Qui soignera-t-on?
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Le Journal rapportait que les gens non vaccinés contre la COVID-19 n’auraient pas droit à une greffe pulmonaire. Un reportage du Devoir traitait du cas d’une patiente mise en attente parce qu’elle refuse de se faire vacciner.
Le docteur François Marquis, intensiviste à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, suggérait de donner la priorité aux gens vaccinés pour les opérations non urgentes.
D’autres voudraient que les récalcitrants assument les frais de dépistage.
Les besoins en santé sont illimités, les ressources sont toutefois limitées.
Ce n’est pas sans interpeller nos choix socioéconomiques et ébranler le temple des libertés individuelles !
Responsabilisation
Tout en étant libres de leur choix, il incombe aux personnes de s’assurer qu’elles ne deviennent pas des inconvénients pour autrui. Par défaut, elles devraient mitiger ceux-ci.
Je peux dire d’entrée de jeu que je suis provaccin et que j’ai reçu trois doses. Je ne crois pas au charabia des pseudo-scientifiques qui déclarent que les vaccins n’ont pas éradiqué de graves maladies.
Pour revenir à la décision du CHUM de ne pas transplanter de nouveaux poumons chez les gens non vaccinés, je la comprends parfaitement. Il n’y a pas assez de donneurs pour le nombre de receveurs inscrits.
C’est normal de miser sur les personnes qui comportent le moins de risque et de ne pas vouloir gaspiller d’organes.
D’ailleurs, il n’y a pas que la non-vaccination qui empêche une greffe pulmonaire. L’âge et la condition générale des autres organes sont scrutés à la loupe.
Comme en Formule 1, il faut passer les épreuves de qualification et avoir reçu l’aval d’un comité multiprofessionnel avant d’être inscrit sur la liste de Transplant Québec.
On peut refuser le vaccin, on doit cependant en accepter les conséquences en tout respect d’un collectif nettement majoritaire qui cherche à se protéger.
Jusqu’où ?
Au-delà de la hargne des antivaccins et de l’exaspération des provaccins, les décisions du CHUM et les suggestions du docteur Marquis soulèvent de sérieuses interrogations sur les responsabilités de l’État et des citoyens dans un contexte où les camps « pro et anti » vaccins se radicalisent.
Aujourd’hui, ce sont les non-vaccinés qu’on place loin dans la file d’attente et je ne suis pas en désaccord.
Certains voudraient même leur faire payer les tests de dépistage pour les rendre encore plus conscients de leur négligence.
Après la pandémie, est-ce que la population deviendra plus rébarbative à prodiguer des soins aux personnes qui ont des habitudes de vie toxiques ? Tabac, alcool, obésité et autres ?
Nous assurons collectivement les soins de santé et ce sont les personnes individuellement qui peuvent l’abîmer. Le pas est vite franchi par plusieurs pour dire qu’ils n’ont pas à payer pour la négligence des autres.
Dans un contexte de manque de ressources, la tendance à scruter les chances de se rétablir ou de survivre en examinant les habitudes de vie sera prédominante.
Prendre soin de sa santé constitue aussi une responsabilité individuelle et une façon d’user de sa liberté à bon escient.