Un expert plaide en faveur du 3e lien
Des documents démontrent un étalement urbain plus important à l’ouest de Lévis
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Le troisième lien n’est pas « la catastrophe écologique annoncée », affirme l’un des rares experts à appuyer le projet de tunnel, qui relativise le phénomène d’étalement urbain dont plusieurs s’inquiètent. Des données démontrent d’ailleurs que, depuis 30 ans, il s’est construit deux fois plus de bâtiments dans l’ouest de Lévis que dans la partie est de la ville.
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Dans une lettre ouverte transmise au Journal, le professeur associé à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) Pierre Cliche affirme que la réalisation du projet de tunnel entre Québec et Lévis « s’impose » pour améliorer la circulation des biens et des personnes entre les deux rives du fleuve Saint-Laurent.
Les deux ponts vieillissants actuels faisant souvent l’objet de travaux, « c’est aussi un problème de sécurité », rappelle ce titulaire d’un doctorat en géographie, qui a travaillé pendant une trentaine d’années au sein de la haute fonction publique.
« Une meilleure connexion interrives est devenue nécessaire. Attendre encore ne fera qu’aggraver le problème et restreindre les possibilités de développement régional », écrit M. Cliche, qui presse les deux villes de s’élever « au-dessus de la mêlée » en travaillant de concert avec le gouvernement pour concrétiser le projet de tunnel, de façon à répondre aux besoins des citoyens.
Sécurité et moyens financiers
Si les jeunes familles sont attirées par les banlieues, c’est qu’elles « cherchent un cadre de vie paisible et sécuritaire pour élever leurs enfants et que leurs moyens ne leur permettent pas facilement de le trouver dans les villes centres », croit M. Cliche.
Il estime donc qu’en matière d’étalement urbain, une « saine dose de réalisme » s’impose. « On peut ralentir l’étalement urbain, le contraindre, mais on ne peut pas l’empêcher », considère-t-il.
Étalement urbain
À ce chapitre, des documents de travail dont notre Bureau parlementaire a obtenu copie indiquent que, depuis trois décennies, la croissance du nombre de constructions dans le secteur ouest de Lévis (+13 674) a été deux fois plus importante qu’à l’est de la ville (+6616).
Des photos aériennes annexées à ces documents gouvernementaux illustrent d’ailleurs l’explosion, d’hier à aujourd’hui, du nombre de bâtiments dans le secteur des ponts.
De 1980 à 2021, les agrandissements successifs du périmètre urbain ont aussi été deux fois plus grands dans l’ouest (92,3 hectares) que l’est de Lévis (42,9 hectares).
Dans sa lettre au vitriol écrite tout juste avant de passer le flambeau à la mairie de Québec, Régis Labeaume avait brossé un portrait similaire.
« Entre 2011 et 2020, 9671 logements ont été construits du côté ouest de la rivière des Etchemins contre 4974 du côté est. Presque le double du côté ouest », avait-il relevé, en plaidant que cela militait en faveur de l’ajout d’une troisième voie sur le pont Pierre-Laporte.
Lors du dévoilement de la nouvelle version de son projet, la semaine dernière, le gouvernement caquiste a plutôt répété que la construction d’un tunnel entre les deux centres-villes permettrait d’équilibrer l’étalement urbain. À ce sujet, même si plusieurs éléments restent à préciser, le tunnel « bitube » désormais proposé « représente un moins grand défi technique et son coût est significativement moindre », dit M. Cliche.