Un manque criant de pharmaciens au Québec
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Le problème perdure depuis maintenant 20 ans, mais il y a un manque de pharmaciens dans les établissements de santé du Québec. La situation ne va pas en s’améliorant, surtout du côté du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Dans la province au complet, le taux de pénurie est à 18 % avec 280 postes à combler. C'est encore pire au «pays du bleuet», où il manque 14 pharmaciens, soit 28 % des postes.
«La situation au Saguenay-Lac-Saint-Jean est plus difficile que pour l'ensemble du Québec. Et évidemment, ça nous préoccupe beaucoup», a déclaré vendredi à TVA Nouvelles le président de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), François Paradis.
Avec moins de pharmaciens, l’Association estime que seulement 27 % des besoins en soins pharmaceutiques seraient couverts en santé mentale, et 42 % dans les urgences. On craint ainsi une augmentation des risques d'incidents et des séjours plus longs.
«Si on ne détecte pas ce genre de problème là à l'admission, le patient va être hospitalisé. Et à ce moment-là, on retarde la prise en charge du problème. Ou encore, il y a des éléments qu'on ne détecte pas et on risque de revoir le patient revenir à l'hôpital», a ajouté M. Paradis.
Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de finissants dans les deux facultés de pharmacie de la province, celle de l’Université de Montréal et de l’Université Laval.
Pratiquer en établissement exige une maîtrise, soit une formation prolongée d'un an et demi, ce qui n'est pas nécessaire pour un pharmacien salarié au privé.
«Il manque déjà 280 pharmaciens dans le réseau actuellement, quand on en gradue 90 à 100, ce n'est pas suffisant», a fait valoir François Paradis.
Pour résoudre l’énigme, l'APES propose d'augmenter la grosseur des cohortes et de faire suivre les bourses d'études.
«On pense qu'on devrait viser 130 ou 140 finissants par année pour éventuellement finir par rattraper le temps perdu», a estimé M. Paradis, qui croit qu’on devrait davantage faire la promotion de cette profession méconnue.
«À moins d'avoir affaire avec les hôpitaux, on n'est pas en contact avec les pharmaciens qui travaillent dans le réseau de la santé. Je pense que ça, c'est une raison importante de la méconnaissance, croit le président. On a vu dans les derniers mois avec la pandémie, quand le gouvernement décide qu'il veut valoriser une profession, il fait des campagnes de publicité. Il va attirer des gens dans ces professions-là. Donc, il faudrait que la même approche soit prise pour les pharmaciens en établissement de santé.»
Ces pharmaciens en établissement représentent 17 % de tous ceux qui pratiquent au Québec. Or, les besoins risquent d'être plus grands avec l'ouverture des maisons des aînés et le vieillissement de la population.