Triste victoire des antivaccins
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La pression devait être forte au caucus de la CAQ. De toute évidence, Christian Dubé a été acculé au pied du mur.
Encore hier, le ministre de la Santé tenait mordicus à maintenir la ligne dure pour tout le personnel non vacciné du réseau de la santé. Sa réponse était courte et convaincante: «On ne bouge pas sur la date.» Pourtant, 24 heures plus tard, il recule sur toute la ligne.
Bien sûr, les spécialistes en communication du gouvernement Legault ont trouvé une belle réponse pour faire avaler la pilule. Ils laissent entendre qu’on ne gouverne pas par orgueil mais avec des faits. On ne peut pas leur donner tort. Mais pour le ministre Dubé, c’est quand même un coup dur pour sa crédibilité et il le sait très bien.
Il ne fait pas marche arrière uniquement pour celles et ceux qui ont reçu une dose, en leur laissant une chance supplémentaire d’aller chercher la deuxième, mais aussi pour le personnel qui n’a aucune protection vaccinale, qui n’a fait aucun effort. C’est à se demander si la menace n’était que du bluff. Il a beau dire que l’ultimatum tient toujours, qu’il est seulement repoussé d’un mois, qui va encore oser croire le ministre Dubé?
Bien sûr, le bluff, s’il en est un, a quand même porté fruit en partie. Il faut reconnaître qu’il y a plus de huit mille employés de la santé qui ont décidé de se conformer depuis l’annonce de l’ultimatum à la fin août.
Malheureusement, ça ne progressera plus ou presque plus. Si le personnel non vacciné était prêt à être suspendu sans solde plutôt que de recevoir le précieux vaccin, croyez-vous vraiment que le nouvel argument de leur retirer leurs primes COVID-19 et le bonus va avoir un impact?
De toute évidence, l’argent n’a aucune importance pour les gens qui refusent le vaccin. Ce n’est plus rationnel. C’est la peur et la crainte qui les envahissent, c’est plus fort qu’eux, ça semble incontrôlable.
Si l’intention du gouvernement de la CAQ était bel et bien de sécuriser les personnes les plus fragiles dans nos établissements de la santé en leur offrant uniquement du personnel pleinement vacciné, il aurait dû attacher toutes les ficelles avec des appuis solides dans le réseau de la santé, avant d’annoncer l’ultimatum.
Le ministre Dubé a soit sous-évalué la résistance des non-vaccinés et l’ampleur du défi, soit surévalué ses appuis et sa capacité à convaincre.
Cela dit, même si c’est un échec à court terme pour lui, c’est sur l’impact réel qu’il sera jugé. Étant donné que la quatrième vague semble faire moins de ravages que ce qu’on craignait, ça pourrait jouer en sa faveur.