Des similitudes chez deux puissances canadiennes
Il y a plusieurs points communs entre le programme de basketball des Ravens de Carleton et le programme de football du Rouge et Or
Le succès du programme de football du Rouge et Or est indéniable avec 10 conquêtes de la Coupe Vanier depuis 1999. Malgré toutes ces victoires pour la formation lavalloise, il est cependant difficile de faire mieux que le programme de basketball des Ravens de Carleton qui ont remporté 15 des 18 derniers championnats canadiens. Derrière tout ce succès se cachent pourtant bien des similitudes chez les deux programmes sportifs.
Voici les facteurs qui ont été relevés par les deux entraîneurs actuels respectifs (Glen Constantin et Taffe Charles) de chaque programme pour expliquer cette constance à côtoyer le succès sur une aussi longue période.
La continuité vient en tête de liste puisque les deux programmes ont connu de longues périodes de stabilité en réussissant à garder le personnel d’entraîneurs en place.
Chez les Ravens, Dave Smart a longtemps été le visage du programme en remportant 13 des 15 championnats USPORTS de Carleton. Il est l’architecte derrière cette machine de basketball bien huilée et il continue actuellement son association avec le programme comme directeur des opérations basketball. Smart, qui possède le plus haut pourcentage de victoires du circuit universitaire (.925), travaille aussi comme consultant avec les Sénateurs d’Ottawa dans la LNH.
C’est Taffe Charles qui prend le relais en 2019-2020 comme entraîneur-chef du programme. Il gagne d’ailleurs le championnat canadien à sa première saison. Préalablement, il était un assistant entraîneur lors des cinq premiers championnats des Ravens avant de devenir le pilote du programme féminin de Carleton par la suite. Il a même une saison parfaite de 29-0 à son palmarès avec les femmes en 2017-2018.
«C’est crucial pour établir une culture gagnante d’avoir de la constance. J’ai appris énormément de Dave Smart lors mes premières années avec la formation. Je ne fais que continuer cette vision.»
Chez le Rouge et Or, Glen Constantin est le troisième entraîneur-chef de l’histoire du programme et il est présent depuis la création de la formation.
«Avoir été en mesure de travailler et de construire le programme avec relativement le même monde dans mon personnel d’entraîneurs, ça ne fait aucun doute que cela a joué un rôle majeur.»
Viser la progression
L’importance du processus est également revenue rapidement dans les conversations. Il y a un danger de rater des éléments importants pour une formation qui se concentre uniquement sur le résultat.
«C’est tellement important de jouer selon notre standard, peu importe le score ou le déroulement de la partie. L’accent doit toujours être sur notre façon de jouer et non sur nos adversaires», explique Taffe Charles.
Un son de cloche similaire pour Glen Constantin qui parle aux médias québécois de l’importance du processus pour le Rouge et Or depuis qu’il est en poste.
«C’est important de croire en ce que l’on fait. C’est possible qu’il y ait d’autres façons de faire, mais on a notre recette et il faut la garder. Il faut toujours trouver une façon de progresser chaque semaine et si on perd un match, il ne faut pas gaspiller cette défaite. Il faut l’utiliser afin de devenir meilleur.»
Vivre le présent
Un autre point commun relevé par les deux têtes dirigeantes est l’importance de rester dans le moment présent. Un facteur qui parait plus facile à faire qu’il ne l’est en réalité.
«Je dis souvent que notre logo ne gagne jamais de parties, ce sont nos actions qui dictent la victoire. Il faut rester humble à travers le succès et toujours garder en tête la tâche à accomplir», avance le pilote lavallois.
Chez les Ravens, gagner un championnat ne signifie pas partir sur la fête pendant plusieurs jours.
«Je me souviens du premier championnat en 2003. On a fêté le soir même et tous les entraîneurs étaient présents le lendemain pour travailler et préparer le prochain
championnat. Tu ne peux pas vivre dans le passé», explique Taffe Charles, qui a très hâte à son match préparatoire face au programme de basketball du Rouge et Or vendredi soir.
Support important
Que ce soit par les ressources logistiques procurées par l’université pour travailler dans des conditions gagnantes ou par la communauté d’affaires importante derrière le programme de football du Rouge et Or, les deux programmes ont été en mesure de s’épanouir dans un environnement positif.
«Je pense qu’on est le meilleur exemple de l’histoire de USPORTS d’avoir trouvé un appui financier différent avec notre structure, qui comprend un conseil d’administration. Même si l’université est beaucoup plus présente dans les dernières années, il demeure que cette façon de procéder avec Jacques Tanguay en tête est à la base de notre succès.»
Glen Constantin est catégorique que le développement du programme aurait été fort différent sans cette façon de faire.
«Je ne pense que je serais encore en poste à Laval en sachant qu’il aurait manqué des ressources à la vision réaliste de ce que je me faisais comme idée d’un programme de football universitaire canadien. C’était capital de l’obtenir et ce l’est encore.»
Pour Carleton, l’université a été un partenaire de la vision du programme.
«L’université a toujours été là pour nous. On a bien expliqué notre vision et il était impératif pour nous de bien établir le recrutement local avant de penser à voir plus grand. C’est comme ça qu’on a débuté à implanter notre identité et l’université nous a accompagnés dans cette vision.»
Grande admiration
Même si Glen Constantin n’a jamais eu la chance de rencontrer Dave Smart ou l’entraîneur actuel Taffe Charles, il demeure très impressionné par les accomplissements de Carleton. L’entraîneur s’est même permis une petite flèche aux détracteurs de son programme pour terminer cet entretien philosophique.
«C’est vraiment impressionnant ce qu’ils ont réussi à faire. Quand tu gagnes neuf championnats sur dix, tu fais assurément quelque chose de bien. Je pense également que c’est possiblement encore plus difficile de faire cet accomplissement au basketball où je trouve que la parité est possiblement plus facile à atteindre en raison du plus grand nombre de formations. J’ai une seule interrogation. Pourquoi personne ne semble
chialer sur la parité quand Carleton gagne un championnat au basketball alors que c’est assurément différent quand Laval gagne un championnat au football?»