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COP26: le Canada et le Québec devront passer à l'action

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Photo AFP Des membres des brigades des rebelles rouges et des rebelles bleus, de l’organisation environnementale Extinction Rebellion, ont interprété une cérémonie funéraire au cimetière Necropolis, de Glasgow, en Écosse, samedi, estimant que la conférence COP26 sur les changements climatiques a été un échec.

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Après une entente sur fond de compromis qualifiée de demi-pas en avant, le Canada et le Québec reviennent de la COP26 avec la pression de passer à l’action, insistent des experts qui appellent la population à suivre de près nos gouvernements.

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Après les promesses et les paroles vertueuses, il est maintenant temps d’agir, insistent des experts en transition énergétique consultés par Le Journal.

Tant au Québec qu’au Canada, on sent la volonté, mais c’est dans l’application que les choses accrochent, déplore Normand Mousseau, directeur de l’Institut de l’énergie Trottier, organisme de la Polytechnique visant la formation et la recherche dans le domaine de l’énergie.

  • Écoutez l'entrevue de l'analyste des politiques climatiques pour Équiterre, Émile Boisseau-Bouvier, avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:

« C’est vraiment là que le bât blesse. Le gouvernement refuse de faire ce qu’il faut faire pour atteindre ses propres objectifs. [...] En fait, dans certains cas, ils font le choix politique d’aller à l’encontre de ces cibles », souligne celui qui est aussi professeur à l’Université de Montréal, citant en exemple les questions de transport ou des projets de développement.

Enjeux à suivre

Au niveau fédéral, le professeur de droit Géraud de Lassus Saint-Geniès fait remarquer que le tableau pourrait changer.

Plusieurs engagements de la COP26 ressemblent en tous points à des promesses électorales du gouvernement Trudeau, notamment les cibles de réduction du méthane, du charbon, des plafonds d’émissions de gaz à effet de serre des industries énergétiques.

« Ça donnera une grande légitimité au programme du gouvernement. [...] Ils pourront dire : “Voyez, la majorité des États de la planète se sont engagés à la même chose” », explique le spécialiste du droit des changements climatiques de l’Université Laval.

Reste maintenant à voir si le tout s’appliquera dans la pratique, tempère Eddy Perez, directeur de la diplomatie climatique internationale pour le Réseau action climat Canada, parlant d’un « test de crédibilité ».

« Le Canada a encore un problème de crédibilité puisque l’industrie pétrolière et gazière fait que nous sommes le seul pays du G7 à voir ses émissions augmenter depuis l’Accord de Paris. [...] Si on ne réussit pas à baisser les GES et diminuer la portée de l’industrie fossile au pays, ça va rester un show de boucane », prévient-il.

Le 3e lien

Quant au Québec, il devra justifier ses décisions d’aménagement du territoire et de développement urbain, notamment dans son projet de troisième lien, soutient M. Saint-Geniès. 

« Dans les décisions de la COP26, on souligne abondamment l’importance de la science, et de l’avis des scientifiques. [...] Dans ce contexte, je trouve étrange le décalage d’un gouvernement qui nous dit que peu importe ce que dira la science, on ira de l’avant avec un projet qui aura un impact sur les changements climatiques », souligne-t-il rappelant la déclaration du ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

Et au-delà des ententes, des cibles, des degrés de réchauffement et des tonnes d’émissions, comment le citoyen ordinaire doit se sentir concerné par les conclusions de la COP26 ? 

« Ça nous concerne tous », insiste Émile Boisseau-Bouvier, d’Équiterre.

« Par exemple, la différence entre 1,5 et 2,4 degrés de réchauffement, comme ce qui a été discuté cette semaine, c’est possiblement des vagues de chaleur qui font en sorte que le prix de notre épicerie explose. Ce sont nos hivers, est-ce qu’on va garder le même mode de vie ? Ce sont nos paysages et notre territoire avec l’érosion côtière. C’est très concret ».

Le vote, pouvoir réel du citoyen

Le principal levier de la population, au-delà des efforts individuels, réside donc dans le suivi que l’on fera des engagements pris cette semaine, estiment les spécialistes. 

« Une fois qu’on chauffe à l’électricité, qu’on habite proche de nos services et qu’on a une voiture électrique, on ne peut pas faire grand-chose de plus. Les trois quarts des émissions ne sont pas entre les mains des citoyens, donc ce qu’on peut faire, c’est de mettre l’accent où il faut et voter correctement », croit Normand Mousseau.

Des réactions   

« On est tous dans le même bateau et si chaque pays agit pour lui, on ne réglera pas la crise. Personne n’est à l’abri si tout le monde tire la couverte de son bord, ça prendra une réelle solidarité. »

– Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques, Équiterre

« C’est facile de pointer du doigt les grands méchants [...] de l’Alberta, mais le Québec en termes de réduction [de GES] depuis 1990, n’a pas bougé. Il faut arrêter de se dédouaner en disant que l’Alberta ne bouge pas. »

– Normand Mousseau, de l’Institut de l’énergie Trottier

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