Ras-le-bol des agents correctionnels fédéraux
Prime COVID, fin du temps supplémentaire obligatoire, protection des établissements contre les drones: la liste de leurs revendications s’allonge.
Coup d'oeil sur cet article
Les agents correctionnels fédéraux en ont assez de ce qu’ils qualifient de manque de reconnaissance de leur employeur. Ils ont fait lundi une sortie pour réclamer notamment une prime COVID, la fin du temps supplémentaire obligatoire et l’accélération de l’installation de systèmes antidrones dans les établissements.
Frustré de ne toujours pas avoir rencontré le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, malgré des demandes répétées, le Syndicat des agents correctionnels du Canada, affilié à la CSN (UCCO-SACC-CSN), a entrepris, dimanche dernier, des moyens de pression. Ces derniers camouflent notamment leurs badges avec du ruban noir.
Et même si une rencontre est maintenant prévue, ils n’entendent pas relâcher la pression.
«Chacun des problèmes a contribué à une sérieuse baisse du moral du personnel et représente un risque pour leur santé et leur sécurité», a insisté Frédéric Lebeau, président de la section Québec du syndicat.
Prime COVID
Touchés par de nombreuses éclosions de COVID-19 qui ont accentué les tensions à l’intérieur des murs, les agents estiment qu’ils ont droit à la même reconnaissance que plusieurs autres travailleurs de première ligne. Ils réclament une prime COVID à l’employeur, prime qui pourrait être obtenue au moyen d'une rétroaction.
«Ça fait partie de la stratégie. Depuis la première vague, chaque variant amène son lot de difficultés. [...] Le travail a considérablement changé. On ne peut pas prendre ces détenus et les envoyer en hôpitaux, il faut les isoler, ça amène son lot de stress. Ce n’était vraiment pas évident à gérer», souligne M. Lebeau, insistant sur le fait que le fédéral «avait financé» les initiatives provinciales de primes, «sans reconnaître leur propre travail».
Selon les données du syndicat, plus de 1700 agents ont contracté la COVID-19 depuis le début de la pandémie, soit 25% de ses membres.
«Lorsque l’on fait l’analyse de l’ensemble de la fonction publique, ce sont probablement nos membres qui ont été le plus touchés par ce virus. Et on n’a jamais pu aller en télétravail», martèle le président régional, en ajoutant que ce fait avait entraîné de graves pénuries de personnel et du temps supplémentaire obligatoire.
«Ordonner à quelqu’un de faire des journées de plus de 16,5 heures ne devrait pas être considéré comme une pratique visant à couvrir la pénurie de personnel, mais ne devrait être considéré qu’en cas de véritable urgence.»
Des systèmes antidrones attendus
La question des intrusions aériennes inquiète les agents. Depuis 2016, le gouvernement fédéral étudie la question des systèmes antidrones; il a même octroyé des contrats, mais le syndicat soutient que, six ans plus tard, aucun établissement n’en est encore équipé.
«Par son manque d’actions dans ce dossier, le Service correctionnel du Canada [SCC] démontre qu’il ne prend pas au sérieux cette menace pour la santé et la sécurité de ses employés», confie Frédéric Lebeau, en arguant que les intrusions et livraisons de drogues sont de plus en plus fréquentes.
«Quand il est question de la sécurité des employés et des civils, les formalités administratives doivent être réduites. Ça devrait être plus facile de donner des contrats parce que le temps que le SCC agissent, la technologie pourrait bien être obsolète», fait remarquer le président régional de l’UCCO-SACC-CSN.
Rencontre à venir
Une rencontre entre le syndicat et le ministre Marco Mendicino est finalement prévue le 25 mars prochain à Ottawa.
Saluant le revirement, mais affirmant faire preuve d’un optimisme «prudent», le syndicat entend profiter de la rencontre pour faire ses revendications au gouvernement.
«Seuls des changements positifs significatifs pourraient efficacement corriger [le niveau de moral des membres]», affirme Frédéric Lebeau, mettant la table pour cette rencontre attendue.