps de Prague.
« En patin, comme dans la vie, il y a toujours un moment où il faut se commettre, se lancer, se risquer. »
Âge et « âgisme »
Parlant de risques... Je vais être honnête avec vous : j’ai eu peur du début à la fin que Jean Asselin se casse magistralement la gueule devant moi et se retrouve de l’autre côté de la rue (à l’Hôpital de Verdun). Sa redingote lui tirait les épaules vers l’arrière et lui rajoutait un handicap pour garder l’équilibre. Il avait plu et des flaques d’eau menaçaient de le faire glisser. Pour respecter son personnage, il patinait « à la Guy Lafleur », sans casque.
Quand le photographe a fini son travail, j’ai poussé un soupir de soulagement et je me suis dit : « Fiou ! Je n’ai pas tué Jean Asselin. » « Des jeunes filles sont venues me voir et me dire : vraiment, Monsieur, vous êtes très bon, très très bon pour votre âge ! »
Évidemment, tout le monde au skatepark se rend bien compte que Jean Asselin a 60 ans de plus que bien des jeunes ici, mais il n’a jamais senti qu’on le « jugeait ».
« C’est tellement beau, les skateparks. Les gens ne rouspètent pas. Quand c’est bondé, il y a des enfants de 4 ans avec des bicyclettes, des grands-parents debout dans le chemin, et il y a des pros, mais il y a un respect mutuel. »
Sa présence dans les skateparks déclenche des réactions enthousiastes. « Beaucoup de gens me disent à quel point ça les encourage de voir ce que je fais. »
Vous trouverez la vidéo acrobatique de Jean Asselin en personnage sur le compte Facebook de la compagnie Omnibus.