Médaille d’argent pour Eliot Grondin en snowboard cross

ZHANGJIAKOU | Dans une bataille au coude à coude avec son idole de jeunesse, Éliot Grondin a écrit une page d’histoire en devenant le plus jeune athlète en snowboard cross à remporter une médaille olympique.

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Le Beauceron a enlevé la médaille d’argent après avoir remporté toutes ses vagues précédentes. Le photo-finish a été nécessaire pour confirmer la victoire de l’Autrichien Alessandro Haemmerle. L’Italien Omar Visintin a mérité le bronze.

« C’est fou de remporter l’argent olympique à 20 ans et de partager le podium avec mes idoles que je regarde depuis que je suis tout jeune. Je commence à réaliser que je suis médaillé olympique. J’ai respecté mon plan de match toute la journée. »

Unique dépassement

Plus rapide lors de l’étape de sélection, Grondin a ensuite enchaîné les victoires avant de tirer de l’arrière pour la première fois de la journée en finale quand Haemmerle a réussi à le dépasser.

« Ce fut l’une de mes courses les plus le fun de la journée, a raconté l’athlète. Alessandro m’a challengé et j’ai rivalisé avec lui. À la fin, j’ai donné tout ce que j’avais pour me rapprocher le plus possible et j’ai poussé ma planche, mais je savais que ça ne serait pas suffisant. » 

« Quand Alessandro réussit à te dépasser, ça devient très difficile de revenir et ça prend beaucoup de travail, de poursuivre celui qui a terminé deuxième au classement du Globe de cristal la saison dernière derrière l’Autrichien. Nous avons bataillé ferme, mais ce fut une course propre. »

Belle complicité

Après la finale, Grondin et Haemmerle ont échangé les accolades et on pouvait sentir une belle complicité entre les deux rivaux. « Pendant l’hiver, Alessandro est quasiment mon grand frère, a-t-il expliqué. On passe plusieurs semaines en Europe et ça devient difficile d’être loin de tes proches. En décembre quand je trouvais ça plus difficile, il m’a invité chez lui deux soirs. On s’est fait à manger et je me suis senti un peu comme à la maison. Que mon plus grand adversaire fasse ça signifie beaucoup pour moi. J’ai un grand respect pour lui. »

Avant de penser à gagner une médaille, la fierté de Sainte-Marie-de-Beauce avait un autre titre en tête. « Toute la semaine, j’avais dit à nos entraîneurs que je voulais gagner le concours du gars qui avait le plus de plaisir, a-t-il ajouté. Les Jeux se déroulent une fois aux quatre ans et mon but était de m’amuser le plus possible et être le gars qui a le plus de fun en sortant du portillon de départ. »

« Je ne me suis pas levé ce matin en me disant que je devais gagner une médaille, de poursuivre Grondin. Plusieurs croyaient que j’avais une chance de médaille, mais je voulais profiter de l’expérience et donner le meilleur de moi-même. Je suis super content de moi-même. »

Deuxième plus jeune membre de la délégation canadienne à Pyeongchang en 2018, Grondin dit avoir appris de cette première expérience où il avait conclu la compétition en 36^e place.

« Je suis arrivé ici et je savais à quoi m’attendre, a-t-il résumé. Je n’ai pas été surpris. Je me suis préparé et je suis resté concentré. Je pense que mes parents vont célébrer ma médaille. Je me suis tenu loin de mon téléphone au cours des deux derniers jours, donc je ne sais pas s’il y a eu un rassemblement à Sainte-Marie. »

Une expérience bénéfique

La Coupe du monde de Secret Garden disputée en Chine en novembre a été bénéfique pour Éliot Grondin même si son résultat n’avait pas été le meilleur.

Les meilleurs snowboarders de la planète ont participé à l’événement test des Jeux. « Mon résultat importait peu, a souligné Grondin au sujet de sa 9e place. L’important était l’expérience que je retirais en prévision de la semaine olympique. Parfois ça prend un moins bon résultat pour en obtenir un meilleur. »

Confiant

À son retour en Chine, Grondin avait confiance en ses moyens. « Mentalement je savais que j’étais capable de monter sur le podium, a-t-il déclaré. Il n’y avait pas de doutes. La clé était d’avoir plus de plaisir qu’en début de saison. »

Comment explique-t-il cette progression ? « Je n’avais pas si mal fait en novembre, mais je suis maintenant plus fort mentalement qu’en début de saison. J’ai aussi bloqué vraiment bien en utilisant une bonne ligne de course. J’ai réussi à me sauver au départ, ce qui donnait moins l’occasion à mes poursuivants de profiter de l’aspiration. »

Protéger ses avances

Maëlle Ricker a été impressionnée par l’habileté de Grondin à protéger ses avances. « Éliot est vraiment fort sur ses départs et fort techniquement, mais on se demandait s’il serait en mesure de conserver ses avances en raison du vent qui favorisait l’aspiration, a expliqué l’entraîneuse-chef de l’équipe canadienne de snowboard cross. Il a été capable presque toute la journée de demeurer à l’avant. C’est vraiment impressionnant. Dans les deuxième et troisième virages, il y avait beaucoup de vent et ça prenait une grande force pour demeurer à l’avant. »

Le seul moment où Grondin a vu un adversaire le devancer s’est produit en finale. Alessandro Haemmerle a réussi un dépassement pour filer vers la victoire. En demi-finale, le Beauceron avait eu le meilleur sur l’Autrichien qui avait terminé au deuxième rang pour lui aussi mériter son laissez-passer pour la ronde ultime.

« Leur duel en demi-finale a aidé Alessandro, croit Ricker. Éliot a tenté de revenir, mais Alessandro est très fort et il sait courir. Il y a une belle rivalité entre les deux et ils ont une belle relation à l’extérieur du parcours. »

Dominique Maltais avait vu juste

Championne olympique à Vancouver en 2010, Maëlle Ricker avait été prévenue il y a fort longtemps qu’un jeune prodige faisait ses classes dans la région de Québec.

Coéquipières au sein de l’équipe canadienne, Ricker se rappelle très bien d’un message de Dominique Maltais. La médaillée olympique des Jeux de Turin en 2006 et de Sotchi en 2014 avait vu juste dans sa prédiction.

Bourré de talent à 12 ans

« Éliot n’avait que 12 ans et Dominique m’avait dit qu’un jeune s’en venait et qu’il serait vraiment fort, a raconté l’entraîneuse-chef de l’équipe nationale de snowboard cross. Je suis chanceuse d’avoir l’opportunité de travailler avec lui en compagnie des autres entraîneurs. On forme une famille et c’était super de voir les grands sourires sur le visage de tous les membres de l’équipe après le podium d’Éliot. »

Ricker qui en a vu d’autres a été impressionnée par la prestation de Grondin. « Éliot a livré une performance incroyable, a déclaré celle qui a pris part à quatre Olympiades, dont la première à Nagano en 1998 en demi-lune. Il a démontré de la puissance, de l’énergie et du dynamisme. C’est amusant de le voir descendre et je suis tellement fière de lui. »

Ricker est convaincue que Grondin est là pour rester. « Il va connaître vraiment une longue carrière. On verra souvent le drapeau canadien. »

L’entraîneuse croit que le Canada pourrait ajouter une troisième médaille à sa récolte, samedi à 10 h (heure de Chine) dans l’épreuve mixte qui fait ses débuts aux Jeux olympiques cette année. Grondin sera jumelé à Meryeta Odine, qui a remporté le bronze, mercredi, dans l’épreuve féminine.

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