3e lien «ajusté»: Legault veut une version moins chère et plus rapide à construire
Le nombre de voies est revu dans une opération de réduction de coûts et des délais
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Le gouvernement Legault veut présenter dès ce printemps une version «ajustée» de son controversé projet de tunnel entre Québec-Lévis, qui coûterait moins cher et qui prendrait moins de temps à construire.
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Selon plusieurs sources proches du dossier, les caquistes souhaitent non seulement réduire la facture du troisième lien, mais aussi devancer son inauguration, prévue en 2031.
En mai dernier, le gouvernement avait situé les coûts totaux entre 7 et 10 milliards $. Il était alors question d’un immense monotube avec trois voies dans chaque direction, dont une réservée au transport collectif, sur chacun des deux étages prévus.
« Ce qu’on a présenté, c’est comme la BMW des tunnels, mais est-ce qu’on peut viser quelque chose plus dans la moyenne ? » a illustré une de nos sources.
En coulisses, on ne s’en cache pas : l’ampleur de la facture, additionnée au fait qu’un pareil tunnel nécessite de concevoir le plus gros tunnelier au monde, représente « un gros défi », alors que les trois partis d’opposition promettent d’abandonner ce projet qui soulève les passions jusqu’à Montréal.
Interpellé par le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, François Legault a confirmé jeudi que le ministre des Transports, François Bonnardel, travaille sur « différents scénarios » qui pourraient différer du projet dévoilé en mai 2021.
« Dans les prochains mois, on va être capable de donner un estimé pas mal précis de combien le projet ajusté va coûter », a promis le premier ministre au Salon bleu.
« Est-ce qu’au total, on a besoin de deux voies ? Quatre voies ? Six voies ? C’est ça qu’on est en train de regarder », a-t-il ajouté.
Pas question d’abandonner
Dès le dévoilement du projet, François Legault promettait d’appuyer sur l’accélérateur. « Je trouve ça très long, 10 ans [pour construire le tunnel]. On va travailler à réduire ça », avait soutenu le chef caquiste.
Depuis, bon nombre de projets ont vu leurs coûts exploser, en raison de l’inflation et de la surchauffe. C’est le cas du projet de tramway à Québec et du REM à Montréal, a observé une de nos sources.
Une course contre la montre se joue donc en ce moment même, pour éviter de se retrouver au-delà des 10 milliards annoncés l’an dernier.
Pour y arriver, plusieurs solutions sont sur la table à dessin du gouvernement caquiste, sauf une : celle de ne pas réaliser le projet.
« N’en déplaise aux opposants qui manquent de vision pour la grande région de Québec, le tunnel Québec-Lévis verra le jour. Les gens de Québec et Lévis méritent le meilleur projet possible », a réitéré François Bonnardel, jeudi.
La possibilité de remplacer l’immense monotube par deux plus petits tunnels, comme ceux que proposait le professeur Bruno Massicotte à l’époque où le troisième lien devait passer près de la pointe de l’île d’Orléans, ne serait pas écartée, selon nos informations.
Le ministre doit notamment trancher, sous peu, sur la pertinence de maintenir ou non une sortie du tunnel qui permettrait aux autobus de se rendre dans le quartier Saint-Roch et aux automobilistes de rejoindre les bretelles de l’autoroute Dufferin-Montmorency, en direction est.
Une analyse complémentaire à ce sujet a été commandée l’automne dernier, lorsque la décision d’empêcher les automobilistes de rejoindre l’autoroute Charest via le tunnel a été prise pour éviter de congestionner davantage le secteur.
– Avec la collaboration de Rémi Nadeau
Le concept dévoilé en mai 2021
- Coûts de construction estimés entre 6 et 7 milliards $, somme à laquelle s’ajoute une réserve de 10 % à 35 % pour les imprévus et les coûts d’emprunt.
- La facture globale serait précisée au dépôt du dossier d’affaires, en 2025.
Échéancier
- Mise en service prévue en 2031.
- Début de travaux préparatoires du côté de Lévis à l’automne 2022.
- Mise en marche du tunnelier en 2027.
- Durée de vie utile du tunnel de 100 à 125 ans.
Gabarit
- Tunnel d’une longueur de 8,3 km.
- Monotube de 19,4 m de diamètre.
- Deux niveaux, soit un dans chaque direction, avec trois voies pour chacun, dont une réservée au transport collectif.
Achalandage prévu
- 50 000 à 55 000 véhicules par jour.
Tracé
- De Lévis, près de la sortie Mgr-Bourget de l'autoroute 20, jusqu'au secteur ExpoCité/Fleur-de-Lys, du côté de Québec.
- Une sortie pour bifurquer, du côté nord, vers l’îlot Fleurie et l’autoroute Dufferin-Montmorency (pourrait être abandonnée).
- Deux stations souterraines d’accès au futur tramway, sur la colline Parlementaire et au jardin Jean-Paul-L’Allier.
Source : ministère des Transports