La révélation de Martin St-Louis
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Le premier ministre François Legault, grand partisan du CH, aurait dû prendre connaissance des déclarations de Martin St-Louis avant de rejeter du revers de la main l’application de la loi 101 au collégial.
L’entraîneur-chef du CH expliquait aux journalistes de La Presse la difficulté qu'il a à s’exprimer en français.
Il mentionnait que, bien qu’il ait été instruit en français dans son enfance, son exil aux États-Unis, à l’âge de 17 ans, lui cause des difficultés pour s’exprimer dans la langue de Molière.
St-Louis affirme que c’est à cet âge que la pensée se structure et que, dans son cas, cela s’est fait dans la langue de Shakespeare.
Il est conscient que, lorsqu'il tente de s’exprimer en français, il pense en anglais, ce qui rend les conversations plus laborieuses. On peut d’ailleurs observer le même problème chez Justin Trudeau.
À la lumière de ces vécus, on comprend l’importance de poursuivre l’instruction en français à la fin de l’adolescence et au début de la vie de jeune adulte si nous tenons vraiment à la survie et à l’épanouissement du français.
Malheureusement, la majorité des partis, à l’exception du PQ, s’opposent à l’extension de la loi 101 au collégial. Pourtant, les plus grands experts linguistiques sont convaincus de cette nécessité.
De la poudre aux yeux
Le ministre Jolin-Barrette prétend durcir son projet de loi, mais les amendements adoptés demeurent dans la série mirages.
Le plafonnement à tout jamais du nombre d’étudiants dans les cégeps anglophones peut séduire, son application risque toutefois d’être compliquée.
Certains appréhendent également une approche élitiste et une division accrue chez les francophones.
L’obligation, pour le personnel de direction des grandes entreprises, d’apprendre le français n’empêchera pas la poursuite des opérations dans la langue anglaise. Quelle police pourrait veiller à l’application de cette disposition?
Quant aux trois cours qui doivent être suivis et réussis en français dans les cégeps anglophones, ils ne seront pas suffisants pour contrer le phénomène décrit par St-Louis.
Les derniers braves
Le vote à l’Assemblée nationale contre la motion péquiste d’étendre la loi 101 aux cégeps révèle l’ouverture des autres partis à notre assimilation graduelle. Le Parti québécois apparaît le seul à se soucier de la pérennité de l’usage du français comme langue commune.
Le rejet, par le PLQ, de la motion est en droite ligne avec ce qu’il a toujours été et cela ne surprend pas.
Du côté de QS, son vote confirme sa proximité avec le multiculturalisme promu par Justin Trudeau.
Plus troublante est l’obstination de la CAQ à refuser d’étendre la loi 101 aux cégeps, tout en se proclamant nationaliste et fière défenseuse de la langue. Le parti fait plutôt dans la félonie et l’hypocrisie.
Le combat pour la langue est loin d’être gagné. Il y a de moins en moins de braves pour le faire. Espérons que le PQ pourra relever l’échine de ceux qui ont déjà commencé à se soumettre.