[EN IMAGES] Neuf commerces disparus sous l’autoroute Dufferin-Montmorency il y a 50 ans
Salons de barbiers, salons de coiffure, épiceries et taverne
Coup d'oeil sur cet article
Comme en témoigne un texte publié le 15 août dernier, la construction de l’autoroute Dufferin-Montmorency a nécessité la destruction de centaines de logements et de commerces. À partir des dossiers d’expropriation du ministère des Transports, conservés par les Archives nationales du Québec à Québec, nous vous présentons de nouveaux commerces qui ont disparu à la suite de ces expropriations. Ils ont joué un rôle important dans la vie et l’animation des quartiers centraux. Une partie de l’histoire de Québec d'il y a 50 ans s'offre à nos yeux.
1) Le Salon de barbier Montcalm
Le Salon de barbier Montcalm est apparu pour la première fois dans les annuaires d’adresses Marcotte en 1957. Il était alors situé au 165, rue Saint-Jean.
En 1966, le Salon Montcalm s’installe au 905, rue Saint-Jean. À cette époque, le salon de barbier pouvait compter sur les services de quatre barbiers. La spécialité de la maison: la coupe au rasoir.
Le 7 juin 1968, Lomer Jacques achetait le fonds de commerce de Paul-Émile Campagna pour 8000$, dont 5000$ pour l’ameublement et 1000$ pour l’inventaire. Signe d’un commerce florissant, la somme de 2000$ était également accordée pour l’achalandage.
Le local était loué par Caïus Roy. Lomer Jacques était alors un barbier d’expérience ayant déjà possédé des salons dans les quartiers Saint-Roch et Limoilou. Après plusieurs années de loyaux services, M. Jacques décéda le 14 juillet 1979 à l’âge de 73 ans.
2) Le Salon de Beauté Vogue
Le Salon de Beauté Vogue était situé au 905, rue Saint-Jean. Il existait depuis 1958 à cet endroit. Ayant une entrée sur la rue Saint-Jean, le salon était situé au sous-sol à l’arrière de l’immeuble. Annette Roy-Gosselin, la propriétaire du salon, demeurait dans le même édifice, propriété de Caïus Roy.
Le 22 mai 1956, Annette Roy-Gosselin indiquait, dans sa déclaration de raison sociale, qu’elle entendait tenir au 197, rue Saint-Jean, un salon de beauté sous le nom de Salon de beauté Vogue Enr. En 1957, on prétendait qu’il était l’endroit rêvé pour les dames qui désiraient une coiffure à la mode et convenant à leur personnalité. Signe de reconnaissance, Annette Roy-Gosselin gagnait l’année suivante le trophée Chabot du Festival artistique de la coiffure.
Au moment de l’expropriation, Annette Roy-Gosselin tenait son salon avec succès. Sa localisation à 200 m de la place D'Youville représentait, aux dires des évaluateurs, un endroit très achalandé, sans parler du réseau d’autobus qui facilitait la venue des clientes.
Sa clientèle était stable. Une bonne administration lui avait permis d’augmenter ses profits raisonnablement, au point où il n’était pas question pour elle d’abandonner ses affaires. Au contraire, elle envisageait alors l’achat d’un autre salon de coiffure. C’est ce qu’elle fera en s’installant au 2930, chemin Saint-Louis, à Sainte-Foy. Annette Roy Gosselin est décédée le 18 mars 2010 à l’âge de 85 ans.
3) L’Épicerie J.-A. Tremblay
Située au 794, rue Saint-Vallier Est, au coin de la rue Mgr Gauvreau, l’épicerie J.-A. Tremblay était la propriété de Joseph-Adélard Tremblay, qui avait acquis le bâtiment de Willy Boutin le 14 janvier 1955. Il était épicier au moment de l’acquisition. Après son décès survenu le 13 décembre 1968 à l’âge de 61 ans, Gervaise Simard, sa veuve, hérite des lieux. L’Épicerie J.-A. Tremblay apparaît pour la première fois dans les annuaires d’adresses Marcotte en 1960.
