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CORTO 2.0

WE 1023 BD
Corto Maltese Océan noir
Bastien Vives, Martin Quenehen
Éditions Casterman
Photo courtoisie


Après une première collaboration réussie, le tandem derrière Quatorze Juillet récidive pour notre plus grand bonheur en s’attaquant cette fois-ci à une icône du 9e art : Corto Maltese.

À qui appartiennent les héros ? Voilà la question que pose cette audacieuse réinterprétation du mythique aventurier imaginé en 1967 par Hugo Pratt. À cela, le regrettée Henriette Valium, qui nous quitta beaucoup trop tôt à la fin de l’été et qui s’était réapproprié Tintin au cours de sa carrière, m’a un jour affirmé « Tintin, yé a moé ». 

Est-ce que Bastien Vives et Martin Quenehen se sont approprié le célèbre flibustier ? « Corto est un pirate. Il fait main basse sur des choses qui ne lui appartiennent pas, mais – et c’est là ce qui en fait un héros tellement unique – c’est toujours pour, in fine, en révéler la beauté ou les transformer en carburant pour partir à l’aventure... C’est un alchimiste ! Donc, j’ai assumé le fait que, dans cette histoire, Bastien et moi étions des pirates vis-à-vis de Pratt ! Et je me dis qu’Hugo aurait apprécié la démarche », affirme le scénariste Martin Quenehen. « Comme tous les lecteurs et lectrices de Corto, quand j’ai découvert ses albums, je me suis pris pour Corto. Alors, en écrivant Océan noir, j’ai décidé de me dire : “Corto, c’est moi !” Cela m’a donné à la fois la possibilité de me glisser authentiquement dans sa peau et la liberté nécessaire pour imaginer cette aventure originale. À l’arrivée, j’espère que l’éthos, le caractère de Corto, a été respecté, et que tout le monde le reconnaîtra, ou plutôt se reconnaîtra dans cette aventure comme dans les précédentes... » 

Essence intacte

Même si les auteurs campent l’action le 11 septembre 2001 – une condition sine qua non de Bastien Vives d’ancrer Corto à notre époque –, qu’ils rompent avec les règles de nudité et de politique, et que Corto tronque le caban pour une veste sportive et le couvre-chef pour une casquette, l’essence du marin d’un autre siècle demeure intacte. Car leur Corto opère dès la première page chez les lectrices et lecteurs ouverts d’esprit la même fascination que celui de Pratt. 

« Pour moi, la sexualité, le désir sont primordiaux dans une histoire, Pratt savait aussi très bien les utiliser. Je les ai représentés à ma sauce tout en les adaptant au récit et aux personnages afin que ce soit cohérent avec l’histoire. », explique le génialissime illustrateur de Polina du Goût du chlore

« En travaillant avec Martin Quenehen, je voulais me reconcentrer sur mon dessin et ma mise en scène, pouvoir y mettre toute mon énergie, et surtout profiter de Martin pour raconter autre chose, à un moment où je commençais à ressentir sérieusement mes limites. » À l’éclairage et aux masses de noir qui constituent la signature graphique de la série, Vives ajoute de la rondeur, du mouvement, d’habiles jeux de cadrage, insufflant au héros sans âge une énergie et une indéniable sensualité. 

Les puristes, qui verront dans ce formidable album source de parjure, pourront toujours s’en remettre à Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero, repreneurs officiels de la série qui font de l’excellent boulot depuis déjà trois albums. Dommage toutefois qu’ils boudent pareil plaisir. Après tout, Corto n’appartient pas qu’à eux... 

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WE 1023 BD
Elle s’appelle Echo
Katherena Vermette, Scott B. Henderson, Donovan Yaciuk
Éditions Glenat Québec
Photo courtoisie

Echo, une métisse de 13 ans vivant à Winnipeg, découvre l’histoire de ses aïeux dans le cadre de son cours d’histoire. L’adolescente solitaire et maussade se projette dans le passé, se retrouvant inexplicablement plongée au cœur de la guerre du Pemmican, alors qu’un conflit commercial opposant la Compagnie de la Baie d’Hudson et celle du Nord-Ouest décime son peuple. Cette nouvelle série est d’une importance capitale, alors que son autrice, Katherena Vermette, également métisse, prend parole dans ce récit historique copieusement documenté. En cette ère de réconciliation, l’écoute des allochtones à l’endroit des différents peuples autochtones en constitue le premier pas. La lecture d’Elle s’appelle Echo s’avère en ce sens nécessaire.

WE 1023 BD
Les nouvelles aventures de Lapinot Tome 7 : Midi à quatorze heures
Lewis Trondheim
Éditions L’Association
Photo courtoisie

Amorcées en 1997, Les aventures de Lapinot s’étaient abruptement interrompues en 2003, après que son créateur, Lewis Trondheim, eut tué son héros. À la surprise générale et au bonheur de l’immense horde de lectrices et lecteurs, le lapin philosophe, qui subit l’aventure plus qu’il la recherche, flanqué de Richard, son meilleur ami à la maturité d’un enfant de 5 ans, ressuscite en 2017. Depuis, Trondheim enchaîne les albums à un rythme effréné. Dans ce septième album – qui constitue la sixième « nouvelle aventure », car le tome précédent paraîtra à la fin de 2021 –, Lapinot se retrouve plongé au cœur d’un complot politique visant à assassiner le président de la République, tout en tentant d’enrichir son vocabulaire afin de séduire une éditrice. Lapinot est en quelque sorte le Seinfeld du 9e art. À lire sans modération.







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