Julien Clerc se fait plaisir
Les habitué(e)s de cette chronique le savent déjà – merci à vous, d’ailleurs ! –, mais pour une raison qui m’échappe toujours, j’en pince tout particulièrement pour Julien Clerc et le béguin est mis à rude épreuve sur ce 27e album où l’homme à l’inimitable trémolo s’offre un cadeau : un lot de reprises de classiques chouchous tout d’abord livrés par les grand(e)s qui l’ont inspiré.
Julien Clerc
★★★
Les jours heureux
For lui, formidable
Pour les nostalgiques des Expos, disons que l’œuvre se pointe au marbre avec deux prises contre elle.
Non seulement la sélection des pièces est hyper prévisible – For me formidable d’Aznavour, Mon manège à moi de Piaf, La valse à mille temps de Brel et j’en passe –, mais celles-ci sont également livrées en formule cabaret de façon aussi intimiste que convenue. Même sur un morceau où le grand Jacques lui-même s’emporte, Clerc – qui n’a pas son pareil pour s’élever, Laissons le soleil entrer voire Cœur de rocker en témoignent – demeure cruellement sage. Idem pour son adaptation de Vingt ans de Ferré où l’urgence et la passion exigées par ce cantique en sont quasiment évacuées. Dommage.
Frustrant
Les jours heureux est un album satisfaisant, ceci étant dit, mais aussi diablement frustrant tant l’idée de départ est inspirante et que la production, elle, s’avère en deçà des attentes des fans du monsieur.
Y’a de l’espoir, toutefois. Clerc et compagnie s’amènent en tournée au Québec cette année et promettent de livrer l’œuvre et ses autres succès en version plus électrique. À suivre, donc.
Juste Robert
★★★★
Ta théorie sur la lumière
Le sculpteur Jean-Robert Drouillard poursuit sa carrière musicale sous le sobriquet Juste Robert près de trois années après avoir fait paraître Mon mammifère préféré, un second jet apprécié de la critique. Sur Ta théorie sur la lumière, Robert et son réalisateur Benoit « Shampoing » Villeneuve (Tire le coyote, Mélodie Spear, etc.) renouent avec ce même sillon folk rock souvent planant, mais un peu moins propret qu’auparavant. On salue tout particulièrement Le silence et la lenteur, un morceau un brin plus country où Drouillard dénoue son collet de chemise à carreaux. Sympa !
Our Lady Peace
★★★
Spiritual Machines II
Œuvre thématique abordant un futur dystopique et – vous l’aurez deviné – notre modernité par la même occasion, Spiritual Machines II s’avère malheureusement plus prétentieuse que renversante. LP boursouflé, ponctué de réflexions de l’inventeur et futuriste Ray Kurzweil entre ses pièces, Spiritual Machines II repose sur du rock accrocheur, mais surtout incroyablement banal. Pour les fans purs et durs du combo, surtout.
Jethro Tull
★★ 1/2
The Zealot Gene
Près de 20 ans après un album des Fêtes, Ian Anderson délaisse son projet solo pour renouer avec son groupe mythique. Malheureusement, The Zealot Gene n’est pas à la hauteur de ces retrouvailles inespérées. Opinant entre les morceaux aux propos engagés (la pièce-titre vient en tête) et les saynètes médiévales à la The Fisherman of Ephesus qui clôt l’œuvre, Anderson s’accompagne d’un rock prog mou qui plaira surtout aux fans de la première heure. Correct, sans plus.
COUP DE ❤
Ghostly Kisses
★★★ 1/2
Heaven, Wait
Margaux Sauvé se commet finalement à un premier album complet sous son nom de plume Ghostly Kisses. Pour celles et ceux qui accompagnent l’artiste depuis ses maxis précédents, on a droit ici à une culmination de l’expérience musicale acquise depuis ses débuts. Peu de surprises, donc, mais le projet fait fi ici des maladresses qui caractérisent souvent les premières œuvres. Pour les mélomanes qui découvrent l’autrice-compositrice-interprète avec Heaven, Wait, c’est de la pop mi-électro, mi-éthérée, très en phase avec le son du moment. En espérant que Sauvé se mouillera davantage sur l’inévitable suite toutefois. À surveiller de près !