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Réforme du mode de scrutin: Legault avait déjà enterré le projet au printemps dernier, révèle son ex-conseiller

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Neuf mois avant d’annoncer officiellement qu’il reniait son engagement électoral, le premier ministre François Legault avait déjà décidé qu’il abandonnerait le projet de réformer le mode de scrutin, même si son gouvernement s'en défendait publiquement.

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C’est ce qu’affirme son ex-conseiller, Jean-Benoit Ratté, en entrevue avec l'Agence QMI.

Employé de la Coalition Avenir Québec (CAQ) depuis 2015, alors que le parti siégeait toujours dans l’opposition, Jean-Benoit Ratté a travaillé d’arrache-pied sur ce dossier avant de finalement démissionner au printemps dernier.

Aujourd’hui membre du Conseil d’administration du Mouvement Démocratie Nouvelle (MDN), un organisme qui milite pour la réforme du mode de scrutin, il affirme s’être fait retirer le dossier à la fin mars 2021.

À ce moment, la décision d’abandonner la réforme du mode de scrutin était déjà prise, révèle-t-il.

Faux prétexte

«On ne voulait pas me demander d’élaborer une stratégie et de mettre au rencart une réforme pour laquelle j’avais travaillé durant plusieurs années et qui, ils le savaient tous, me tenait beaucoup à cœur», se remémore-t-il.

Environ un mois plus tard, la ministre responsable de la Réforme électorale, Sonia LeBel, se défendait pourtant d’avoir laissé tomber le projet. «Est-ce que ça veut dire que nous abandonnons la réforme du mode de scrutin et que nous renions notre engagement? La réponse est non», disait-elle, en entrevue au Journal de Québec.

Le gouvernement Legault aurait ainsi attendu neuf mois avant de l’annoncer, le 17 décembre dernier, un vendredi en fin d’après-midi, un geste d’un «cynisme incroyable», avait dénoncé le MDN.

Le cabinet de Sonia LeBel avait alors cité la pandémie comme l’une des raisons pour lesquelles le gouvernement avait choisi de ne pas aller de l’avant.

Or, selon Jean-Benoit Ratté, le sort de la réforme démocratique était déjà scellé et n’avait rien à voir avec l’arrivée de la 5e vague, un prétexte, selon lui.

«Les [partis d']oppositions étaient plutôt favorables, si on avait voulu faire adopter le projet de loi, on aurait été capable. Je pense qu’on a joué l’horloge pour avoir la défaite de dire que ce n’est pas possible avec les délais impartis», dit-il.

Gagner la prochaine élection

Une source citée par le magazine L’actualité, le 17 décembre dernier, affirmait également que la question avait été discutée au sein du caucus caquiste, où plusieurs députés craignaient les effets de la réforme pour leur propre siège. Un autre prétexte «absurde», dit Jean-Benoit Ratté, alors que tous les élus de la CAQ ont voté pour le «principe» du projet de loi.

Selon lui, «plusieurs» conseillers seniors au cabinet du premier ministre étaient défavorables à cette réforme dès le début, d'où son abandon.

«C’est du monde que leurs jobs ce n’est pas nécessairement de faire évoluer la démocratie du Québec, mais de gagner la prochaine élection, puis l’autre d’après, puis l’autre d’après», conclut l’ancien conseiller du premier ministre, qui espère toujours que le gouvernement revienne sur sa décision.

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