Espionnage russe au Québec: le combat d’une fausse «espionne sexuelle»
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Une femme soupçonnée par le service d’immigration du Canada d’avoir été une «espionne sexuelle» au service du KGB a dû se débattre pendant des années pour obtenir le droit de vivre au pays avec son mari canadien.
L’histoire rocambolesque d’Elena Crenna débute en 2013, lorsqu’elle fait une demande de résidence permanente au Canada pour vivre avec celui qu’elle a épousé un an plus tôt.
Ce dernier, David Crenna, est un ancien conseiller de l’ex-premier ministre Pierre Elliott Trudeau.
Il occupe également des fonctions importantes au sein de la Société canadienne d’hypothèque et de logement dans les années 1980 et 1990. Il rencontre sa femme en 1994 dans le cadre d’un projet de construction mené par le Canada en Russie. Celle-ci lui sert alors d’interprète.
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RENCONTRES AVEC LE FSB
Rapidement, le FSB (qui a succédé au KGB, les services secrets russes) approche la femme pour obtenir des informations sur le projet mené par M. Crenna en Russie. La femme rencontre un agent du FSB de cinq à sept reprises.
Elle avertit David Crenna de ces contacts et il lui dit de collaborer pour éviter de nuire au projet.
Les deux tombent finalement amoureux quelques mois plus tard, avant de se quitter en 1996.
En 2008, David Crenna reprend contact avec Elena qui avait depuis déménagé aux États-Unis et y avait obtenu sa citoyenneté.
INTERDITE À CAUSE D’UN LIVRE
Il la questionne au sujet d’un livre sorti en 2007 intitulé Comrade J, sur les secrets des services secrets après la guerre froide. Le livre parlait d’une «espionne sexuelle» dont l’histoire ressemblait beaucoup à celle de David et Elena Crenna. C’est sur ce livre que ce sont notamment basés les services d’immigration pour interdire l’accès au territoire canadien à la femme.
Cette dernière avait pourtant ren- contré le Service canadien de rensei- gnements et de sécurité (SCRS) qui n’avait pas d’opposition à sa demande de vivre au pays.
Il a fallu qu’elle attende 2020 pour qu’un juge de la Cour fédérale ordonne l’annulation de cette décision et qu’elle puisse présenter sa demande de résidence parrainée par son mari.