Troisième lien: un 10 milliards $ bien mal investi
Immédiatement après les élections du 7 novembre, les élues et élus de toutes les municipalités ont dû se mettre au travail en vue de l’adoption de leur budget annuel, tout en essayant d’y intégrer des engagements qu’ils ont pris en campagne électorale. Toutefois, un projet du gouvernement Legault risque de se placer au travers de leur chemin.
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En effet, le gouvernement du Québec projette de construire un tunnel autoroutier entre Québec et Lévis au coût de 10 milliards $, et ce, sans avoir dévoilé aucune étude qui en démontre le besoin. Il s’agirait d’un gaspillage éhonté de fonds publics, qui réduirait notre capacité à réaliser d’autres projets d’infrastructures beaucoup plus significatifs pour la qualité de vie des Québécoises et Québécois de toutes les municipalités du Québec.
Projets de mobilité durable
Nous pensons ici aux investissements que nous pourrions réaliser dans des projets de mobilité durable, d’entretien des réseaux routiers, d’habitation, de développement économique et social ou de transition écologique, dans toutes les régions du Québec. Des investissements qui, par ailleurs, répondraient à des besoins bien identifiés, parfois même criants.
À titre de comparaison, avec 10 milliards $ environ, nous pourrions financer plus de 80 000 logements communautaires, ou construire une bibliothèque ou un centre communautaire dans chacune des municipalités du Québec, ou bâtir 978 nouvelles écoles, ou 39 nouveaux hôpitaux, ou encore ramener à un état satisfaisant 75% de nos routes, ponts et autres infrastructures routières présentement en mauvais état.
Plus de congestion
Il s’agit d’un montant pharaonique que le gouvernement s’apprête à dépenser dans un projet d’autoroute coûteux, incompatible avec nos objectifs environnementaux et, surtout, non nécessaire! En effet, dépenser 10 milliards $ afin que seulement 27 000 automobilistes par jour qui se déplacent actuellement dans cet axe réduisent de quelques minutes leur trajet déjà pas si long, c’est aberrant. D’autant plus que toutes les études le montrent : l’ajout d’infrastructures routières et autoroutières ne règle pas la congestion à long terme. Dans quelques années, les niveaux de congestion seront encore plus élevés à cause du phénomène de trafic induit.
En effet, les usagères et usagers de la route modifient leurs habitudes selon l’offre en infrastructures et sont donc davantage portés à utiliser l’auto-solo lorsque de nouvelles routes ou autoroutes sont mises à leur disposition. Le troisième lien ne fera qu’attirer plus d’automobilistes pour ainsi créer plus de congestion. Refusons d’investir 10 milliards $ dans le problème!
Pendant que nous discutons d’un tunnel coûteux, ce sont des centaines de projets - bien plus bénéfiques pour la qualité de vie et les services offerts aux citoyennes et citoyens - qui sont bloqués ou retardés car le troisième lien en cannibalise les budgets. Des projets qui sont peut-être chez vous!
Enfin, en construisant une nouvelle infrastructure autoroutière qui va à l’encontre des cibles de réduction de GES et de protection du territoire, le gouvernement mine les efforts que nous posons collectivement – et les mesures mises en place par la population, les villes et les municipalités – pour lutter contre les changements climatiques.
Maires et mairesses, citoyens et citoyennes, de partout au Québec, ne laissons pas 10 milliards $ être engloutis dans une infrastructure injustifiée au détriment de projets porteurs dans nos municipalités!
Les organisations membres et sympathisantes de la coalition Non au troisième lien, portées par :
Sarah V. Doyon
Directrice générale
Trajectoire Québec
Etienne Grandmont
Directeur général
Accès transports viables
Sabaa Khan
Directrice générale (Québec et l'Atlantique)
Fondation David Suzuki
Christian Savard
Directeur général
Vivre en Ville
Alexandre Turgeon
Directeur général
Conseil régional de l’environnement – région de la Capitale-Nationale
Marc-André Viau
Directeur des relations gouvernementales
Équiterre
Andréanne Blais
Directrice générale
Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec
Patrick Bonin
Responsable de la campagne Climat-Énergie
Greenpeace Canada
Sandrine Cabana-Degani
Directrice
Piétons Québec
Jacinthe Caron
Directrice générale
Conseil régional de l’environnement de l'Estrie
Benoît Delage
Directeur général
Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais (CREDDO)
Cyril Frazao
Directeur exécutif
Nature Québec
Catherine Gauthier
Directrice générale
ENvironnement JEUnesse
Elodie Morandini
Coordonnatrice et responsable de l’économie circulaire
Conseil régional de l'environnement de Laval
Emmanuel Rondia
Directeur général
Conseil régional de l'environnement de Montréal
Caroline Toupin
Coordonnatrice
Réseau québécois de l’action communautaire autonome
Martin Vaillancourt
Directeur général
Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec