[PHOTOS] Le vertigineux tremplin de 20 m du Stade, qui attire les plongeurs du monde entier
Notre reporter terrain a accompagné une vice-championne sur le plus haut plongeoir intérieur en Amérique
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À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Une plateforme de 20 mètres dans le Stade olympique de Montréal attire des plongeurs de haut vol du monde entier qui viennent l’utiliser pour s’entraîner.
L’avez-vous déjà aperçue lors d’une visite à la piscine olympique?
Il faut chercher du regard quelques secondes avant de trouver la fameuse plateforme deux fois plus haute que le tremplin de 10 m.
Indice : en dessous, une bannière indique «20 M».
Vissée dans le béton de la structure supérieure qui surplombe la piscine olympique et le bassin de plongeon, la plateforme permet de s’entraîner l’année durant dans des conditions stables.
Puisque c’est la seule en Amérique, les athlètes basés dans la métropole disposent d’un net avantage sur la concurrence.
Des sportifs déménagent donc ici.
C’est le cas de la numéro 2 du circuit Red Bull Cliff Diving l’an dernier, Jessica Macaulay, 28 ans, qui habitait au Texas.
Discipline risquée
Même si elle n’est arrivée au Québec qu’il y a 14 mois, elle semble déjà mieux comprendre le français que plusieurs capitaines récents du Canadien de Montréal.
Si elle est ici pour concrétiser son rêve d’une première place, son arrivée visait aussi à conjurer de mauvais rêves...
«Pendant la COVID, je ne pouvais plus voyager pour m’entraîner et je faisais constamment le cauchemar que je me présentais en compétition sans préparation», raconte la native de la Grande-Bretagne.
Il y avait de quoi faire de mauvais rêves. Mal tomber dans l’eau à partir de 20 m, à une vitesse avoisinant les 80 km/h, ça peut blesser.
«Le degré de verticalité qu’il faut atteindre en touchant l’eau est très précis pour éviter les blessures», me dit Stéphane Lapointe, l’entraîneur de Mme Macauley, qui a déjà eu quelques flat partiels, rien de dangereux.
Les pieds en premiers
Ce n’est pas sans raison que les entrées à l’eau s’effectuent avec les pieds (avec l’arche, orteils relevés) et non avec le haut du corps, diminuant les risques de commotion cérébrale ou de blessure au cou.
«Je les fais commencer par des sauts très simples pour les habituer à cette hauteur», dit M. Lapointe.
Parce que les structures comme celle du Stade sont rarissimes, des plongeurs d’autres pays viennent chez nous pour s’entraîner... et ensuite rivaliser contre les athlètes d’ici.
Jessica me mène dans un long escalier. Le Stade exige que je me harnache et que je reste attaché à la structure métallique.
Chaleur intense
Alors que la température normale près des piscines oscille autour de 20 degrés Celsius, il fait un peu plus de 35 °C dans les parages de la plateforme. Mes vêtements sont bientôt détrempés.
«Je vais faire mon plongeon de base que je maîtrise très bien, alors votre présence ne me dérange pas trop», dit-elle.
Sur le plongeoir avec elle, je remarque une affiche de Lysanne Richard, la pionnière de ce sport, à qui l’on doit cette plateforme puisqu’elle l’a demandée au Stade.
Un tremplin de 18 m date de 2015 ; celui de 20 m, de 2019.
Jessica Macaulay se fige dans une position préparatoire, sur la pointe des pieds, bras levés, yeux baissés, telle une statue, pendant une vingtaine de secondes. Je retiens mon souffle. Elle saute. On entend ses pieds fracasser l’eau. Clac !