Palmarès des cégeps: voici le top 5 des cégeps où les garçons réussissent le mieux
Le classement comprend sept programmes d'études où l'on retrouve le plus grand nombre d'étudiants masculins
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Voici les cégeps qui se retrouvent en tête des classements qui présentent les établissements où les garçons réussissent le mieux, selon leur force académique à leur arrivée au collégial. Les deux programmes préuniversitaires et les cinq programmes techniques où on retrouve le plus grand nombre d’inscriptions ont été retenus.
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Programmes préuniversitaires
Programmes techniques
Comment les cégeps sont-ils classés ?
- Le taux de diplomation réel est d’abord pris en compte pour chaque cégep, dans chacun des 7 programmes sélectionnés, pour les garçons seulement. Il s’agit du taux de diplomation observé deux ans après la durée prévue des études.
- La moyenne générale au secondaire des garçons est par la suite considérée. Est-ce que ce cégep accueille des étudiants qui sont plutôt forts ou plutôt faibles sur le plan académique ?
- Une prédiction du taux de diplomation est déterminée grâce à un modèle statistique, en fonction de la moyenne générale des garçons à leur arrivée au cégep.
- L’écart entre le taux de diplomation prédit et le taux de diplomation réel est mesuré. Est-ce que le cégep arrive à faire diplômer ses garçons au-delà ou en dessous des attentes dans les programmes sélectionnés ?
- Le classement du Journal est basé sur cet écart. Le cégep qui obtient le plus grand écart entre le taux de diplomation prédit et le taux de diplomation réel se retrouve au premier rang. L’inverse est aussi vrai.
L’EXEMPLE DU CÉGEP DE SOREL-TRACY EN SCIENCES DE LA NATURE
Taux de diplomation réel : 86,1 %
Rang selon la diplomation : 8/52
Moyenne générale des étudiants au secondaire : 79,9 %
Rang selon la moyenne générale des étudiants : 45/52
Prédiction du taux de diplomation (basé sur la moyenne générale des étudiants) : 77,7 %
Écart : 8,4 points
Taux de diplomation réel (86,1 %) – taux de diplomation prédit (77,7 %)
Classement du Journal: 1/52
Les classements basés sur la réussite globale qui seront aussi publiés demain (garçons + filles) ont été établis avec la même méthodologie.
La pandémie n’a pas affecté ce classement, fait à partir des plus récentes données disponibles qui sont celles de 2019.
Pourquoi les garçons réussissent moins bien au cégep que les filles?
La question est simple, la réponse l’est beaucoup moins. «Si on était capable d’identifier clairement le problème, ce serait plus facile de le régler», lance Kurt Vignola, directeur des études au cégep de Rimouski. Le Journal vous présente néanmoins quelques pistes d’explications.
Des résultats plus faibles au secondaire
Le niveau scolaire d’un étudiant lors de son arrivée au cégep est le facteur qui influence le plus ses chances de diplômer. Or les garçons ont des résultats académiques plus faibles à leur entrée au collégial : 28% d’entre eux ont une moyenne générale au secondaire de moins de 75%, contre 18% chez les filles. Ils sont d’ailleurs plus à risque que les filles à tous les niveaux scolaires et ce, dès la maternelle, rappelle Égide Royer, expert en matière de réussite scolaire. Cet écart risque de persister si aucune intervention solide n’est faite au niveau de l’apprentissage de la lecture au primaire notamment, ajoute-t-il.
Pour Simon Larose, professeur à la Faculté de l’éducation de l’Université Laval, les solutions ne doivent pas reposer sur des interventions genrées, mais plutôt sur le développement de «mécanismes» menant à la réussite au cégep, comme l’attitude et la motivation envers ses études de même que les stratégies de travail (organisation, prises de notes, etc.).
Dans le réseau collégial, des efforts particuliers sont déployés pour mieux accompagner ces étudiants lors de leur arrivée au cégep, mais ces mesures devraient être aussi en place tout au long du parcours des étudiants, indique la Fédération des cégeps.
- Écoutez l'entrevue de Benoît Dutrizac avec Égide Royer sur QUB radio:
L’éducation moins «rentable» pour les gars
Sur le marché du travail, les hommes ont «plusieurs options payantes» même avec un faible niveau d’éducation si bien que le « gain net» associé aux études est moins élevé pour eux, affirme Catherine Haeck, professeur spécialiste en économie de l’éducation à l’UQAM. Autrement dit, les hommes ont moins intérêt à poursuivre leurs études puisqu’ils peuvent quand même avoir des emplois payants malgré un faible niveau d’éducation, une situation «vraiment moins probable» pour les femmes, ajoute-t-elle.
En pleine pénurie de main-d’œuvre, les offres alléchantes disponibles sur le marché du travail pourraient donc avoir davantage d’impact dans les rangs des garçons que des filles au cégep. «Il y a des régions où le taux de passage au collégial est extrêmement faible parce que les possibilités sur le marché de l’emploi sont extrêmement intéressantes», en particulier dans des domaines traditionnellement masculins comme la construction, l’industrie des mines ou encore l’informatique, souligne Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps.
Les diplômes moins valorisés
Les attentes de la société québécoise en matière d’éducation postsecondaire ne sont pas les mêmes pour les garçons que les filles, affirme Bernard Tremblay, de la Fédération des cégeps. «Il faut être capable de dire qu’il y a une valorisation de l’éducation plus grande auprès des filles que des garçons», affirme-t-il. C’est pourquoi il est important pour de jeunes garçons d’avoir des modèles d’hommes qui ont complété des études collégiales ou universitaires et qui ont des carrières intéressantes, ajoute Égide Royer. Il s’agit d’ailleurs de l’une des mesures contenues dans le plan d’action du gouvernement Legault pour améliorer la réussite en enseignement supérieur.
Plaidoyer pour une approche régionale concertée
Les enjeux entourant la réussite dépassent la réalité des cégeps, souligne Michel Perron, professeur retraité de l’Université du Québec à Chicoutimi.
«La collaboration des acteurs au niveau régional a fait ses preuves pour faire augmenter le taux de réussite au secondaire. Maintenant, il y a d’autres enjeux qui nous poussent vers cette même collaboration au collégial», affirme-t-il.
La nécessité de travailler de façon concertée, à l’échelle régionale, est encore plus marquée avec la pénurie de main-d’œuvre et les défis reliés à la pandémie, ajoute Michael Gaudreault, chercheur au centre d’étude ÉCOBES du cégep de Jonquière.
«C’est impossible maintenant pour le milieu collégial de gérer cette situation-là tout seul. Il y a des enjeux de santé mentale qui dépassent le cadre de l’école et des jeunes qui travaillent plusieurs heures pendant leurs études. Dans ce contexte, c’est une utopie de penser qu’un cégep peut à lui seul améliorer la réussite de ses étudiants. Il a besoin de la collaboration d’acteurs externes», affirme-t-il.