Québec met la hache dans la culture religieuse à l’école
On veut davantage des jeunes citoyens respectueux et à l’esprit critique
Coup d'oeil sur cet article
Le ministre de l’Éducation recentre le cours d’éthique et culture religieuse sur les fondements de la société québécoise, ce qui suscite des réactions mitigées.
• À lire aussi: La libération du ministre Roberge
• À lire aussi: Jean-François Roberge s’allie au ministre anti-woke d’Emmanuel Macron
« L’ancien programme reposait sur un dogme [...] que c’est l’appartenance à une communauté religieuse qui définit essentiellement notre identité. On ne peut plus tolérer ce genre de biais au Québec dans nos écoles », a fait savoir le ministre Jean-François Roberge dimanche, soulignant que cela allait à l’encontre des valeurs québécoises.
Le nouveau programme présenté dimanche à Montréal se déclinera en trois axes : culture, citoyenneté québécoise ainsi que dialogue et pensée critique.
« On doit apprendre à l’école à aborder des questions sensibles et demeurer respectueux lorsqu’on est en désaccord », a souligné le ministre.
Les écoles pourront implanter graduellement ces notions dès septembre 2022. Le cours sera obligatoire l’année suivante.
- Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation sur QUB radio :
Satisfaction et réserves
Le président du Mouvement laïque québécois, Daniel Baril, salue le virage du gouvernement Legault.
« L’approche que défend le ministre me paraît quand même positive, sur l’emphase mise sur la culture québécoise [...] comme pôle de référence. On parle aussi de liberté de conscience plutôt que de liberté de religion », souligne-t-il.
La façon dont sera abordée la religion sera à surveiller.
« Où est-ce qu’ils vont situer le christianisme dans la culture québécoise ? Parce que c’est un fait qui ne peut pas être nié », soulève l’expert de l’actualité religieuse Alain Pronkin.
- Écoutez la rencontre des analystes politiques Elsie Lefebvre et Marc-André Leclerc sur QUB radio
Motifs politiques ?
La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, elle, a une « sérieuse inquiétude » devant la nouvelle mouture du cours.
Le vice-président Léandre Lapointe souligne qu’il faut éviter une « instrumentalisation de l’éducation à des fins politiques ».
Le syndicat soulève aussi qu’il faudra éviter le piège du cours « fourre-tout », et considère que « deux heures par cycle seront assurément insuffisantes ».
« La grande plus-value dans l’écriture du cours qui s’en vient, c’est une répartition des thèmes dans le temps en fonction de l’âge et de l’intérêt des élèves », a souligné M. Roberge.
Les trois piliers du nouveau programme
Culture
- Fondements de la société québécoise
- Évolution de la culture au fil des années
- Implication des Premières Nations
- La façon dont une culture prend forme dans le monde
Citoyenneté québécoise
- Liberté d’expression, de conscience, laïcité, valeurs
- Éducation aux médias, vraies et fausses nouvelles
- Éducation sexuelle, notion de consentement, exploitation sexuelle, égalité des sexes
Dialogue et pensée critique
- Développement de l’esprit critique
- Échanges dans le respect
- Positionnement face à des enjeux socioculturels
- Apprentissage de l’argumentation à l’ère où la censure « prend de plus en plus de place dans notre société »
Ce qu’ils ont dit
« Je crois que notre langue, notre culture, notre histoire, c’est ce qui constitue l’identité de la nation québécoise. [...] Il faut que l’on puisse transmettre ce que nous sommes. »
– Pierre Curzi, acteur, ex-député et ex-président de l’UDA
« C’est un premier pas, parce qu’il va falloir faire autre chose. C’est comme le Far West présentement sur les médias sociaux. J’ai dans mon téléphone des captures d’écran de toutes sortes de bêtises que j’ai reçues. »
– Dany Turcotte, ex-coanimateur de Tout le monde en parle, sur l’éducation aux réseaux sociaux
« La violence conjugale [...] c’est un problème sociétal. Et une des clés qui fait partie du trousseau de clés de solutions, c’est l’éducation. »
– Ingrid Falaise, comédienne
« Le développement de la pensée critique est au cœur du projet éducatif, et toutes les visions du monde, quelles qu’elles soient, peuvent et doivent être critiquées et confrontées aux réalités de notre époque »
– Claude Kamal Codsi, président du Rassemblement pour la laïcité