2022 commence finalement avec Les Louanges
Après un début d’année punché (Synchro Anarchy de Voïvod), puis une petite accalmie (un nouvel album de Moist), l’industrie musicale semble se remettre sur ses rails cette semaine avec plusieurs parutions majeures avec des simples de Clodelle, Pup et de Lana Del Rey ainsi que des albums de John Mellencamp, Comeback Kid ainsi que le très attendu Crash de Les Louanges.
Les Louanges
★★★★ 1/2
Crash
Je vous vole le punch : après avoir littéralement pris le Québec par surprise avec La nuit est une panthère (2018), un premier LP tellement frappant et original qu’on lui compte déjà bon nombre d’émulations, Vincent Roberge livre non seulement la marchandise ici, mais dépasse même les attentes déjà incommensurables qui entourent son projet.
Crash, c’est de la grande pop... et tellement plus encore.
La rançon de la gloire
Côté textes, Roberge se fait souvent aigre-doux alors qu’il aborde habilement un écueil amoureux tel un accident de la route (Chaussée) ainsi que les années post-panthère, alors qu’il est devenu, du jour au lendemain, la saveur du moment (Bolero). Aussi, à souligner : un hommage inattendu à Gaston Miron.
Vous vous en doutez, Les Louanges livre donc un album spleenétique, aux images frappantes et, surtout, à la groove qui fouette.
Pop d’avant-garde
Côté musique, Roberge et son coréalisateur Felix Petit renouent sur Crash et proposent une nouvelle fournée de pièces totalement en phase avec l’époque via sa pop carburant au R&B, certes, mais aussi avec ses références vaporwave, voire cloud rap fort qui s’avèrent fort efficaces.
Là où Les Louanges dépasse ses congénères, c’est justement dans ce savant microdosage faisant en sorte que ses pièces persisteront lorsque la planète pop passera à une nouvelle tendance.
Bref, cet album va assurément se retrouver dans moult listes des meilleures œuvres de l’année.
William Cloutier
★★★
On ira
À l’image de sa participation à l’édition 2021 de Star Académie, le grand gagnant de la vitrine joue la carte de la prudence sur ce premier album pop qui sert également de carte de visite des mois après son départ du fameux manoir de Waterloo. En compagnie du producteur Benjamin Nadeau, le principal intéressé propose 11 titres pop au goût du jour et flirtant avec les tendances du moment, dont le R&B (la ballade Nous en témoigne). Les fans de Marc Dupré et de Mika, notamment, vont adorer. C’est bien fait, mais espérons que Cloutier prendra davantage de risques sur son prochain album.
Billy Talent
★★ 1/2
Crisis of Faith
Et de six pour le fameux combo rock canadien qui, plus de cinq ans après avoir livré Afraid of Heights (un LP plutôt couci-couça), persiste, signe et... balance un ersatz de ce disque pourtant oubliable. À l’orée de son 30e (!) anniversaire, le projet qui flirtait avec le punk, voire le metal – semble finalement opter pour une seule direction musicale : le rock d’aréna, celui qu’on entonne le poing levé, aux riffs prévisibles et aux textes télégraphiés (tellement que, malgré ses bonnes intentions, I Beg To Differ [This Will Get Better] sonne faux tant le texte est convenu). Pour fans inconditionnels avant tout.
Kiefer Sutherland
★★
Bloor Street
L’acteur et chanteur country revient littéralement aux sources sur ce troisième album abordant, notamment, son adolescence à Toronto (d’où le titre de l’œuvre, bien sûr) et autres sujets aussi nostalgiques que communs (d’où, peut-être, les musiques pop country convenues). Peut-être est-ce les lieux communs ou le recrutement de Chris Lord-Alge (qui a mixé quelques hits du Boss dont Dancing in the Dark), mais Sutherland semble opter pour une pâle imitation de Springsteen pour Bloor Street. Mince consolation : l’artiste est en voix. Pour curieux surtout.
COUP DE ❤
Geoffroy
★★★ 1/2
Live Slow Die Wise
Comme pour plusieurs d’entre nous, l’auteur-compositeur-interprète local a profité des derniers mois pour tenter le voyage intérieur plutôt que le énième road trip, pandémie oblige. D’où, on imagine, ce pied de nez au fameux Live Fast, Die Young de l’auteur Willard Motley (le principal intéressé citera explicitement l’écrivain Alan Watts sur Cold World, d’ailleurs). Pour cette troisième offrande réalisée en compagnie de Louis-Jean Cormier, Geoffroy revient donc à l’essentiel et délaisse les fioritures électros pour une direction plus épurée et folk. Les fans de Bon Iver, Evening Hymns, Hozier, voire du fameux Folklore de Taytay vont adorer.