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Université Laval: de futurs enseignants faibles en français

Le taux de réussite au test diagnostique de l’UL en baisse

Collège Jean-Eudes
Photo Chantal Poirier


Les futurs profs qui étudient à l’Université Laval sont de plus en plus nombreux à devoir suivre des cours de rattrapage en français parce que le taux de réussite au test diagnostique, réalisé au début de leur formation, est en forte baisse depuis cinq ans. 

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À leur entrée dans un programme d’enseignement de l’Université Laval, les étudiants doivent passer un test qui permet d’évaluer leur maîtrise du français écrit, le Test de français Laval-Montréal (TFLM). 

Les mesures de rattrapage imposées ensuite aux étudiants varient en fonction de leur résultat. Ceux qui ont obtenu entre 60% et 75% doivent s’inscrire à un cours de rattrapage en français, alors que ceux qui y ont échoué doivent en suivre deux.  

Or le taux de réussite à cet examen, pour l’ensemble des étudiants admis en enseignement à l’Université Laval, est passé de 58% à 42% au cours des cinq dernières années. 

Dans le programme d’éducation préscolaire et d’enseignement primaire, le taux de réussite est même passé de 57% à 39% pendant la même période (voir encadré). 

Le TFLM est aussi utilisé à l’Université de Montréal, dans les programmes d’enseignement. L’établissement a toutefois refusé de nous transmettre des données à ce sujet, même si la requête a été formulée par le biais d’une demande d’accès à l’information. 

Du soutien dès le début

À l’Université Laval, on prend acte de la situation sans toutefois s’avancer sur des pistes d’explication. 

«On accueille toutes les personnes qui viennent chez nous avec leurs forces et leurs défis. Ce test-là sert à identifier les personnes qui ont besoin d’accompagnement un peu plus serré. Ça nous permet de leur offrir des mesures de soutien dès la première année de leur formation», affirme Anabelle Viau-Guay, vice-doyenne aux études de premier cycle à la Faculté des sciences de l’éducation.  

On fait passer ce test «en prévision» de la passation du fameux TECFÉE, le Test de certification en français écrit pour l’enseignement. Sa réussite est obligatoire en fin de parcours, pour l'obtention du brevet d’enseignement.  

Le nombre de passations du TECFÉE n’est toutefois pas limité, si bien qu’un étudiant peut refaire l’examen plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il obtienne la note de passage. 

«Nos étudiants ont peut-être des difficultés en arrivant, mais on les aide à les surmonter et quand ils sortent de chez nous, ils sont excellents», tient à préciser Mme Viau-Guay. 

Ce verdict n’est toutefois pas partagé par Suzanne-G. Chartrand, professeure en didactique du français à la retraite, qui dénonce les lacunes en français des élèves et des futurs enseignants depuis des années. 

«Ces chiffres sont éloquents», laisse-t-elle tomber, tout en précisant que le TFLM n’est pas un examen «très ardu».  

Ces données illustrent bien à quel point il est de plus en plus difficile de recruter des étudiants en enseignement, affirme-t-elle: «On n’attire plus les bons étudiants. Parmi ceux qui ont été admis, il y en a beaucoup qui ne peuvent être admis nulle part ailleurs.» 

La situation est en effet différente dans d’autres programmes de formation plus convoités. À l’Université Laval, les étudiants en communication publique et en journalisme doivent aussi passer le TFLM au début de leur formation. Or les taux de réussite au test diagnostique dans ces deux programmes sont plus élevés et en légère hausse depuis cinq ans. 

La charge de travail, les conditions d’emploi et la concentration d’élèves en difficulté dans les classes ordinaires sont autant de raisons qui expliquent que les étudiants ne se bousculent pas aux portes des universités pour devenir enseignants, ajoute Mme Chartrand. «On tourne en rond», laisse-t-elle tomber. 

Taux de réussite au test diagnostique (TFLM)      

Université Laval 


2016-2017
2017-2018 2018-2019 2019-2020 2020-2021
Éducation préscolaire et enseignement primaire 56,7% 45,9% 40,9% 34,7% 39,3%
Enseignement secondaire 62,7% 63,5% 64,0% 53,6% 48,0% 
Tous les programmes d’enseignement 58,2% 51,5% 47,5% 42,1% 42,1%  

Source: Université Laval

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