Une victoire qui dissipe les doutes pour Marie-Philip Poulin
Il lui manque un triomphe olympique en tant que capitaine dans son palmarès
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CALGARY | La victoire du Canada au Championnat mondial de hockey féminin face à leurs éternelles rivales américaines a fait un bien énorme à Marie-Philip Poulin qui n’avait pas connu cette extase depuis qu’elle portait le «C» de capitaine.
Les insuccès au Mondial combinés à la médaille d’argent aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018 lors d’une défaite de 3 à 2 en tirs de barrage face aux Américaines avaient laissé des traces dans l’esprit de la Beauceronne.
«À un moment donné, tu te poses des questions et tu te demandes si tu es la bonne personne pour assumer le rôle de capitaine, confie Poulin. Tu ne veux jamais décevoir quelqu’un. Nous avons perdu de grosses parties au cours des dernières années. Quand tu aimes quelque chose, c’est difficile mentalement et physiquement de passer au travers ces moments. C’était un mélange de joie et de tristesse.»
«Mon entourage a toujours été là, et mes proches n’étaient pas déçus de nos défaites, de poursuivre celle qu’on considère comme la Sidney Crosby du hockey féminin. Les filles d’expérience de l’équipe m’ont aussi aidée.»
La victoire de 3 à 2 en prolongation face aux Américaines en finale du Mondial le 31 août dernier devant une foule comblée à Calgary a eu l’effet d’une délivrance pour celle qui assume le rôle de capitaine depuis le départ à la retraite de Caroline Ouellette. Il s’agissait du premier titre au Mondial du Canada depuis 2012.
«Cette victoire a fait du bien et m’a enlevé un poids énorme sur les épaules, illustre Poulin qui a tranché le débat en marquant le but de la victoire. Ça faisait très longtemps qu’on attendait ce moment. En plus, de gagner à Calgary devant nos familles a été un moment très spécial. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas gagné quatre parties consécutives, dont deux contre les Américaines.»
Malgré les doutes et les questionnements, la numéro 29 n’a jamais pensé abandonner.
«Les souvenirs des bons moments m’ont permis de persévérer chaque jour, explique-t-elle. Nous avons un bon groupe de vétérans et je ne suis pas la seule à exercer du leadership. Je suis très bien entourée. On se fait confiance et on communique.»
Quatrième participation
À Pékin, Poulin vivra ses quatrièmes Jeux olympiques après avoir fait ses débuts à 18 ans dans l’euphorie de la victoire à Vancouver en 2010, alors qu’elle a marqué le but vainqueur en prolongation face aux Américaines.
Au sein de la formation actuelle, on retrouve deux joueuses qui vivront leur quatrième rendez-vous olympique, soit Poulin et l’attaquante Rebecca Johnston. Un total de 13 filles étaient présentes en 2018.
«Le temps passe vite. Je me souviens encore des émotions que j’avais ressenties quand j’avais montré ma médaille à ma famille. J’étais la plus jeune de l’équipe, j’avais des attentes et je voulais gagner, mais je ne savais pas si j’allais jouer beaucoup.»
«De grandes femmes comme CarolineOuellette, Kim St-Pierre et Charlie Labontém’avaient dit d’en profiter, a relaté Poulin.C’est dans cet état d’esprit que je vais me présenter en Chine avec les yeux et le cœur grands ouverts. C’est fou les frissons que tu ressens lors de la cérémonie d’ouverture. La médaille d’argent de 2018 représente une motivation de plus.»
La modestie
La hockeyeuse de 30 ans a parcouru beaucoup de chemin depuis cet exploit qui est encore bien présent dans la mémoire collective. Malgré tous ses succès, elle a toujours gardé les deux pieds solidement ancrés au sol, et c’est cette valeur de modestie qu’elle souhaite transmettre aux plus jeunes.
«Mes parents m’ont toujours enseigné l’importance de la modestie, et ces femmes qui sont passées avant moi dans le programme national ne prenaient jamais rien pour acquis malgré les titres qui s’additionnaient. Ce sont ces valeurs qui m’animent tous les jours et que je veux transmettre aux joueuses.»
La joueuse de centre a eu le bonheur de partager un moment précieux cet automne avec l’une de ces grandes dames. La gardienne Kim St-Pierre l’avait invitée à Toronto à l’occasion de son intronisation au Temple de la renommée du hockey. Poulin était émue aux larmes quand son amie a été honorée.
«Kim est une personne qui a eu une influence importante sur la femme et la personne que je suis devenue, exprime-t-elle. De la voir éblouie et éblouissante m’a beaucoup touchée. Elle méritait tellement cet honneur. Quelques personnes m’ont parlé que mon tour viendrait un jour et elles m’ont fait rougir.»