Rouge et or
Une saison dans les coulisses du
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Tout au long de la dernière saison, le photographe Mathieu Bélanger est entré dans le quotidien du programme de football du Rouge et Or de l’Université Laval, le plus titré au Canada.
Il a capturé en photos les moments forts de cette 26e campagne du Rouge et Or : la joie des victoires, l’agonie des défaites, l’ardeur à l’entraînement, les attrapés spectaculaires, les plaqués décisifs.
Mais il a aussi fait un saut dans le quotidien des joueurs et des entraîneurs. Il a eu accès au vestiaire de l’équipe, cet antre sacré où l’on ne met pas le pied quand on n’endosse pas l’uniforme rouge et or.
Voici le Rouge et Or de l’Université Laval comme vous ne l’avez jamais vu.
Quand le camp d’entraînement du Rouge et Or se met en branle, le 7 août, il y a 17 mois que les joueurs n’ont pas enfilé l’uniforme. La pandémie de COVID-19 a forcé l’annulation de la dernière saison. Entretemps, des vétérans ont quitté l’équipe. Des recrues ont des postes à gagner.
La bataille est féroce pour le poste de quart-arrière partant. La recrue Arnaud Desjardins obtient sa chance, mais c’est finalement à Thomas Bolduc que reviendra le privilège d’amorcer le premier match de la saison.
Le Rouge et Or amorce la saison régulière en recevant au Stade Telus de l’Université Laval les Redbirds de McGill, le 29 août. Ce match est le premier de l’équipe en 659 jours. Ils sont 6500 fanatiques à s’être déplacés afin de retrouver leurs favoris, dans un des premiers grands événements tenus à Québec depuis le début de la pandémie.
Pour son retour à la compétition, l’Université Laval signe une courte victoire de 17 à 11 aux dépens de McGill. «On était quand même rouillés et il y avait du jeu brouillon, ce n’était pas le plus beau spectacle de football», admettra Glen Constantin après cette rencontre serrée.
La deuxième rencontre de la campagne s’avère plus rassurante pour Glen Constantin et son personnel d’entraîneurs. Face aux Stingers, à l’Université Concordia, le Rouge et Or l’emporte 33 à 7, le 4 septembre. La défensive de Laval a le dessus sur le quart Olivier Roy, qui remportera en fin de saison le titre d’athlète par excellence du RSEQ.
Après deux victoires, la saison du Rouge et Or allait toutefois prendre une tournure inattendue. Le 11 septembre, Laval se rend à Sherbrooke afin d’affronter le Vert & Or.

Le Rouge et Or a remporté ses 32 affrontements face au Vert & Or depuis les débuts du programme de football de Sherbrooke. Le 11 septembre allait donc être une date historique : les Lavallois commettent trop de revirements et s’inclinent 23 à 17.
«Ils ont joué un bon match et ont évité les erreurs, dira Glen Constantin après la rencontre. De notre côté, on n’a jamais été en mesure de s’imposer.»
L’Université Laval quitte l’Estrie avec un amer goût de déception en bouche. Et les joueurs savent que le prochain défi sera encore plus grand. Une semaine plus tard, ils reçoivent leurs grands rivaux, les Carabins de l’Université de Montréal.
Les deux équipes reprennent là où elles ont laissé avant l’année de pause forcée. On a droit à du jeu serré tout au long du match, que les Carabins remportent finalement par un petit point, 18 à 17.
Un placement de 44 verges en fin de match aurait pu donner la victoire aux locaux, mais le botteur Vincent Blanchard a raté sa tentative.
«On affrontait une meilleure équipe avec un meilleur quart-arrière, a déclaré Glen Constantin après la partie. Je pense que si on perd par un point contre Montréal, c’est quand même bon au niveau de la progression de l’équipe.»
Ce 19 septembre est une autre date historique pour le Rouge et Or. Pour la première fois en 22 ans, l’équipe perd deux matchs de suite.
Après le revers face aux Carabins, le Rouge et Or bénéficie d’une semaine de pause. Glen Constantin en profite pour brasser les cartes. Il donne le ballon au quart-recrue Arnaud Desjardins, qui obtiendra le premier départ de sa carrière universitaire chez lui à Montréal, pour la rencontre face aux Redbirds au Stade Percival-Molson.
L’entraîneur-chef précise que Desjardins obtiendra quelques départs. Il aime donner plusieurs matchs à ses quarts afin qu’ils s’acclimatent.
Le Rouge et Or sort alors de sa léthargie. Le 2 octobre, il pulvérise les Redbirds 55 à 2. Il s’agira de sa victoire la plus décisive de la saison.
La semaine suivante, les Stingers de Concordia sont de passage à Québec avec leur quart Olivier Roy, qui, plus tôt dans l’année, a pulvérisé le record de verges par la passe en en amassant 580 face au Vert & Or. Même si Laval a battu Concordia en début d’année, les Stingers ne seront pas à prendre à la légère.
Une fois de plus, la défensive du Rouge et Or réussit à maitriser Roy. Les joueurs de Glen Constantin s’imposent 36 à 10 face aux Stingers.
L’heure est à la revanche la semaine suivante. Le Vert & Or, qui a infligé à Laval sa première défaite de la campagne, est de passage au Stade Telus.
Les joueurs de Glen Constantin continuent de s’imposer tant offensivement que défensivement. La victoire est sans appel: le Rouge et Or l’emporte 45 à 2.
Grâce à ce triomphe, les Lavallois s’assurent de terminer au moins au deuxième rang de la conférence québécoise. Mais pour finir au sommet du classement du RSEQ, ils auront un défi de taille : battre les Carabins dans le bruyant CEPSUM, dans le dernier match de la saison.
À leur arrivée à Montréal pour le dernier match de la saison régulière, les joueurs du Rouge et Or savent que la tâche sera lourde. Les Carabins n’ont encaissé qu’un revers cette saison, une défaite surprenante aux mains des Stingers de Concordia.
Les Bleus ont battu Laval par un point dans le premier affrontement entre les deux équipes. Mais cette fois, les nombreuses recrues de l’équipe, dont le quart Arnaud Desjardins, devront non seulement se mesurer à une formation dominante, mais aussi la foule du CEPSUM, réputée comme hostile et bruyante.
Le Rouge et Or amorce cette rencontre décisive en force. Les unités spéciales bloquent un botté de dégagement des Carabins. À la reprise du ballon, le receveur Kevin Mital réussit une course de 22 verges qui donne les devants 7 à 0 à Laval.
Mais menés par le quart Jonathan Sénécal, les Bleus reviennent rapidement en force. Une longue séquence offensive, puis un botté échappé par les Lavallois, permettent aux Carabins de prendre les devants 14 à 7.
Les locaux ne regarderont plus jamais derrière et s’imposeront finalement 35 à 14. C’est la plus sévère correction infligée par les Carabins au Rouge et Or depuis le retour de l’Université Laval au sein du RSEQ, en 2002.
«On a fait plusieurs erreurs. C’est une leçon d’humilité qu’on vient de recevoir», admet après le match le porteur de ballon Vincent Breton-Robert.
Pour la première fois en cinq ans, le titre de champion de la saison régulière échappe aux joueurs de Glen Constantin.
En raison de sa deuxième place au classement québécois, le Rouge et Or reçoit au Stade Telus les Stingers de Concordia pour son premier match éliminatoire, le 6 novembre.
Une équipe que Laval a facilement battue en saison, mais qui représente tout de même un défi en raison de sa bonne offensive.
Et comme de fait, ce sont les Stingers qui ont le contrôle du match en première demie. Il faudra attendre les dernières secondes du deuxième quart pour que le Rouge et Or prenne les devants, 13 à 10.
Les Lavallois ne perdront plus leur avance. Ils disputeront une deuxième demie parfaite pour l’emporter 30 à 10 et mériter leur billet pour une 18e Coupe Dunsmore de suite.
Pour une septième année de suite, la Coupe Dunsmore mettra aux prises les plus grands rivaux de la conférence québécoise : le Rouge et Or et les Carabins.
L’Université Laval obtient la chance de se venger de la défaite subie aux mains des Bleus deux ans auparavant, un revers douloureux subi sur son propre terrain. Quant à Montréal, ils visent un premier championnat québécois au CEPSUM.
Comme il l’avait fait lors du dernier affrontement entre les deux équipes, c’est le Rouge et Or qui prend les devants tôt dans la rencontre. Un touché du receveur Kevin Mital et un placement du botteur Vincent Blanchard procurent à Laval une avance de 10 à 0 après un quart, à la stupeur des nombreux spectateurs au CEPSUM.
Le quart des Carabins, Jonathan Sénécal, retrouve son aplomb dès le deuxième quart. Il multiplie les passes, notamment au receveur Bertrand Beaulieu, et les courses pour ramener les Bleus dans le match.
Dès lors, l’Université de Montréal ne regardera plus derrière. Un scénario qui, au désarroi des Lavalloise, rappelle la dernière confrontation de la saison régulière.
Le Rouge et Or tente de revenir dans le match au troisième quart. Blanchard réussit un placement et le receveur Mathieu Robitaille inscrit un majeur. La tentative de converti est toutefois bloquée par les Carabins.
Le mal est fait. Les Carabins s’imposent 28 à 19. Pour la première fois de son histoire, Montréal est couronné champion de la Coupe Dunsmore devant ses fans. Quant à l’Université Laval, elle rate sa chance de se rendre jusqu’au match de la Coupe Vanier, disputé à Québec
Malgré l’amertume de la défaite, Glen Constantin se dit fier de ses protégés, dont plusieurs en étaient à leur première saison. «On ne va gaspiller cette défaite. Elle va nous servir pour l’an prochain», a-t-il dit aux journalistes après le match.