Abus sexuels, physiques et psychologiques: demande de recours collectif contre Gymnastique Canada
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Amelia Cline a déposé une demande de recours collectif, mercredi matin, devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique contre Gymnastique Canada et six organismes provinciaux, dont la Fédération québécoise.
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Ce recours collectif qui touche tous les gymnastes depuis 1978 jusqu’à maintenant s’inscrit dans la même veine que celui déposé par cinq anciennes nageuses à l’endroit de Natation artistique Canada (NAC) en mars 2021 au palais de justice de Montréal.
La demande de recours collectif s’inscrit dans la foulée de la lettre ouverte publiée il y a un mois qui avait recueilli 70 signatures sur le site web de GymnastforChange. Le total de signatures est maintenant de 450.
« En allant de l’avant avec la demande de recours collectif, Amelia veut obtenir de réels changements de Gymnastique Canada afin de protéger la prochaine génération d’athlètes, a expliqué Me Valérie Lord, associée au sein du cabinet Howie, Sacks & Henry qui représente l’ancienne gymnaste en compagnie d’un autre bureau de Vancouver. Le temps est venu d’apporter des changements systématiques. Les réponses données depuis la publication de la lettre ouverte ne sont pas suffisantes. »
« On espère que Gymnastique Canada va saisir l’occasion de travailler avec les athlètes vers les objectifs énoncés, de poursuivre Me Lord. On souhaite que le recours collectif fasse avancer le dossier. Amelia est très déterminée et très brave. »
Nombreux reproches
Les actes reprochés à Gymnastique Canada et aux organismes provinciaux sont nombreux et donnent froid dans le dos. On parle d’abus sexuels, physiques ou psychologiques. Dans le document produit à la cour, mercredi, Cline raconte son enfer alors qu’elle portait les couleurs du club Omega à Coquitlam en Colombie-Britannique au début des années 2000.
Cline a quitté le club Omega en 2003 après que son entraîneur Vladimir Lashin l’eut forcée à s’exécuter à la poutre même si elle était blessée à l’aine. Après deux chutes où elle a craint de s’être cassé le cou, elle s’est retirée au vestiaire même si son entraîneur lui criait de changer d’appareil.
Cline a été rencontrée par Lashin après l’entraînement et ce dernier l’a forcée à monter sur le pèse-personne.
« Tu es trop lourde et c’est pourquoi tu te blesses constamment, lui a lancé son entraîneur », peut-on lire dans le document déposé devant la cour.
Dommages punitifs réclamés
Âgée de 14 ans, la plaignante pesait 80 livres. L’enquête concernant la plainte de Cline n’a rien donné et Lashin a été promu à la tête de l’équipe canadienne aux Jeux olympiques de 2004 à Athènes.
Des dommages punitifs sont réclamés, mais le montant n’est pas précisé.
« Il n’y a pas de chiffre parce qu’on ne sait pas le nombre d’athlètes qui vont se joindre au recours collectif, a indiqué l’associée du cabinet torontois, mais on souhaite des dommages punitifs pour les dommages physiques et psychologiques ainsi qu’un remboursement des frais médicaux passés et à venir. Dans notre système de justice, on sait que ce genre de dossier peut s’étirer sur une période de deux, trois, cinq ou même dix ans selon l’approche des défendeurs, mais c’est un cas important pour nous et pour la société canadienne. »