Les recommandations d'un directeur d'école pour freiner le décrochage scolaire
La pandémie risque d’aggraver encore davantage le décrochage scolaire, craint David Bowles dans un livre
Coup d'oeil sur cet article
Le Québec faisait déjà figure de cancre en matière de diplomation à l’échelle canadienne et les effets collatéraux de la pandémie risquent d’aggraver encore davantage la situation dans les années à venir, craint David Bowles, président de la Fédération des établissements d’enseignement privés. Dans un essai rédigé à titre personnel, Réflexions d’un directeur d’école pour injecter une dose de persévérance scolaire au Québec, il met au jeu 55 recommandations en vue de réduire le décrochage scolaire. En voici quelques éléments.
• À lire aussi: Le quart des derniers cas de COVID-19 au Québec ont moins de 10 ans
Les CPE gratuits pour les enfants de 4 ans
En parallèle avec le déploiement des maternelles 4 ans, le réseau des CPE devrait être élargi et gratuit pour tous les enfants de cet âge, afin d’aider davantage de tout-petits à partir du bon pied, affirme David Bowles.
Les CPE devraient même être intégrés au parcours scolaire en offrant leurs propres programmes éducatifs approuvés par le ministère de l’Éducation, ajoute le directeur d’école.
Programmes particuliers accessibles à tous
Alors que des voix s’élèvent pour remettre en question les programmes particuliers sélectifs, David Bowles milite plutôt pour qu’ils deviennent accessibles à tous, en particulier aux élèves en difficulté qui ont le plus besoin d’une bonne dose de motivation pour se rendre à l’école chaque matin.
Les élèves devraient pouvoir obtenir davantage de périodes de récupération si leurs résultats diminuent plutôt que d’être exclus de leur programme. C’est la formule adoptée au Collège Charles-Lemoyne, que dirige M. Bowles sur la Rive-Sud de Montréal, où on retrouve près de 50 % d’élèves avec un plan d’intervention. Tous, sans exception, sont inscrits dans un profil particulier.
Placer l’éducation au cœur de la relance post-COVID-19
M. Bowles se désole que la lutte au décrochage scolaire ne soit pas élevée au rang de « priorité nationale » au Québec, surtout dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre. « Il faut qu’on s’y attaque, on n’en entend pas assez parler », lance-t-il.
Québec a bien présenté en mai un Plan de relance pour la réussite éducative doté de 110 millions $, mais le directeur d’école déplore que le premier ministre François Legault n’ait pas insisté davantage sur l’importance de la diplomation dans son discours d’ouverture, prononcé à la mi-octobre.
Se trouver un avenir après le secondaire
Pour aider les jeunes susceptibles de décrocher, davantage de services en orientation devraient être disponibles dès le début du secondaire pour les motiver davantage à persévérer, affirme M. Bowles.
La formation professionnelle devrait être davantage valorisée et les écoles secondaires devraient offrir plus de souplesse aux élèves qui décident de se diriger vers cette voie, en ne les obligeant pas à compléter des cours qui ne sont pas requis pour cette formation.
Comme en Ontario, l’école devrait être obligatoire jusqu’à l’âge de 18 ans ou jusqu’à l’obtention d’un diplôme.
Assurer la réussite des garçons
Le décrochage scolaire est important au Québec, mais il l’est encore plus dans les rangs des garçons. Pour les intéresser davantage à apprendre en classe, le directeur d’école propose de miser sur des compétitions amicales en classe, dont raffolent habituellement les garçons.
Davantage d’efforts devraient être faits pour recruter des hommes en enseignement, afin d’offrir aux garçons plus de modèles masculins dans les écoles. Les entraîneurs sportifs, qui peuvent avoir une grande influence sur les élèves, devraient par ailleurs suivre de près leurs résultats académiques et dossiers disciplinaires afin d’intervenir au besoin, ajoute-t-il.