4) Le salon de coiffure Votre Beauté Mademoiselle
Situé au 845, rue des Prairies, à l’angle de la rue Saint-Dominique, le salon Votre Beauté Mademoiselle était la propriété de Mlle Marie-Rose Bergeron.
En 1957-1958, Marie-Rose Bergeron, coiffeuse de métier, vend deux salons de coiffure dont elle était propriétaire afin d’investir dans l’immeuble sis au numéro 845, rue des Prairies. Elle y créa son propre salon de coiffure. Elle y travaillait deux jours par semaine avec trois autres coiffeuses.
Le salon prit rapidement de l’expansion. En 1964, Marie-Rose Bergeron embauche le coiffeur réputé Jean-Yves Baril, qui se joint aux trois coiffeuses: Solange Lambert, Denise Blais et Carole Laplante. La croissance s’accélère. En avril 1967, Mlle Bergeron ouvre un quatrième salon de coiffure. Quelques mois plus tard, son entreprise continue son expansion avec l’ouverture d’un cinquième salon à l’automne 1967. À ce moment, le salon Votre Beauté Mademoiselle compte six coiffeuses.
En 1970, pour des raisons médicales, Marie-Rose Bergeron vend ses salons, sauf celui de la rue des Prairies. Au moment de l’expropriation, elle occupait un logement dans le même édifice. Un autre appartement était occupé par sa mère. Finalement, pour remplacer le salon exproprié, Mlle Bergeron acquiert le 30 avril 1971 le salon Nouvelle Vague, situé au 965, boulevard Charest Est.
5) L'Épicerie Amable Beaulieu
Située au 811, rue Saint-Vallier Est, l’Épicerie Amable Beaulieu était ce qu’on appelle communément une épicerie de quartier. L’expropriation a eu pour effet de déplacer non seulement son fonds de commerce, mais aussi d’éliminer une grande partie de sa clientèle. Monsieur Amable Beaulieu avait acheté l’épicerie d’Ovila Beaulieu le 6 juin 1962, qui l’avait lui-même acquise le 7 juillet 1952.
Dans l’édifice, on retrouvait cinq logements et le commerce au rez-de-chaussée. Amable Beaulieu avait épousé Micheline Thibault en 1962. L’Épicerie Amable Beaulieu apparaît pour la première fois dans les annuaires d’adresses Marcotte en 1960.
6) Le Salon de barbier Charrier
Situé au 874, boulevard Charest Est, ce salon de coiffure pour hommes, dont la spécialité était la coupe au rasoir, fut exploité par Charrier père pendant plus de 45 ans, dont 8 ans au 866, boulevard Charest Est. Dès 1946, Louis Charrier, travaillant pour son père depuis deux ans, en assuma la direction en raison de la maladie de ce dernier.
En 1956, après le décès de son père, Louis Charrier acheta la part de sa mère, lui revenant par testament, pour la somme de 2600$. Entre-temps, le commerce fut déménagé au 874, boulevard Charest Est, construit en 1946. Le local, d’une dimension de 255 pieds carrés, était situé au rez-de-chaussée. Le bâtiment était la propriété de la veuve Jacob Assh.
Selon les déclarations de Louis Charrier, ses clientèles provenaient surtout de l’environnement immédiat. Louis Charrier, coiffeur, cessa toutes ses activités professionnelles à partir du 27 avril 1972 à son local situé au 874, boulevard Charest Est, et il fut officiellement évincé le 30 avril 1972.
Son salon comportait quatre fauteuils de barbier de marque Belmont. Une enseigne de barbier, rotative et illuminée, était installée à gauche de la façade.
7) La Taverne La Tour
Située au 876, boulevard Charest Est, la Taverne La Tour était exploitée par Lucien St-Pierre. L’édifice était la propriété de la veuve Jacob Assh. La taverne est au rez-de-chaussée et un entrepôt se trouve au sous-sol. Dans la taverne, on retrouve 19 tables, 76 chaises, un jeu Mississippi Royal Deluxe, un téléviseur couleur Westinghouse, un écriteau, un tabouret en acier, une tapisserie, une patère et trois oiseaux empaillés! Outre les décorations, de la verrerie, des salières et un escabeau, il y a également une armoire murale en merisier et un réfrigérateur à bières en chêne.
L’expropriation est décrétée en suivant le plan général déposé au Bureau d’enregistrement de Québec le 13 avril 1971. La prise de possession par le gouvernement est effectuée en juin 1972. La Taverne La Tour avait été fondée par Gustave Bolduc. Elle apparaît pour la première fois dans l’édition 1950-1951 des annuaires d’adresses Marcotte.
8) L’Épicerie E. Audet
Située au coin de la rue des Prairies et de la rue Mgr Gauvreau, l’Épicerie E. Audet était, au moment de l’expropriation, la propriété de Léontine Roy, veuve depuis le 4 juin 1968 d’Ernest Audet. Ce dernier avait acquis, le 29 novembre 1945, la propriété de la succession du boulanger Jos. Laflamme. Au moment de la transaction, Ernest Audet est qualifié de marchand épicier. C’est dans l’édition de 1945-1946 des annuaires d’adresses Marcotte qu’apparaît ce commerce pour la première fois.
Cette épicerie, que l’on qualifierait aujourd’hui de dépanneur, vendait une grande variété de produits. Cependant, ce n’est pas à cet endroit que l’on pouvait retrouver des fruits et légumes frais. L’inventaire du magasin mentionne entre autres ces marchandises: Ragoût Cordon bleu, Kam en boîte, Cheez Whiz, poudre à pâte Magic, Dream Whip, Jello Pouding, soupes Lipton, pêches en boîte, jus d’orange et de pamplemousse, ketchup rouge, sirop doré, Minute Rice, café Nescafé, pot de bébé, Nestlé Quik, sucre granulé, betteraves, Chanteclerc, pansements, plumes, tape noir, glycérine, teinture d’iode, Absorbine, Mainard Liniment, bonbons, biscuits, Comet, enveloppes, effaces, cahier à dessin ainsi que des liqueurs... non alcoolisées.
9) Le Salon Baril enr.
Situé au rez-de-chaussée du 473, rue Mgr Gauvreau, le Salon de coiffure pour dames Baril était la propriété de Jeannine Baril. Elle louait son local de Elmhurst Investment de Montréal. Son salon comprenait cinq chaises rembourrées, six chaises en fibre de verre, un évier pour le lavage de tête, une chaise avec séchoir de marque Shelton et des chaises avec séchoir de marque Rilling. Le salon apparaît pour la première fois dans les annuaires d’adresses Marcotte en 1967.
Un texte de Rénald Lessard, archiviste-coordonnateur — Archives nationales du Québec à Québec
- Vous pouvez consulter la page Facebook de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) en cliquant ici, et son site web en vous rendant ici.
- Vous pouvez également lire nos textes produits par la Société historique de Québec en cliquant ici.
Pour en savoir plus sur la vie de quartier, voir le magnifique ouvrage de Dale Gilbert sur le quartier Saint-Sauveur:
Dale Gilbert, Vivre en quartier populaire: Saint-Sauveur, 1930-1980, Québec, Septentrion, 2015. 334 pages.
À voir aussi
-
L'histoire du Jardin zoologique en 8 installations
-
Retour sur des drames de Val-Bélair en 1948
-
Voici 10 navires qui ont sombré dans le fleuve
-
Voici 10 moulins artisanaux encore existants
-
8 restaurants disparus sous Dufferin-Montmorency
-
Voici 9 choses à savoir sur Sainte-Famille
-
Voici 10 manoirs seigneuriaux à découvrir
-
Il pratiquait des avortements il y a 100 ans
-
Voici 9 activités ou traditions liées au printemps
-
Voici 10 morceaux d’histoire de l’Université Laval
-
Voici 7 crimes qui ont conduit à la peine capitale
-
8 choses à savoir sur le passé militaire de Québec